Depuis deux ans, le peuple centrafricain, soutenu à bout de bras par la communauté internationale, s’efforce tant bien que mal de réussir sa transition. Il aspire à un Etat dont les institutions fonctionnent normalement et dont la cohésion sociale ne subit aucune violation au point de mettre en danger l’existence même de l’Etat. Car, c’est bien ce qui a le plus manqué à ce pays, depuis maintenant deux ans. En effet, depuis le débarquement de François Bozizé en mars 2013, violences diverses, dysfonctionnements des organes de l’Etat, désarticulation des structures de défense, sont désormais une réalité en Centrafrique. Ce pays a traversé toutes les épreuves, frôlant parfois même la désintégration pure et simple. Deux ans après le départ du pouvoir de celui qui était accusé de tous les maux du pays, le bout du tunnel semble encore lointain pour les Centrafricains.
La présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, à la tête d’un gouvernement de transition, qui était censée conduire le pays à la réconciliation et à l’organisation d’élections libres et transparentes, semble, depuis lors, constituer elle-même une partie du problème centrafricain. Beaucoup d’engagements ont été pris, mais très peu ont vraiment été exécutés. Tout se passe comme si l’horloge du temps s’était soudainement arrêté aux frontières du pays de Barthélémy Boganda. La paix, condition sine qua non pour tout retour à une vie normale, reste introuvable et tout laisse croire que demain n’est pas la veille où l’horloge de cette vie normale recommencera à marcher.
Alors que la sécurité du pays a été confiée à la France qui la gère tant bien que mal à travers Sangaris, l’espoir d’un retour à la normalité relève toujours d’une vue de l’esprit. Quel bilan objectif peut-on dresser aujourd’hui sans verser dans le pessimisme et le désespoir ? Difficile ne pas voir de gros nuages noirs dans le ciel de Bangui. Certes, rebelles de la Séléka et anti-Balaka ne s’affrontent plus directement, mais ils continuent de se regarder en chiens de faïence et on sait que la moindre étincelle peut remettre le feu aux poudres.
Le chemin qui mène à la paix est parsemé d’embûches
C’est un très mauvais signe pour la paix, d’autant plus que dans les deux camps, les responsables des massacres n’ont pas été désarmés. Dans ces conditions d’insécurité, comment peut-on parler d’organisation d’élections crédibles et transparentes? Or, l’organisation de ces élections est l’une des principales missions du gouvernement de la transition. Et on sait que sans élections, le pouvoir de Dame Catherine perdra bientôt sa légitimité, avec le risque d’un retour à la case départ.
Décidément, la Centrafrique d’après-Bozizé peine encore à trouver le chemin de la paix et de la réconciliation. Que faire ? La France dont le contingent assure la sécurité à Bangui et dans ses environs, est fortement sollicitée sur d’autres champs de bataille, notamment les chantiers de la lutte contre le terrorisme qui la menace directement. C’est dire que si les autorités de Bangui ont encore la moindre fibre patriotique, elles devraient taire leurs querelles d’ego et se donner la main pour faire revivre ce pays, avant qu’il ne tombe dans la catégorie des pays qui vivent une guerre oubliée. Si tel devait être le cas, toute la classe politique en porterait la responsabilité.
Cela dit, le bilan de la situation politico- sociale de la Centrafrique se révèle plutôt déplorable, mais les Centrafricains ne doivent pas pour autant tomber dans le désespoir. Le chemin qui mène à la paix est certes parsemé d’embûches, mais l’amour de la patrie et le désir de vivre ensemble peuvent leur permettre de les surmonter. Pour cela, il ne faut exclure aucun Centrafricain, quel que soit le rôle qu’il a joué de par le passé dans ce qui est désormais l’histoire de la République centrafricaine. Mais, évidemment, toute inclusion doit passer par la case justice.