Catherine Samba-Panza était à Ndélé dans le nord du pays,samedi dernier, 21 mars, accompagnée d'une imposante délégation de responsables centrafricains et étrangers.
L'occasion pour la présidente de transition en République centrafricaine (RCA) de marquer symboliquement le retour de l'Etat dans cette ville et cette préfecture enclavée, le Bamingui-Bangoran.
La visite a été accueillie par des milliers d'habitants, la fête, les chants et la danse. Mais à Ndélé, on manque de tout, et la population espère que cette fois Bangui ne les oubliera pas.
Le retour de l’autorité de l’Etat à Ndélé, c’est pour l’instant un préfet et cinq gendarmes. Tout reste donc à faire dans cette commune du nord de la République centrafricaine. «Depuis longtemps, depuis toujours, on est abandonnés, depuis une cinquantaine d’années, ce qui fait que vraiment nous voulons que notre région se développe, malgré les perturbations qui sont arrivées dans le pays, explique Mahama Tissen, un habitant de Ndélé. Pour lui, l’éducation est aujourd'hui la priorité en RCA.Vraiment, l’éducation nous préoccupe, nous avons des enfants, nous avons des étudiants, nous avons des élèves, des lycéens qui sont là. [C'est] primordial.»
Les financements étrangers soutiennent le retour d’enseignants à Ndélé et dans la province. Mais le chantier est gigantesque. Outre l’éducation, il y a la sécurité. Ndélé est située dans le berceau de la Seleka et beaucoup attendent d’ailleurs une solution pour pousser les combattants à déposer les armes et ainsi rendre la zone plus sûre.
Isolement
Eau, électricité et infrastructures, tout est prioritaire. Mais pour Sidney Sanna, il faut d’abord désenclaver Ndélé. «Ici, il manque beaucoup de choses. Il y a beaucoup de chômage. Surtout, ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est la route. Puisqu’elle est impraticable, comment les gens d’ici peuvent amener leurs récoltes à Bangui pour avoir de l’argent? Il n’y a pas de véhicules qui viennent ici, la route est impraticable, donc tout est cher.»
A Ndélé, on s’accorde à dire qu’une chose va bien: la cohésion sociale. Les communautés vivent ensemble, mais dans le dénuement.
Dans ce contexte, la visite de la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza, pourrait redonner espoir aux habitants. Encore faut-il que les paroles s'accompagnent d'actes. Personnage à la fois jeune et anachronique, le sultan de Ndélé, Ibrahim Senoussi Kamoun, également maire, est l'autorité morale de la ville. Il attend maintenant les retours concrets de la visite présidentielle.
«Le problème réel de Ndélé et de la région du nord en général, c’est un problème de développement. Depuis très longtemps, cette région a été délaissée, abandonnée, marginalisée, exclue même du processus de développement. Et c’est ce qui a poussé les gens à prendre les armes et aujourd’hui mettre notre pays dans le chaos le plus absolu, explique le maire de la ville. C’est une visite souhaitée et demandée par moi-même pour montrer que la population de Bamingui-Bangoran, en dépit de tout ce qui se passe, nous sommes unis, fidèles à la politique de la République.»
Pour Ibrahim Senoussi Kamoun, le passage de la présidente doit aussi permettre « un retour du développement pour nous, pour que la ville soit mise au diapason des autres villes avec le problème de l’eau potable, la scolarité, la santé et je passe beaucoup de choses. [...] Très sincèrement, elle m’a promis beaucoup de choses. Entre autres, l’Union européenne a promis d’éradiquer le problème de santé, les problèmes d’éducation, donc je suis rassuré.»