Environ 7.500 membres des ex- Forces armées centrafricaines (FACA) devront être remobilisés en marge de la restructuration des forces de défense et de sécurité nationales envisagée pour le redressement du pays après la crise, un chantier pour lequel les autorités de Bangui plaident pour l'assouplissement de l'embargo sur les armes imposé depuis 2013 par les Nations Unies.
La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba- Panza, qui prendra part à la prochaine Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois, a déclaré vouloir profiter de ce voyage pour faire du plaidoyer et du lobbying en faveur de son pays en quête de normalisation.
"S'agissant des Forces armées centrafricaines, nous évoluons dans un cadre juridique international, avec des résolutions du Conseil de sécurité (des Nations Unies) qui nous imposent certains engagements. Nous avons l'embargo sur les armes, nous avons le désarmement des populations comme des ex-combattants également", a- t-elle déclaré dans une récente interview accordée à l'agence Xinhua.
"Je pense que je peux expliquer à la communauté internationale que nous avons sur les bras 7.500 FACA qui ne sont pas utilisées. C'est un danger d'avoir des militaires frustrés qui ne sont pas utilisés. C'est vrai qu'il faut refonder l'armée. La refondation de l'armée est un processus, parce que pour rendre notre armée républicaine, il faut se mettre aux standards habituels des armées partout dans le monde", a-t-elle ajouté.
Après plusieurs mois de violences nourries à cause principalement des affrontements entre les ex-rebelles de la Séléka et les milices anti-Balakas, la capitale centrafricaine retrouve peu à peu le calme. Les coups de feu se font rares et les Banguissois ont repris goût à la vie. Boîtes de nuit et bar- dancings ont rallumé le show, qui attire jusqu'à des soldats des forces internationales en quête de défoulement.
Sur les principaux axes de la ville, les patrouilles de ces unités de maintien de la paix à bord de blindés et d'autres engins de dissuasion sont permanentes. Policiers et gendarmes centrafricains s'associent à la tâche, avec à charge de régler la circulation et de procéder à la vérification des pièces d'identification de quelques automobilistes.
Hors de service, des hommes des ex-Forces armées centrafricaines (FACA) en uniforme et sans arme végètent quant à elles dans l'errance d'un coin à l'autre de la capitale. "Comme vous dites, ça peut représenter un danger que de mettre 7.000 hommes formés au métier des armes à ne rien faire, les laisser errer, pour employer votre terme. C'est quand même 7.000 hommes qui émargent sur le budget centrafricain", admet le ministre d'Etat en charge de la Défense nationale, Aristide Sokambi.
L'ex-ministre de l'Administration territoriale a été nommé à ce nouveau poste dans le nouveau gouvernement d'union nationale formé le 22 août sous la direction de Mahamat Kamoun. En plus aussi de la prise en charge des anciens combattants et victimes de guerre, cette fonction est en outre dévolue à la restructuration des armées, d'après son intitulé.
"J'hérite d'un ministère assez délicat, mais d'un ministère aussi en ce moment inactif. Parce que vous pensez bien qu'avec tout ce qui s'est passé aujourd'hui il y a des résolutions des Nations Unies qui gèrent la sécurité et la défense en République centrafricaine et je peux dire que ce volet défense est quelque peu mis en veilleuse, parce qu'il faut la restructurer", a-t-il souligné dans un entretien avec Xinhua.
"Pendant bien longtemps, notre armée a été détruite par les dirigeants de ce pays, par ceux-là mêmes qui étaient en charge de l'encadrement et du fonctionnement de l'armée nationale. Donc aujourd'hui, la mission que j'ai, c'est d'essayer de faire un état des lieux afin d'aller vers cette restructuration que nous avons déjà commencé à préparer pour que demain il y ait une armée républicaine", a-t-il poursuivi.
Pour la présidente de transition cependant, "en attendant ce processus de refondation, il faut utiliser les hommes que nous avons. Il faut les utiliser pour les travaux de développement, il faut réhabiliter leurs casernes, il faut s'occuper de leur formation, il faut s'occuper d'un certain nombre de choses. Nous avons commencé à mettre en place un programme de formation des FACA pour les mettre à un certain niveau".
Avec l'appui des partenaires internationaux, les autorités de Bangui tentent de réaliser un Programme d'urgence pour la relance durable sur trois ans, 2014-2016. Parmi les axes d'intervention prioritaires identifiés, un montant de 291,04 milliards de francs CFA (582,08 millions de dollars) a été évalué pour la restauration de la sécurité,de la paix et le renforcement de la gouvernance et de l'Etat de droit. Une bonne partie de ces fonds est consacrée au rétablissement des forces de défense et de sécurité conventionnelles (FACA, police nationale, gendarmerie nationale), pour un total de 206,24 milliards de francs CFA (412,48 millions USD).
Ce projet devra tenir compte de l'incorporation au sein de l' armée centrafricaine d'ex-rebelles de la Séléka et de miliciens anti-Balakas retenus au terme du programme DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) confié à un organisme autonome en voie de création. Pour l'heure déjà, quelque 20 généraux et plus de 50 colonels de l'ex-coalition rebelle sont mentionnés pour cette mesure.