Lors d’une conférence de presse tenue, ce jour à son siège, le président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction a fait le point sur forum de Bangui, les élections prochaines et l’avant projet de la constitution adopté par le Conseil National de Transition (CNT).
Eddy Symphorien Kparékouti, appelle à un forum vertical au centre duquel se trouve le peuple. Le président du PUR affirme que les élections sont intenables d’ici trois mois. Pour lui, l’avant projet de la constitution doit être remis sur la table du forum de Bangui. Nous vous proposons l’intégralité du discours. LES PROPOS LIMINAIRES DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SAMEDI
Chers amis et frères et sœurs journalistes, bonjour. Comme le dit ce bel adage « mieux vaut tard que jamais », nous tenons alors, à l’occasion de notre première rencontre de l’année, vous formuler tous nos vœux de réussite, de paix et de prospérité dans le noble et indispensable travail d’information que vous faites au quotidien pour le bien moral du peuple, de notre peuple qui, plus est a besoin d’être informé.
Nous devons reconnaitre, que de manière générale, vous, journalistes centrafricains, vous travaillez dans des conditions insupportables et infernales. Ces conditions se sont davantage dégradées pendant la longue, inutile et désastreuse crise que nous connaissons depuis deux années. A l’occasion, nous aimerions louer et saluer votre engagement sans faille et votre détermination à continuer malgré toutes les multiples pesanteurs.
Amis et frères journalistes, après quelques mois d’absence du pays, l’actualité politico-sociale a évolué sur plusieurs points.
D’abord, le dossier relatif au forum de Bangui a évolué puis que la commission préparatoire dudit forum a été mise en place et les consultations populaires à la base ont été réalisées.
Ensuite, le Conseil National de Transition s’est permis d’adopter l’avant projet de la nouvelle constitution de la République Centrafricaine.
Enfin, le chapitre élections, l’une des taches essentielles de la transition appelle réflexion et analyse de la part de tous les acteurs centrafricains.
Au delà de ces points liés au processus transitoire déclenché depuis plus d’une année, il y a les arrestations de certains leaders des groupes armés qui opèrent, depuis belles lurettes en République Centrafricaine.
Nous allons au cours de ce point de presse avec vous, professionnels des médias, passer en revue ces points que nous trouvons essentiels à l’heure actuelle. Mais je tiens à souligner qu’à mon absence du pays, le Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR), conforme à sa ligne axée sur la paix et l’unité, a toujours pris position à travers des communiqués de presse, sur tous ces points qui ont fait l’actualité politique du pays.
L’actualité, au-delà de tous ces points relevés, est marquée par l’arrestation d’un certain nombre de leaders militaires des groupes armés. Nous voulons nous réjouir de la dynamique de la lutte contre l’impunité constatée ces derniers temps en République Centrafricaine, une dynamique qui sied avec les aspirations de notre peuple meurtri. Toutefois, le PUR estime que la présomption d’innocence doit être respectée jusqu’à ce que la justice puisse se prononcer sur ces cas. C’est pourquoi, nous survolons cette question en attendant les décisions de justice.
Aussi, à un moment donné, l’actualité politique centrafricaine était marquée d’un coté par la rencontre de Nairobi qui a abouti à la signature d’un accord dit de cessez le feu et de cessation des hostilités le 22 janvier. De l’autre, nous avons connu l’Appel de Rome au Peuple Centrafricain et à la Communauté Internationale qui a été signé le 27 février par un parterre de politiques centrafricains selon les critères qu’on ignore encore.
Que ce soit l’accord de Nairobi ou l’Appel de Rome, pour le PUR, il n’est pas question de conjuguer avec de pareilles initiatives dont les tenants et les aboutissants ne sont pas clairs. Que préparent les signataires de l’un ou l’autre de ces documents ? Le peuple l’ignore. Alors n’imposons rien au peuple car, l’expérience a montré que tout ce qu’on a imposé au peuple centrafricain ces dernières années, n’a pas marché. Aussi, comme le dirait un penseur « ce qui se fait pour moi sans moi est contre moi ».
