Le pape François s’est pincé le nez à Scampia, un quartier défavorisé de la banlieue de Naples, le 21 mars 2015 : « la corruption pue, la société corrompue pue ». L’évêque de Rome, s’il était en Centrafrique, s’écrierait ainsi. Les sélékas ou ex-sélékas puent. Les anti-balles AK puent. Les groupes armés, bandits de grands chemins puent. L’impunité pue. La puanteur des tueries, des inimitiés, des règlements de compte agresse et blesse le visage de l’étranger. Les prédateurs de tout genre dégagent une odeur pestilentielle. La transition de madame Catherine SambaPanza Mame Randatou la Fée à bout de souffle, et peut-être complice, assiste impuissant, à la paupérisation de son pays. La transition pue. Quelle part d’humanité habite encore dans la conscience, dans l’intelligence, dans la peau, dans les yeux, dans les mains, dans les gestes et actes, dans l’odorat de ces fripouilles déshumanisées et insouciantes. Que de maux recensés dans ce beau pays riche devenu Gomorrhe ! Y a-t-il encore des femmes et hommes justes ? Assurément. Ce sont les salvateurs.
Toutefois en Centrafrique, tous les politiques qui ont échoué continuent éperdument de s’accrocher au train du pouvoir. Les réseaux mis en place par les prédateurs pour appauvrir Centrafrique se ramifient et se propagent tel un cancer généralisé. La putréfaction qui a atteint le cerveau des politiques centrafricains les contraint à traiter le pays, non comme une nation, une peuplade avec une destinée commune, unie et solidaire, mais comme une propriété personnelle gérée et exploitée impunément. Cette dépravation, cette déchéance les comprime dans l’égoïsme, dans l’immobilisme. Le peuple n’a jamais été un allié mais plutôt un adversaire, non un dépositaire d’un pouvoir intemporel, mais une « vache à lait ». Aujourd’hui, cette vache maltraitée, pressurée, a perdu de son lait nourricier toutes les subsistances vitales. Elle ne donne presque plus de ce lait si envié. Mais la traite ne s’arrête point. Il faut quand même et toujours du lait. La vache squelettique tel un supplicié, souffre, vagit sous les coups de son maître insensible. La méditation de ces voleurs ne porte ni sur le bien-être de ces concitoyens, ni sur le destin national, ni sur la renaissance de l’autorité et de l’ordre public, ni sur le retour des agents de l’Etat mais sur des méthodes préjudiciables élaborées en surabondance pour exploiter les richesses du pays. La nausée prend à la gorge.
Dans le même ordre de pensée, les politiques centrafricains se sont laissés, non seulement déchoir matériellement, financièrement mais encore et surtout intellectuellement : corruption ou l’avilissement intellectuel. Déchets intellectuels ou déchets de la pensée politique, ces politiques ou politicards n’ont existé que par leur ombre, leur apparence que le peuple a considérée comme vérité. Ils ont maintenu le peuple, à l’exemple des jeunes générations perdues, dans l’ignorance, dans « la caverne », l’ombre de la vérité. Or, le peuple leur a délégué depuis son indépendance le 13 août 1960, son pouvoir, mais ils ne lui ont jamais, en retour, assuré l’ordre, la sécurité et la protection. L’étranger est entré chez lui, l’a violé, dépravé, désacralisé, détruit, humilié. Une vraie trahison.
Surexposé aux assauts, aux vols, le peuple est, à présent, anéanti dans un gouffre de peine pendant que lui, les « politikos » sont occupés à bavarder, à pérorer sur la charte constitutionnelle, couteau du partage de leur gâteau, loin des préoccupations quotidiennes du villageois.
Les politicards centrafricains ont oublié que les affaires de la cité est un service à la population, non une entreprise de profit. Malheureusement, l’expression dévastatrice « c’est notre tour », les éblouit. Ils se ruent sur les richesses nationales et font siennes au détriment du peuple. Quel égoïsme ! Le destin national, les projets de développement, l’amélioration de la vie du citoyen ne sont qu’utopie, irréalité et fiction. Par leurs actes, leur cupidité irresponsable, des générations de jeunes de Centrafrique sont des proies et victimes des groupes armés parce que leur éducation a été sacrifiée sur la croix de l’ignorance, de l’inculture. Centrafrique de demain éprouvera des difficultés à panser les années perdues dénommées « années blanches ». Il y va du volontarisme de la nouvelle politique qui sera issue des élections attendues. Mais à ce jour, les politicards n’ont pas encore inventé des batteries de formations utiles à leur réintégration dans la société.
