Un mort et plusieurs blessés ont été enregistrés, dans la nuit de samedi à dimanche à KM5, quartier à majorité musulmane dans la capitale centrafricaine Bangui, suite à des affrontements à l'arme légère et lourde entre des musulmans et "des braqueurs", ont indiqué, dimanche, 28 septembre des sources municipales. Cinq maisons et deux commerces (un bar et un garage) ont été incendiés. Malgré un retour au calme, la circulation est restée bloquée, dimanche, dans ce troisième arrondissement.
Le Premier ministre Mahamat Kamoun qui s'est rendu, dimanche matin, sur les lieux a promis « le désarmement rapide » des bandits qui endeuillent les familles centrafricaines. De leur côté, les forces européennes en Centrafrique, EUFOR-RCA, ont publié un communiqué de presse dans lequel elles ont réaffirmé leur détermination à tout mettre en œuvre en vue de protéger les civils.
De jeunes musulmans armés avaient résisté, samedi soir, à l’assaut d’un groupe de braqueurs qui voulaient mettre à sac le magasin d’un sujet camerounais, opérateur économique dans le troisième arrondissement. Des affrontements ont eu lieu pendant toute la nuit, des tirs à l’arme légère et lourde ainsi que des explosions de grenades ont été entendus. L’hélicoptère de la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation en République centrafricaine) a survolé la zone jusqu'à une heure tardive.
Joint au téléphone, Ousman Abakar, porte-parole des musulmans de KM5, avait assimilé, plus tôt dans la journée de dimanche, les auteurs de cette attaque à des Anti-Balaka, sans fournir davantage de précisions quant aux éléments qui lui ont permis de les identifier. « C’est de la pure provocation ! Depuis un certain temps, il n’y a plus d’Anti-Balaka dans ce secteur. Est-ce cela la cessation des hostilités ? » s’est interrogé Abakar.
De son côté, Sylvestre Yagouzou, leader Anti-balaka, a réfuté ces accusations considérant qu'il ne s'agit que d'un cas de criminalité de droit commun dû à "la montée de la délinquance et du vol à main armée." Ces actes de violences, qu'il a imputées à "des malfrats", se sont développés, selon Yagouzou, à la faveur de la prolifération des armes.
Depuis une dizaine de jours, la RCA connaît un regain de violence. Samedi, un centre médical appartenant à l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a été pillé, à Bangui, par les populations d’un site de déplacés internes.
Une opération "ville morte" des musulmans de KM5 avait dégénéré, vendredi, en affrontements avec les forces françaises de l’opération Sangaris, sans faire de victimes. Cette opération des musulmans banguissois était en réaction à l’assassinat, par des Anti-Balaka, de convoyeurs de bétail de confession musulmane, quelques jours auparavant, dans la région de Kémo, dans le Centre du pays.
Cette dernière attaque avait, elle-même, coïncidé avec l'assassinat du maire de Ngaboko (une soixantaine de kilomètres au sud-est de Bambari, sud RCA), par des éléments armés assimilés aux Séléka.