Du fait de son histoire mouvementée, marquée par l'instabilité, les coups d'Etat à répétition et l'incurie de ses dirigeants, la Centrafrique, où l'ONU prend lundi la direction des forces de maintien de la paix, détient le record des interventions internationales sur son sol.
Le pays a connu plus d'une dizaine d'interventions internationales, sous le drapeau de l'ONU, de l'Europe, de l'Union africaine ou d'organisations régionales africaines, sans compter les opérations militaires de la France, l'ex-puissance coloniale, ou de pays voisins comme le Tchad.
- MISSIONS DE L'ONU
Dès l'arrivée au pouvoir d'Ange-Félix Patassé en 1993, le pays se retrouve dans un état de rébellion quasi-permanente. Les années 1996-97 sont marquées par des mutineries à répétition dans l'armée.
Les accords de Bangui signés début 1997 sont censés y mettre fin. La Misab (Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui, 1997-1998), une coalition de pays africains agissant sous mandat onusien, est chargée de faire respecter ces accords. Sans grand succès.
La Misab sera remplacée par des missions de l'ONU (Minurca, Bonuca, Binuca) censées contribuer à la consolidation de la paix, alors que le pays s'enfonce inexorablement dans le marasme: sanglantes épurations dans l'armée, tentative de coup d'Etat en 2001, innombrables exactions des militaires.
- INTERVENTIONS REGIONALES
Parallèlement, les organisations régionales créent leurs propres missions de "protection" et de "consolidation" de la paix, avec toujours aussi peu de résultats.
La Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad) intervient avec une Force de maintien de la paix et de la sécurité (2001-2002). La Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) entre à son tour dans la danse avec la Fomuc (2002-2008). Puis ce sera la Micopax (2008-2013), placée sous l'autorité de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC).
Pour tenter de lutter contre les rebelles tchadiens et soudanais opérant à partir du territoire centrafricain, les mandats de la Minurcat (2007-2010) et de l'Eufor-Tchad (2007-2009) sont étendus à la RCA.
- INTERVENTIONS EN COURS
Trois interventions sont en cours sur le territoire centrafricain au moment où l'ONU prend le relais (sans compter l'opération française Sangaris et ses 2.000 militaires).
Lancée en décembre 2013, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine) est une force sous mandat de l'Union africaine. Elle compte environ 6.000 hommes, déployés à Bangui et en province.
Ses effectifs constituent la composante militaire de la Minusca, force onusienne officiellement déployée lundi.
Créée en avril 2014 par la résolution 2149 du Conseil de sécurité de l'ONU, la Minusca devrait compter à terme près de 12.000 Casques bleus, soldats et policiers.
Une force européenne, l'Eufor-RCA, est également présente depuis février 2014 à Bangui, où elle tente, par un travail de proximité, de rétablir la sécurité.
Enfin, des militaires ougandais sont déployés dans l'est de la RCA: ils luttent, avec le soutien de forces spéciales américaines, contre la sanglante Armée de résistance du Seigneur (LRA) du rebelle Joseph Kony.