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La Centrafrique en voie de somatisation avancée demande à la France d`abonder son budget
Publié le jeudi 2 avril 2015  |  Breizh-info
Jean-Jacques
© Autre presse par DR
Jean-Jacques Demafouth, conseiller à la présidence en charge de la sécurité et des relations avec Sangaris et la MINUSCA.
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Centrafrique ‑ Alors que l’intervention française en Centrafrique s’est totalement enlisée bien qu’elle dure depuis un an, et que l’instabilité est toujours générale dans le pays, la Centrafrique sollicite la France pour boucler son budget, rapporte le Journal de Bangui.
En effet, le conseiller à la présidence centrafricaine en charge de la sécurité et des relations avec Sangaris et la Minusca (Mission des Nations Unies en République centrafricaine), Jean-Jacques Demafouth a plaidé lors de son voyage à Paris ces jours-ci le maintien de Sangaris et un « soutien financier clair » de la part de la France.
Le ministère de la Défense n’ayant pas beaucoup de marges de manœuvre – surtout depuis l’accroissement des efforts sur le théâtre militaire irakien – la présence française en Centrafrique va être réduite à 1700 puis à 1500 hommes puis 500 à terme, sans être relayée par l’Europe dont les 700 personnels ont vu leur mandat échoir le 15 mars et sont partis. Ils ne seront remplacés que par 60 experts (mission Eumam) qui continueront à remettre à niveau des forces armées centrafricaines dont le moral est bas et l’armement déficient. L’ONU en revanche voudrait porter les effectifs de la force pan-africaine de 8500 à 12500 soldats, même si les soldats de la MISCA se sont bien plus fait remarquer pour avoir fait l’objet de plaintes de la part de civils que pour leur valeur au combat.
Dans son entretien au journal de Bangui, Jean-Jacques Demafouth a aussi constaté l’échec de Sangaris, même si sans l’aide de la France le pays risque tout simplement d’exploser : « Nous avions espéré que Sangaris puisse résoudre les maux du pays, mais la crise se révèle plus profonde. Si aujourd’hui nous traversons une accalmie que je comparerai à de la braise sous de la cendre, le pays est exsangue et nous avons toujours plus besoin de sécurité pour mener à bien cette transition. Le président François Hollande a indiqué que Sangaris restera en RCA jusqu’à l’automne. Ce que nous saluons, mais nous souhaitons un retrait progressif, à un rythme d’escargot. »
L’opération Sangaris aura coûté plus d’un milliard d’euros à la France en un an, et emporté la vie de quinze soldats français. L’investissement financier n’aura empêché ni des pénuries flagrantes ni permis de rétablir la paix dans l’ensemble du pays alors que même les quartiers de la capitale sont aux mains de groupements armés… ainsi que tout le centre et l’est du pays.
Par ailleurs, des éléments islamistes opèrent en Centrafrique, qui est un vrai carrefour de toutes les tares de l’Afrique : désorganisation de l’État, absence de réseaux, querelles inter-tribales perpétuelles, trafics divers, extrémismes politiques ou religieux, frontières-passoires…et à l’est une opération militaire américano-ougando-congolaise contre la LRA, une faction de l’opposition armée qui a débordé de l’Ouganda à l’est de la Centrafrique et au sud-Soudan. Ce que confirme aussi Jean-Jacques Demafouth : « Nous ne savons rien ou si peu de ce qui se passe à nos frontières avec le Soudan et le Tchad sous contrôle de l’ex-Séléka. Boko Haram peut opérer dans ces zones, ce qui nous préoccupe d’autant plus que nous savons que des liens existent. Le numéro 2 de l’ex-Séléka, Noureddine Adam, est ou a été en contact avec des éléments de Boko Haram et d’Al-Qaida. Nous constatons actuellement l’arrivée en Centrafrique de prédicateurs radicaux venus de pays voisins. » Ajoutons à cela l’existence de groupes armés qui font des incursions dans les pays voisins, les armées de ces pays qui viennent en Centrafrique pour prendre des otages civils – comme l’armée tchadienne encore dernièrement – et le désœuvrement de la jeunesse centrafricaine, et l’on obtient une bombe prête à exploser. Quand? Personne ne sait.
Ce qui n’empêche pas la Centrafrique d’organiser le Forum de Bangui, des États Généraux dont les réunions préparatoires à travers tout le pays ont bien souvent nécessité l’appui de l’armée française. La réunion de 500 délégués des diverses régions, de chefs de file confessionnels, tribaux et associatifs, est censée être le préalable à des élections présidentielles, bien que les observateurs avertis s’accordent sur la crainte de voir le forum et l’élection faire l’objet de graves troubles à l’ordre public. Là encore, le conseiller centrafricain convient que « c’est l’élection de la dernière chance » mais personne ne sait si ça va fonctionner et quand.
La seule chose que l’on sait, c’est la somme que la Centrafrique demandera à la France : « Nous avons besoin d’un soutien financier clair de la France. Nous voulons que Paris soutienne le budget de la RCA et incite d’autres bailleurs à faire de même. Nous avons encore besoin de prés de 10 milliards de FCFA pour boucler notre budget. Et ce, sans compter l’organisation de l’élection présidentielle ainsi que le Forum de Bangui » . Soit encore 15 millions d’euros. Sans compter aussi les travaux d’infrastructures que la France a effectué ou va faire en Centrafrique, comme ce pont posé par les militaires pour relier deux quartiers de Bangui ou encore la réhabilitation à venir de l’aéroport de Bambari. Bref, alors que l’Afrique démontre une fois de plus à la France – et à l’Occident – que l’armée n’est pas la panacée, les contribuables français n’ont pas fini de payer l’esprit va-t-en-guerre de Hollande
Bangui, Breizh-info.com
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