Une personne a été tuée et plusieurs autres blessées lors de heurts survenus entre des soldats de la mission de paix des Nations Unies en Centrafrique et des manifestants vendredi matin à Kaga-Bandoro, dans le nord-ouest de la Centrafrique, selon un communiqué de l'ONU.
"Des manifestants estimés entre 300 et 400 personnes se sont attaqués au camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine ( MINUSCA) à Kaga-Bandoro, Nana-Gribizi, à 342 km de Bangui", souligne le communiqué reçu à Yaoundé.
"Les Casques bleus ont tenté de contenir la foule qui voulait forcer la barrière de l'entrée du camp en y mettant le feu. Au cours de ces incidents, des manifestants, munis d'armes blanches, ont jeté des projectiles sur les soldats de la MINUSCA, blessant plusieurs d'entré eux dont certains grièvement", poursuit ce texte.
L'ampleur de l'attaque a été telle que les soldats de la force onusienne ont dû faire usage de tirs de sommation pour pouvoir repousser les assaillants. Le provisoire fait état d'"un mort et plusieurs blessés" chez ceux-ci, poursuit le communiqué, qui annonce l'ouverture d'une enquête.
A Bangui, les autorités de transition contactées par Xinhua, à l'instar du ministre de la Sécurité publique Narcisse Karnou, ex- membre du Conseil national de transition (Parlement provisoire), ont évité de s'exprimer sur le sujet.
La force onusienne rappelle que c'est la seconde attaque dont elle fait l'objet dans cette ville, et évoque de manière implicite, en guise de tentative d'explication de l'origine de l'attaque des populations, une "période de transhumance marquée par des tensions communautaires dans la préfecture de Nana-Gribizi".
Avec Bria et Bambari, Kaga-Bandoro constitue l'une des trois bases des états-majors régionaux de la MINUSCA sur le territoire centrafricain. C'est une localité devenue un des principaux fiefs des ex-rebelles de la Séléka, aujourd'hui divisés en plusieurs factions et où une communauté minoritaire chrétienne cohabite tant bien que mal avec une population en majorité de confession musulmane.
D'après le colonel Djouma Narkoyo, porte-parole de l'une de ces factions de l'ex-coalition rebelle, qui s'était emparée du pouvoir en mars 2013 à Bangui, la manifestation de vendredi matin est l' expression de la colère des chrétiens agriculteurs face au silence qualifié de "complice" des Casques bleus d'origine pakistanaise concernant leurs multiples récriminations contre la destruction de leurs champs par le bétail appartenant aux éleveurs peuls.
L'ex-responsable rebelle annonce pour sa part un bilan d'un mort et six blessés parmi les assaillants. "Le calme est revenu dans la ville", a-t-il par ailleurs rapporté.
Ce regain de violences inquiète alors que la Centrafrique s' apprête à tenir un forum de réconciliation nationale du 27 avril au 4 mai à Bangui, une étape cruciale du processus de transition attendue depuis la signature de l'accord de cessez-le-feu du 23 juillet 2014 à Brazzaville, sous les auspices du président congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur de la crise centrafricaine pour le compte de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC).