Les élections générales prévues en février 2015 en Centrafrique seront sans doute reportées en raison de l'insécurité et d'un manque de moyens financiers, a annoncé mercredi à l'AFP le président de l'Autorité nationale des élections (ANE), Dieudonné Kombo-Yaya.
"Les élections prévues pour février 2015 ne pourront pas se tenir à cette date (...) Le manque de moyens nous fait courir un risque de débordement en terme de temps", a affirmé le président de l'ANE, chargée de préparer les élections présidentielle et législatives à venir.
"Nous sommes aujourd'hui confrontés à de sérieuses difficultés budgétaires", a reconnu M. Kombo-Yaya, précisant que "le budget des opérations électorales est évalué à 37 milliards de Francs CFA (56,4 millions d'euros)".
L'un des problème vient du fait que "Le Code électoral impose la carte biométrique. Et aujourd'hui les partenaires techniques et financiers du processus électoral ne sont pas disposés à financer la biométrie parce qu'elle coûte cher".
"La biométrie exige des préalables: il faut l'électricité partout, on en a pas. Les infrastructures routières, on en a pas", a-t-il concédé.
La biométrie pourra être abandonnée à condition qu'il y ait un "consensus national" entre "les pouvoirs publics, les partis politiques et la société civile", selon M. Kombo-Yaya.
Mais un recensement électoral dans tout le pays reste un préalable nécessaire, les fichiers électoraux de certaines villes ayant été entièrement détruits. Il faudra pour cela créer des antennes locales de l'ANE en province, alors que l'insécurité persiste, selon lui.
"L'Union Européenne a fait depuis janvier la promesse d'une enveloppe de 20 millions d'euros" pour permettre l'organisation des élections, mais pas un sou n'a jusque-là été versé, a-t-il ajouté.
"J'ai comme l'impression que la communauté internationale nous oublie. Il faut qu'on nous aide à organiser des élections crédibles, transparentes qui ne soient pas contestables car il ne nous faut pas revivre ce qu'on a connu dans le passé", a affirmé M. Kombo-Yaya.
La création de l'ANE et d'une carte électorale biométrique avait été décidée en 2012 pour éviter les fraudes après la réélection contestée de l'ex-président François Bozizé.
Depuis son renversement en mars 2013 par l'ex-rébellion Séléka, chassée à son tour du pouvoir en janvier 2014, la Centrafrique a sombré dans une très grave crise sécuritaire et politique sans précédent.
Fin 2013, les autorités de transition, sous la pression internationale, avait accepté la tenue d'élections générales en février 2015.
Des mois de violences intercommunautaires et d'affrontements entre groupes armés ont depuis achevé de ruiner le pays, déjà rongé par des années d'incurie.
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