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Centrafrique: Un rapport de Médecins sans Frontières révèle l’ampleur des violences
Publié le mercredi 16 juillet 2014  |  20minutes.fr
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Conflit-l’ONG a publié ce mercredi matin un enquête de mortalité rétrospective menée auprès de réfugiés musulmans centrafricains au Tchad…

Des chiffres alarmants. Près de 2.600 membres des familles centrafricaines réfugiées à Sido, au sud du Tchad, sont morts entre novembre 2013 et avril 2014, lors de la campagne de persécutions contre les minorités musulmanes en République centrafricaine (RCA), indique un rapport de Médecins sans Frontières (MSF) publié ce mercredi.

«Notre objectif était de documenter la mortalité des réfugiés centrafricains, car il n’y a pas de chiffres sur le nombre de morts du fait du conflit», explique Mego Terzian, président de MSF France. «Cette enquête de mortalité rétrospective a été réalisée grâce au système de surveillance épidémiologique de MSF mis en place à Sido entre le 26 mars et le 8 avril. Elle n’est pas exhaustive, mais donne une idée des événements graves qui se sont produits en RCA, mais aussi au cours de l’exode de ces populations vers les pays limitrophes -Tchad, Cameroun, Congo et République démocratique du Congo.» Plus de 270.600 Centrafricains y ont en effet trouvé refuge depuis le début de l’année.

Un tiers des réfugiés ont perdu au moins un membre de leur famille

«Nous avons interrogé un échantillon de 3.449 familles centrafricaines (soit environ 25.000 personnes) réfugiées à Sido sur les violences qu’elles avaient subies entre novembre 2013 et avril 2014», indique Laurent Sury, responsable des urgences à MSF. Et les chiffres sont glaçants. 2.599 morts ont été comptabilisés, soit 8 % de la population étudiée.

Pire, 33 % des personnes interrogées ont perdu au moins un membre de leur famille, et 28 % au moins deux. «86 % de ces décès, qui concernent majoritairement des hommes, sont intervenus avant le départ de Bangui. Mais le fait le plus significatif est le taux de mortalité brute au cours du transfert: 322 personnes sont mortes pendant leur voyage du fait de violences», souligne Laurent Sury.

Traumatisme psychologique

La vaste majorité des victimes sur la route de l’exode l’ont été au cours de violences, tuées notamment par balles lors d’attaques des convois militaires qui rencontraient des problèmes logistiques. Les réfugiés qui n’ont pas pu monter dans les convois, et arrivent encore aujourd’hui dans les pays limitrophes par leurs propres moyens, après avoir marché de nombreuses semaines voire mois, ont eux aussi été victimes de violences.

Un traumatisme, que les ONG peinent aujourd’hui à prendre en charge, du fait du manque de financements, mais aussi parce que ces familles, éclatées, recherchent leurs membres disparus, et bougent de camp en camp pour les retrouver, rendant difficile le suivi des équipes médicales.

Jessie Gaffric, coordinatrice de projet pour MSF qui a travaillé à l’hôpital communautaire de Bangui en décembre et janvier derniers, a pu constater l’étendue de ces violences. «La quasi-totalité des blessés avaient été victimes de violences par balles, par arme blanche…», raconte-t-elle. «On a observé une augmentation du nombre de blessés de ce type, ainsi qu’une hausse du niveau de haine et de désir de revanche dans les témoignages des patients.» Et cette situation ne semble pas en voie de se normaliser: «Le pays connaît toujours une situation de crise, avec des populations civiles toujours soumises à des violences, notamment dans l’ouest et l’est du pays», souligne Laurent Sury.
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