Abordons maintenant les principaux points de cette conférence de presse.
Dans le cadre du processus de réconciliation nationale réclamée par l’ensemble du peuple centrafricain, il était question de convoquer une rencontre inter centrafricaine en terre centrafricaine pour donner l’occasion au peuple de se parler et de laver le linge sale. C’est l’objectif assigné à la rencontre de Bangui dite forum de Bangui qui devrait être précédé par les consultations populaires à la base.
Du 21 janvier au 15 février, les consultations populaires à la base ont été organisées dans les seize préfectures de la République Centrafricaine et dans quelques pays où sont aujourd’hui réfugiés les Centrafricains. Nous pensons au Tchad, à la RDC, au Cameroun et Congo Brazzaville.
Au delà des manquements enregistrés dans ce processus, le PUR s’est rejouit des recommandations fortes émises par le peuple centrafricain consulté. C’est en fait une première fois. C’est pourquoi, il est essentiel que les aspirations populaires relatives à la justice, à la réparation, à la réhabilitation rapide des Faca soient portées hautes lors de la rencontre ultime de Bangui. Le forum doit garder sa dimension verticale, pour que les aspirations légitimes du peuple, ce que nous soutenons dans leur intégralité, puissent prendre le dessus.
Par ailleurs, nous appelons à un forum du peuple et non celui des leaders qui, pour l’essentiel, agissent sur la base d’intérêt politico-sociaux.
En ce qui concerne l’avant projet de la nouvelle constitution adopté le 12 février dernier par le Conseil National de Transition, nous estimons que vu l’importance de cette question, il est nécessaire et indispensable qu’elle soit soumise à l’appréciation des délégués qui, nous espérons, seront hautement représentatifs. Nous faisons remarquer qu’il est indécent, et démocratiquement insoutenable qu’un organe qui souffre cruellement de légitimité puisse doter la nation d’une loi fondamentale, laquelle loi est appelée d’ici là, à régir le fonctionnement des institutions démocratiques ainsi que toute la vie de la nation. C’est le travail d’une Assemblée constituante, mandatée par le peuple. C’est à ce titre que pour nous, cette responsabilité est plus forte que le CNT.
En fin de processus, la transition est censée organiser les élections libres, crédibles et transparentes, lesquelles élections sont fixées entre juin et juillet puisque conformément à la Charte Constitutionnelle de transition, les institutions actuelles ne seront plus légitimes et légales et n’auront plus de base légales pour pouvoir exercer le pouvoir de l’Etat en fin du mois d’aout prochain.
Ces élections sont-elles tenables ou pas d’ici trois mois ? C’est la question qui revient à tous les débats aujourd’hui. A notre avis, sauf un miracle, ces échéances ne sont pas tenables. A moins d’organiser des élections bancales qui ramèneraient la RCA de plus belle dans la crise dont les plaies sont encore béantes aujourd’hui. Nous disons non aux élections précipitées artificielle et non aux manipulations électorales qui sont en train d’être préparées en dehors des frontières centrafricaines à travers des semblants de pourparlers et accords.
La préoccupation du vide qui pourrait intervenir après aout 2O15, le PUR pense qu’il s’agit là en réalité, d’une fausse préoccupation. Le génie centrafricain peut trouver des solutions idoines à cette situation.
Seul un forum et des élections réussies pourront ramener le pays sur le chemin de la normalité. C’est pourquoi, nous appelons les partenaires et les autorités actuelles à donner les moyens nécessaires pour que ces élections soient mieux préparées avant de les tenir à un moment où les conditions maximales de réussite seront réunies.
Voilà chers amis et frère de la presse, l’essentiel de ce que je tenais à vous dire ce matin. Tout en vous renouvelant mes vœux, nous nous tenons à votre disposition pour vos habituelles questions.
Tous pour l’unité et la reconstruction de la Nation
Nous vous remercie.