« Voleur un jour, volera toujours », Arthur Schopenhauer
Le philosophe Platon disait que « le corps est le tombeau de l’âme ». De même le politique centrafricain est le tombeau du centrafricain. Il a enterré le centrafricain qui a perdu sa dignité. Tu ne le mérites plus. Bien que tu lui fasses porter le poids de tes fautes. Tu es la déchéance sociale, intellectuelle de la jeunesse, de tes compatriotes ; la décadence de jeunes centrafricains. Tu les as entrainés avec toi dans les égouts rouillés, infects de Bangui qui puent. Tu les as jetés dans les bras de groupes armés. Tout leur semble facile grâce au banditisme, grâce aux attaques à mains armées, grâce à la kalachnikov. La vie est leur est facile, de prime abord. Mais leur avenir ! Dans quelle direction ? Seront-ils un jour des citoyens bâtisseurs de leur pays ! Tu es le tombeau du Centrafricain. Quelle issue pour le pauvre centrafricain ? Contre toi, s’insurge le peuple. Cette diatribe t’interpelle pour un retour sur toi-même.
Le centrafricain accuse
Tu as offert un spectacle affligeant. Tu as évacué le peuple de ta pensée et de ton monde. Par ta faute, les routes, les rues du pays, si peu nombreuses, ne sont entretenues, encore moins, bitumées. Elles sont dégradées, impraticables. Tu n’en as cure. Par ta faute, les villes ne sont ni cadastrées, ni canalisées. Par ta faute, les villes sont devenues des dépotoirs à ciel ouvert. Aucune campagne de salubrité ou projet de développement n’est mis en œuvre. Ton souci est ailleurs. Tu effectues des voyages onéreux, et surtout infructueux au nom du peuple. Sais-tu au moins négocier des financements pour ton pays et poser des conditions pour des investissements réalistes dans ton pays et au profit de l’individu centrafricain ? Si tu sais négocier, où sont passés les fruits de tes négociations. Tu ne lui as jamais montré ce que tu fais et comment tu fais pour son quotidien. Le père de la famille revient de la chasse avec du gibier, revient de la cueillette avec du miel, revient de la pêche avec du poisson pour les enfants et la famille et pour la communauté villageoise. Qu’as-tu ramené au centrafricain ? De la famine ? Il vit, se nourrit, se développe grâce à la pauvreté. Il a perdu sa dignité et la foi au travail. Le centrafricain, en ce jour, récolte le fruit de tes errements, de tes égarements, de tes mensonges, de ta déconfiture. Il souffre allègrement.Tu ne peux plus lui mentir. Tu es démasqué. Cesse de lui mentir et réconcilie-toi avec lui. Il est toujours présent et t’attend.
Tu signes des accords de défenses au nom du peuple, mais il vit toujours dans l’insécurité. Tu organises des forums, des débats nationaux, des dialogues inclusifs, des débats sans nom ; sans résultats. Tu prononces des paroles, des discours en son nom pour remplir tes poches pendant qu’il meurt d’inanition, d’ignorance, pendant qu’il subit des traitements effroyables, pendant qu’il est conduit vers sa mort. Tu ne l’associes jamais à tes conclusions souvent hâtives à des années lumière de son quotidien. Le retraité, ancien travailleur et contributeur, est maltraité innocemment. Il meurt devant le trésor public ou l’office de l’in-sécurité sociale. Ses vieux jours paisibles espérés se transforment en véritable cauchemar. Il a tort devant ta cécité. Or, par ta faute, il n’a plus de passé. Son passé glorieux ou professionnel est emporté par le vent de ta voracité. Par ta faute, il n’a pas d’avenir non plus, l’avenir du reste de sa vie. Il va mourir, non, il meurt déjà de misère. « Oh rage ! Oh désespoir ! Oh vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie !» La suite est édifiante…
Par ta faute, les infrastructures et les tissus sanitaires sont en déconfiture. La communauté internationale et les humanitaires au chevet du centrafricain ne compte plus les malades. Ne comptent plus les morts. Tu n’as pas honte. Tu continues de mentir et de mentir toujours.
