Messieurs les représentants des Organisations Internationales,
Messieurs les Leaders des plates – formes politiques,
Distingués invités, Mesdames, Messieurs en vos rangs et qualités,
Je prends la parole à la fin des travaux des assises constitutives du Bloc Démocratique pour la Reconstruction de Centrafrique (BDRC) pour remercier tous les participants ainsi que les invités à l’occasion de la naissance de cette nouvelle plate – forme politique.
Distingués invités,
Le philosophe SENEQUE disait naguère que “le discours est le visage de l’âme” fin de citation.
C’est en adéquation avec cette pensée que j’ai l’honneur et le plaisir de prononcer cette allocution à l’occasion de mon entrée en fonction comme Coordonateur National de notre plate – forme politique née des cendres du Groupe des Partis Politiques Républicains, Travaillistes et Légalistes (GPP – RTL) comme l’a rappelé le Président du Comité d’Organisation, le frère BENGUE BOSSIN dans son brillant discours de ce matin. Je mesure parfaitement le poids des responsabilités qui m’incombent et je me battrais de toutes mes forces et en harmonie avec l’ensemble de tous les membres de notre plate – forme politique pour imprimer à celle – ci tout le sérieux requis en vue de son rayonnement politique.
Permettez – moi de mentionner que ma désignation intervient dans un contexte inédit.
En effet, l’amoncellement de nuages dans le ciel centrafricain le plus souvent annonciateur de fortes précipitations comme c’est le cas en zone tropicale ne peut que susciter de nombreuses et légitimes inquiétudes.
Comme la plupart des observateurs, nous dressons quelques constats qui confortent cette forte appréhension. Que l’on en juge :
1 – AU PLAN POLITIQUE :
Le consensus qui aurait dû présider au choix d’un nouveau Premier Ministre en remplacement de l’ancien n’a nullement été privilégié. Tout s’est passé en violation de la lettre et l’esprit de la Charte Constitutionnelle de Transition notamment de l’Article 29 de ladite charte qui prescrit :”Le Chef de l’Etat de Transition entérine la désignation du Premier Ministre, Chef du Gouvernement conformément à l’Accord Politique de Libreville du 11 Janvier 2013″
Mme Cathérine SAMBA PANZA a plutôt choisi la voie du “Coup d’Etat permanent” au lieu de poursuivre la concertation pour parvenir au choix du futur Premier Ministre.
Le choix de Mahamat KAMOUN, Ancien Directeur de Cabinet de l’ex – Chef d’Etat de Transition Michel Djotodia a surpris beaucoup d’observateurs. Les propos, au demeurant, clivants que Mme le Chef d’Etat de Transition a tenu pour justifier ce choix lui enlèvent la stature de Chef d’Etat censé incarner l’unité nationale et la cohésion sociale.
En outre, la guéguerre que se livre Mme le Chef d’Etat de Transition et le Président du Conseil National de Transition (CNT), par personnes ou groupe de personnes interposées, n’est nullement de nature à favoriser une bonne harmonie dans le fonctionnement des institutions, indispensable à la bonne marche de la transition en cours et d’un retour à une vie politique apaisée.
2 – AU PLAN ECONOMIQUE ET FINANCIER :
Les activités de pillages et d’exploitation illicite des ressources minière et forestière se poursuivent paisiblement par les éléments de la SELEKA. Une situation qui prive l’Etat d’importantes ressources fiscalo – douanières pouvant lui permettre de faire face à ses obligations régaliennes.
Par ailleurs, le système de “bancarisation” des recettes de l’Etat instauré sous le régime du Président BOZIZE avec son corollaire de traçabilité financière, gage d’une bonne gouvernance économique a été purement et simplement abandonné au profit d’un système de “débancarisation” pour mieux favoriser l’opacité dans la gestion des recettes de l’Etat. Or, c’est précisément cette efficiente méthode de “bancarisation” qui garantissait le paiement, à terme échu, des salaires et rassurait les partenaires financiers de la République Centrafricaine. Est – il besoin de rappeler que tout cela avait permis à notre pays de parvenir au point d’achèvement de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) avant des pays d’Afrique subsaharienne comme le CONGO, le CAMEROUN et la COTE D’IVOIRE.
