Tenir les élections dans trois mois n’est certainement pas tenable pour qui veut l’entendre mais à qui sera incombée la responsabilité du retard pris dans le processus électoral, il ne fera aucun doute que les autorités de la transition seront en première ligne. Si pour les chancelleries centrafricaines et pour une certaine partie de l’opinion nationale et internationale, les élections doivent coute que coute se tenir dans le délai défini dans les différents textes régissant la période de la transition, du côté du pouvoir actuel, l’on ne semble se mettre à la remorque de cette logique.
Madame la présidente, si vous n’organisez pas les élections dans le délai prévu, vous encourez trois situations redoutables. D’abord, selon Charles Malinas « ce délai a été fixé par les autorités centrafricaines. De ce point de vue, les élections sont non plus l’émanation de la seule communauté internationale mais bien plus celle aussi du peuple centrafricain. Ce délai a été déjà une fois prorogé par le médiateur international dans la crise centrafricain, le président congolais, Dénis Sassou Nguesso ». Le représentant français en République Centrafricaine a implicitement fait clamer l’intransigeance de la communauté internationale de voir les élections organisées en juin-juillet prochains. Il va de soi qu’une telle déclaration ne s’invite pas et la fameuse communauté internationale n’est que la réunion de groupes d’États et d’institutions aux intérêts divergents mais ramant la plupart du temps dans le même sens.
Ensuite, d’autres commentaires reçus des partenaires de la RCA envisagent une République Centrafricaine en solo sinon appelée à résoudre son éternelle crise avec ses propres moyens au cas où les députés de la 6ème législature et le successeur légitime de François Bozizé ne seraient pas élus après trois mois. « Si vous n’organisez pas les élections comme prévu en juin-juillet, la communauté internationale va se retirer et les élections seront sans nous. Depuis plusieurs années les salaires et autres charges de l’État centrafricain sont pris en compte par des États voisins et des pays étrangers, les gens ici trouvent ça malheureusement normal. Les élections sont censées mettre un terme à cet état de chose », commente-t-on dans le camp de ceux de la communauté internationale qui tiennent pour les élections en 2015.
Enfin, une autre catégorie des partenaires prédisent le retrait des institutions financières internationales à l’exemple du Fond Monétaire International (FMI) et de tous les États qui sont dans son circuit financier. Si vous ne tenez pas les élections dans le délai prévu « le FMI se retirera ainsi que les partenaires de la RCA qui sont dans son circuit. Il va falloir absolument tenir ces élections en juin-juillet prochain ».
De tout ce qui précède, il nous faudra une réponse publique des autorités de la transition sur le profond sentiment qu’elles mijotent de ces élections. Tout porte à croire que le duel communauté internationale et politiques centrafricains est loin de terminer. Elle voit derrière le refus d’aller vite aux élections ou de retarder la tenue de ces élections la main des acteurs politiques. Est-ce vrai?
Avant tout à chacun son rôle dans cette transition et à chacun sa gloire à la fin.
Mister