L’école reste la première préoccupation des jeunes centrafricains en dépit des remous sociaux répétitifs qui ont fini par dévaloriser le système éducatif de ce pays. Il suffit de se rendre tous les après midi à l’aéroport Bangui M’poko pour constater la présence des étudiants et des élèves en classe d’examen qui viennent étudier dans les espaces verts.
Ces derniers affirment fuir les nuisances sonores et perpétuelles qui sévissent généralement dans les ménages voire dans les quartiers aux sons sporadiques des avions qui leurs permettent d’étudier.
Le reporter de Centrafrique libre a tendu son micro à Liliane Yangani, étudiante en première année de Licence en Sciences économiques à l’Université de Bangui qui nous a fait part de ses difficultés en ces termes « A la maison il y a un problème d’électricité, il n’y a pas de bruit ici, c’est calme. Je viens ici trois fois par semaine car je finis les cours le lundi, le mardi et le vendredi à 11heures. C’est difficile mais je préfère étudier plutôt que de me prostituer. Car lorsqu’une jeune femme attrape le Sida et qu’elle maigri, tous les hommes qui lui couraient après vont l’abandonner. J’étudie pour ma dignité et pour l’honneur de ma famille. »
En Centrafrique le gouvernement ne fait rien pour encourager les étudiants travailleurs. Les bourses d’études sont rares, à cela il faut rajouter la corruption pour espérer décrocher ces précieux sésames. Il n’y pas de critère d’excellence comme on peut observer sous d’autres cieux.
En Centrafrique les étudiants qui travaillent bien et qui mériteraient bénéficier des bourses tant nationales qu’internationales sont d’office écartés lorsqu’ils n’ont pas les moyens de corrompre les responsables.
Selon des informations dignes des bourses sont souvent attribuées aux étudiants médiocres au grand dam de ceux qui réussissent généralement en première session avec une moyenne supérieure ou égale à 11. Personne ne respecte les conditions d’octroi de bourses dans ce pays. C’est juste une question d’argent.
Melle Liliane Yangani qui rêve d’être une économiste pour faire développer son pays n’est pas boursière. Elle affirme être soutenue actuellement par son petit ami qui est commerçant. Ce dernier a pris le relais depuis que son père est admis à la retraite.
La RCA ne dispose qu’une seule université publique et souffre d’une absence cruelle de bibliothèques, de médiathèques et de centre culturel pouvant permettre aux jeunes étudiants de s’exercer dans la sérénité.
Wilfried Maurice SEBIRO