Le système de prébendes, mis en place au plus haut sommet de l’Etat, a récemment alimenté l’Editorial de François SOUDAN de l’hebdomadaire Jeune Afrique qui l’a décrit en ces termes, nous citons : “On règne sur rien à Bangui, mais on se bat pour ce rien avec une férocité digne d’un roman de KOUROUMA. S’il en était autrement, Mme SAMBA – PANZA aurait depuis longtemps démissionné pour retourner à son métier, nettement moins exposé, d’assureur”.
3 – AU PLAN MILITAIRE ET SECURITAIRE
La question du réarmement des FACA reste jusqu’à ce jour sans début de réponse. Pour cause ! A cela, s’ajoute une montée préoccupante de l’insécurité en milieu urbain avec des nouvelles méthodes d’attaques de domiciles privés avec des grenades et de braquages sur de paisibles citoyens. En outre, malgré l’Accord de Cessation des Hostilités signé à l’issue du Forum de Brazzaville qui s’est déroulé du 21 au 23 Juillet dernier, les violences se poursuivent dans certaines parties du pays. De son coté, la SELEKA devenue Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique, dirigée par l’Ex Chef d’Etat de Transition M. Michel DJOTODIA, continue de s’organiser militairement et de prôner la partition du pays. A propos de l’exilé politique, M. Michel DJOTODIA, il y’a lieu de s’interroger sur son activisme politique et la liberté de parole dont il s’en sert à profusion en contradiction avec l’obligation de réserve à laquelle il aurait dû être astreint par le pays hôte. Qu’attend le Gouvernement Centrafricain pour réagir à travers les voies appropriées face au geste inamical du Gouvernement Béninois ?
En outre, l’annonce vraie ou fausse d’une descente des éléments de la SELEKA sur Bangui provoque une psychose généralisée au sein de la population qui garde encore les souvenirs des atrocités et barbaries infligées par ces rebelles à l’ensemble de la population et qui ont été à la base des violences inter – communautaires et religieuses que le pays a vécues pendant de longs mois.
4 – SUR LES ACTIVITES DE L’AGENCE NATIONALE DES ELECTIONS (ANE) :
“Les élections prévues pour février 2015 ne pourront pas se tenir à cette date (…) Le manque de moyens, nous fait courir un risque de débordement en terme de temps” avait affirmé M. Dieudonné KOMBO – YAYA sur Radio France Internationale.
Outre, les “sérieuses difficultés budgétaires”, en vue du financement des opérations électorales qui s’élèvent à 37 milliards de franc CFA soit 56,4 millions d’Euros, se pose l’épineuse question de la carte biométrique qu’impose le Code Electoral et que les partenaires techniques et financiers du processus électoral ne sont pas prêts à financer en raison de son coût onéreux.
Il faut bien se rappeler que l’inscription de la carte biométrique dans le Code Electoral avait été décidée en 2012 sur exigence de l’ex Opposition Démocratique soutenue par ces mêmes partenaires techniques et financiers dans le but d’empêcher des fraudes électorales massives. Le revirement des partenaires ne peut que nous surprendre aujourd’hui. On a de plus en plus l’impression que malgré la persistance de l’insécurité sur l’ensemble du territoire national et des contraintes à la fois technique et budgétaire, la Communauté Internationale est décidée à organiser, coûte que coûte, les élections à la date de février 2015 avec toutes les conséquences qui pourraient en découler en termes de contestations légitimes de telles consultations électorales par-ce-que non crédibles et non transparentes.
Devant une telle situation, la solution d’un consensus national entre les pouvoirs publics, les Partis Politiques et la Société Civile telle que suggérée par le Président de l’ANE constitue une piste à explorer pour contourner le problème de la carte biométrique, mais aussi et surtout pour examiner également celui du prolongement du mandat des institutions de la Transition comme ce furent les cas en 1992 et 2010.
