NEW YORK – Une occasion pour la présidente de transition, Mme Catherine Samba Panza, de tenir un discours de plaidoyer et de lobbying.
Pour la première fois depuis sa suspension après le coup de force de Michel Djotodia et de son ex- alliance rebelle Séléka en mars 2013, la Centrafrique retrouvera son siège lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies à New York où la présidente de transition Catherine Samba- Panza a été invitée, une occasion qu’elle entend saisir pour faire du plaidoyer.
“D’abord en tant que membre des Nations Unies, je me dois d’y participer. Ensuite, pour moi, ça va être ma première participation et ça va être un événement très important.
Très important pourquoi ? Parce que je voudrais rappeler à la communauté internationale que la crise centrafricaine n’est pas finie”, a-t-elle déclaré dans une interview exclusive avec Xinhua à Bangui.
Depuis son élection en janvier par le Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire) après la démission forcée de Michel Djotodia, chef de l’Etat autoproclamé, sous la pression des dirigeants d’Afrique centrale et de la France, Samba-Panza s’impose comme une femme de courage et d’action déterminée à braver les obstacles rencontrés dans sa délicate mission.
Obligée de se séparer après six mois de collaboration qualifiée d’appréciée d’André Nzapayéké, l’ex-maire de Bangui a surpris en désignant comme nouveau Premier ministre le 10 août Mahamat Kamoun, ex-directeur de cabinet de Djotodia qui n’apparaissait pas dans les schémas présentés par quelques partenaires extérieurs importants, selon des sources proches du pouvoir à Bangui.
Par cette nomination de ce haut commis de l’Etat de confession musulmane, une première depuis l’indépendance en 1960 de ce pays pauvre mais objet de toutes les convoitises pour ses diamants, son or ou encore son bois pillés sans vergogne, Catherine Samba-Panza a tout de même voulu adresser un message d’apaisement en direction du Tchad, d’après ces sources.
Pour son invitation à New York par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, la présidente de transition entend solliciter une aide plus accrue pour sortir son pays de la tourmente, en appelant la communauté internationale à “ne pas baisser son attention” et à continuer “à se mobiliser pour apporter des réponses sécuritaires, humanitaires, de développement à la République centrafricaine”.
“Ça va être l’occasion donc de faire du plaidoyer, de faire du lobbying, de rencontrer toutes les personnalités importantes qui pourront avoir un impact en termes de développement ou d’appui pour la République centrafricaine. Donc, j’y serai, je compte rencontrer le Parlement américain, je compte rencontrer les autorités américaines et puis nous aurons beaucoup de “side events ” (événements parallèles) en marge pour parler de la République centrafricaine également”, explique-t-elle.
En dépit de l’élection de Catherine Samba-Panza tout comme celle de son prédécesseur par le Parlement de transition non élu, la RCA demeure suspendue des organisations internationales, à commencer par celles issues de sa région, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), puis l’Union africaine (UA).
Apparue comme abandonnée à son sort un temps, le pays recommence à retrouver peu à peu la confiance.
Depuis le 10 avril, il abrite sur son sol une mission de paix des Nations Unies (MINUSCA), officiellement opérationnelle dès le 15 septembre prochain, une étape considérée aussi par les autorités de Bangui comme cruciale pour permettre la normalisation effective et une sortie de crise durable.
“Dès mon arrivée, souligne la présidente de transition, j’ai demandé le déploiement des Casques bleus pour me permettre d’avoir une certaine couverture du territoire centrafricain, une certaine maîtrise des zones sécuritaires à problème. Donc, j’attends avec impatience l’arrivée de ces troupes des Nations Unies.”
C’est en remplacement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) déployée depuis décembre 2013, presque au moment que la force française Sangaris renforcée par la suite par la force européenne Eufor, trois forces internationales dont la présidente de transition salue l’action pourtant émaillée quelquefois de bavures mal vécues par la population.
“Malgré les conditions très très difficiles dans lesquelles ces forces évoluent, juge-t-elle, elles ont fait un travail remarquable sur le terrain, en termes de désarmement, en termes de réconciliation, parce qu’elles n’avaient pas seulement le travail militaire. Il y a les mesures de confiance qui permettent justement d’instaurer une certaine cohésion là où ces forces opèrent.”
“Ces forces ont perdu des hommes, du matériel pour ramener la paix. Dans ce pays, la MISCA, Eufor et Sangaris vraiment font un travail d’abnégation, dans des conditions logistiques, financières et sécuritaires particulièrement difficiles. Ce sont des pays frères, ce sont des pays amis qui se sont engagés à nous aider et qui continuent à nous accompagner dans ces moments très très difficiles”, poursuit-elle.