Par ta faute, la faim s’est installée et s’est éprise fermement de l’estomac du peuple. Par ta faute, l’encadreur ou l’agent agricole a abandonné ses activités auprès des paysans. Tu devrais dérouler le film de tes actes et commencer avec humilité à méditer.
Imposteur, tu as volé et détruit l’unité, la dignité et le travail ; sans oublier l’espérance en l’avenir. Tu as installé, la délinquance, la criminalité, l’exploitation des personnes, l’impunité. Tu as fait disparaitre la justice et la justice sociale du paysage centrafricain. Et tu as trouvé une parade pour te maintenir aussi longtemps que tu peux sous la protection de la communauté internationale : Ce subterfuge s’appelle : La transition avec sa cohorte d’institutions de profiteurs. Oh ! Delirium tremens.
Politikos, soignes-toi, toi-même
Bats ta coulpe. L’enfer du peuple centrafricain dans son village assiégé, insécurisé, c’est TOI. Ne les accuse pas. N’accuse pas les pauvres paysans qui, dans leur village ne connaissent que les sentiers des champs et des plantations, les sentiers de la chasse. N’accuse pas les éleveurs qui, en transhumance dans les brousses, paissent leurs bovins. N’accuse ni mon père, petit pêcheur dans sa rivière de province, ni ma mère, ménagère, cultivatrice et vendeuse de fruits et légumes, de la viande boucanée ou du poisson fumé dans le marché communal. N’accuse pas mes grands-oncles ou grands-parents qui, sous le poids de leur âge, se réunissent sous l’arbre à palabre de la place du village pour se raconter des histoires et à priser leur tabac sans se soucier de tes plans économiques, politiques, sociaux dévastateurs. N’accuse pas les enfants qui, par les matins chauds ou frais, courent sans cesse pour joindre leur école à des kilomètres de leur village. Ils n’ont besoin que de l’éducation pour les ouvrir sur le monde. N’accuse pas les enseignants qui, dans les villes et villages lointains sont oubliés. Ils ne se comportent plus en dépositaires de connaissance, mais en cultivateurs dans les plantations pour la survie de leur famille. Les classes ont disparu. L’école n’est plus le sanctuaire où s’éclore l’âme de l’enfant, de l’élève. N’accuse pas l’infirmier ou les agents de santé qui, impuissants et incapables de prolonger la vie de son compatriote, ont déserté les centres de santé primaires dans les villages. Ils sont dépourvus. Tu le sais.
N’accuse pas les soldats que tu as déroutés toi-même de leur mission première pour ta propre protection et celle de ta famille. Ta seule préoccupation.
Tous ces petits fonctionnaires agents de l’Etat proches des populations ont tourné le dos à l’autorité de l’état qu’ils incarnent et courent après la corruption. Les douaniers et les inspecteurs des impôts travaillent pour eux-mêmes avec les matériels et l’autorité de l’état. Les hommes et femmes en uniformes arpentent les rues, érigent des barrières illégales pour spolier les voyageurs et les transporteurs. Tu en es insensible.
Le centrafricain a le droit aujourd’hui de t’accuser de trahison, de non-assistance à personne en danger. Tu dois mettre à son service les aides extérieures que tu obtiens en son nom et qui terminent leurs courses dans tes poches et celles de tes petites amies qui polluent les villes du pays. Il en va de même pour les prêts financiers et les crédits contractés au nom de ma mère, de mon père, de ma tante, de mes oncles et tantes, de mes cousins et les frais de missions imaginaires. Tu les as enfoncés dans la misère.
Le laborieux peuple centrafricain a quitté son costume de travailleur pour un assisté, un perfusé des associations humanitaires. Il ne crée plus. Il redevient dépendant. Il régresse. Mais toi, tu soutiens qu’il est indépendant. Encore un mensonge habillé, fallacieux.
Par ta gestion assassine, tu as tué le pays et toutes les strates de l’Etat. Alors nettoie tes écuries. Centrafrique a besoin d’une nouvelle génération de politiques.
Car, l’homme libre désire le bien. Rends au centrafricain sa liberté, son travail, son éducation, son développement intégral, sa sécurité, il désirera le bien, la vertu et tu seras libre aussi.
Comme l’exprime l’homme aux cheveux blancs dans son poème : « Ce sont eux qui me gâchent la vie ». C’est toi qui gâche la vie du centrafricain.
Joseph GRÉLA
L’élève du cours moyen de l’école indigène
De brousse de Bakouté