En effet, devant le vide institutionnel consécutif à la double vacance du pouvoir (exécutif et législatif)en 1992, la classe politique d’alors avait pris la décision consensuelle de prolonger le mandat du Président KOLINGBA et de mettre en place le Conseil National Politique Provisoire de la République (CNPPR), organe législatif de transition. Ce qui avait permis d’organiser des élections libres et démocratiques.
En 2010, après plusieurs concertations sur la question du prolongement du mandat du Président de la République et des Députés, le consensus a été consacré à travers le vote de la Loi 10.005 du 11 Mai 2010 portant modification de certaines dispositions de la Constitution du 27 Décembre 2004. Cette modification avait porté sur la durée du mandat du Président de la République (Article 24) et celle des Députés (Article 50).
Distingués invités,
Je voudrais également saisir cette occasion pour lancer un appel fraternel et patriotique à l’ensemble de la classe politique afin de réaliser “l’union sacrée” autour de questions vitales et communes telles que : La réhabilitation des FACA, le respect de la forme républicaine de l’Etat, le caractère laïc de l’Etat, l’intégrité du Territoire National, etc.
M. Jacques DELORS, Ancien Président la Communauté Economique Européenne avait exprimé l’intérêt du consensus pour une nation en ces termes : “… Chercher le consensus ne revient pas à occulter les divergences d’intérêts ou de conceptions. Mais, une nation ne peut s’épanouir et rayonner que si ses citoyens reconnaissent, à certains moments et sur certains problèmes de caractère vital, que ce qui les uni est plus fort que ce qui les divise”.
Dans ce sens, le BDRC réaffirme sans ambigüité son engagement à prendre part à toutes les initiatives et actions pouvant contribuer à l’affermissement des sujets unificateurs comme ci – dessus évoqués.
Distingués invités,
Comme tout le monde le sait, le 15 Septembre 2014 sera la date de l’arrivée officielle des Casques Bleus de l’ONU en Centrafrique pour prendre le relais de la MISCA, de la Mission française SANGARIS et de l’EUFOR. Cette prochaine arrivée des forces onusiennes suscite un espoir voire une espérance au sein de nos populations qui attendent que ces forces puissent soulager leurs souffrances indescriptibles et favoriser le retour à une vie normale comme auparavant. De l’avis du BDRC, la seule querelle qui vaille, à l’heure actuelle, est celle du désarmement des groupes armés non conventionnels qui passe par une application effective et intégrale des résolutions 2121, 2127 et 2134 des Nations Unies.
Par ailleurs, le BDRC partage l’analyse faite par l’ONG International Crisis Group (ICG) sur la nécessité d’une réorientation des actions de la Communauté Internationale notamment le G5 (Union Africaine, ONU, Union Européenne, USA, France) en Centrafrique.
Selon l’ICG, la préoccupation sécuritaire ne saurait occulter la nécessaire et indispensable relance économique et la restauration d’une Administration et d’une Gouvernance capables de fournir des services de base à l’ensemble de la population c’est – à – dire, Chrétiens comme Musulmans.
Cette nouvelle vision a sans nul doute inspiré l’Union Africaine et l’ONU dans l’organisation de l’atelier pour la reconstruction post – conflit en République Centrafricaine qui s’est tenu ici même à l’hôtel Ledger Plaza du 08 au 10 Septembre 2014.
Pour terminer cette allocution, le BDRC reste convaincu de la nécessité d’une implication de l’ancien Président BOZIZE dans le processus de sortie de crise en Centrafrique. Car, les sanctions et restrictions que la Communauté Internationale impose à l’encontre du Président légitime de la République Centrafricaine chassé illégalement du pouvoir montreront leurs limites par ce qu’étant contre – productives.
C’est dans ce sens que le BDRC attend de voir se concrétiser le plus vite que possible l’envoi d’une mission officielle pour rencontrer le Président BOZIZE réfugié Kampala (OUGANDA) comme cela a été fait à l’endroit de M. Michel DJOTODIA au mois d’Août dernier.
Je vous remercie