Bangui le 21 avril 2015. Il est 16h10 lorsque le professeur Gaston Mandata Nguerekata franchit le seuil du salon d’honneur flambant neuf réservé aux passagers entrant à Bangui. Nous sommes à l’aéroport international de Bangui M’poko. Dans sa silhouette de jeune premier, GMN vêtu d’un costume noir sur mesure, cravate bleue et chaussures assorties, n’a pas hésité une seule seconde lorsqu’on lui a tendu notre micro quand bien qu’il ne s’y attendait pas. Sans tabou comme à ses habitudes, Nguerekata a répondu aux questions de Centrafrique libre.
Bonjour M. Nguerekata, vous êtes de retour au pays, quelles bonnes nouvelles avez-vous pour votre peuple ?
Je suis très content de me retrouver chez moi après une absence qui a duré environ six semaines. J’espère que les choses se passent normalement et que nous irons bientôt à ce forum. Je viens d’apprendre qu’il y aura un report d’une semaine. C’est encore une fois de plus une improvisation et un amateurisme au sommet de l’État.
Imputez-vous ce report seulement au pouvoir en place ?
Bien sûre, c’est la présidence qui manœuvre tout cela. C’est l’amateurisme au haut niveau.
Vous étiez très actif sur le terrain et apprécié pour vos actions. Vous l’êtes moins maintenant et les centrafricains s’interrogent sur ce recul
Vous savez je suis un candidat déclaré à la présidentielle. La fonction du président de la république est extrêmement importante. Il faut être prêt. Les centrafricains ne nous pardonneront pas, mon équipe et moi de ne pas faire démarrer l’économie rapidement. Je pense qu’il n’y aura pas de lune de miel. Les déplacements que je fais actuellement en dehors de la RCA me permettent de prendre de contacts nécessaires, de remplir mon carnet d’adresses pour que le moment venu je puisse inviter les investisseurs, les opérateurs économiques, les partenaires à venir rapidement nous secourir .Voila donc le but de mon absence.
L’insécurité règne encore à Bangui et depuis dix jours la police est en grève, trouvez vous cela normal ?
C’est une question délicate, nous sommes dans une période de crise, on n’a pas les moyens, on est entrain de remettre en place gratuitement les différentes institutions la police, la gendarmerie, les FACA. Il faut donc traiter cette question avec beaucoup de tact et de sagesse. On doit désormais avoir une police exemplaire qui pourrait donc participer de manière efficace à la protection des populations. Il faut prendre ce problème à bras le corps afin que cela ne puisse pas empoisonner la vie des centrafricains.
Vous aviez pris de l’avance sur vos concurrents en prévoyant déjà une solution centrafricano-centrafricaine au cas où le pouvoir reportait les élections lors d’un entretien avec nos confrères de RIDH. Pensez-vous que l’on doit écarter toutes les autorités de la transition le moment venu ?
Absolument, je crois qu’il ne faut plus prolonger la transition. Ce serait une prime à l’échec. Nous avons commencé cette transition depuis DJOTODIA et deux ans après on ne sait pas si les élections auront lieu. Je crois qu’il faut mettre fin à cette transition et faire une prolongation technique, je dis bien technique, il y a des scenarii qu’on peut imaginer. Par exemple, une présidence collégiale comme en 1992. Sa mission serait uniquement de préparer les élections le plus tôt possible dans les deux ou trois mois. Cette solution serait donc une sorte de conseil présidentiel.
Sans Mme Catherine SAMBA PANZA ?
Écoutez au moins lui enlever la plupart de ses prérogatives et ne lui laisser que la signature. L’enlever peut donner l’impression que nous sommes encore entrain de nous retrouver dans l’instabilité. Mais ce qui est sur c’est qu’il faut mettre absolument en place un conseil au sein duquel Mme Samba Panza pourrait éventuellement faire partie. Ce conseil aura la main mise sur toutes les structures qui doivent conduire le pays aux élections.
Vous leur demanderez de démissionner collectivement comme vous l’aviez déjà fait pour Djotodia et Tiangaye ?
Il faut absolument d’ici les élections remanier ce gouvernement qui est complètement inutile. Il y a des ministères comme celui du tourisme qui ne sert à rien du tout. Quel type de tourisme vous pouvez avoir dans cette période de crise, de difficulté et de la violence. Nous –mêmes nous ne sommes pas capables de nous déplacer à l’intérieur de notre pays, nous avons des difficultés d’aller d’un quartier à un autre d’un village à un autre. Vous voyez bien des touristes étrangers venir visiter notre pays dans l’état qu’il est ? C’est un ministère qui est là pour absorber l’argent du peuple. Il faut le mettre en veilleuse et attendre le nouveau président légalement élu qui aura pour tâche la remise en place de toutes les institutions pour amorcer la refondation du pays.
Êtes-vous prêt pour le forum ?
Oui, je suis prêt pour le forum. J’ai un message à délivrer à mes compatriotes. J’ai des idées et des propositions pour aider notre pays à sortir définitivement de son impasse.
Interview réalisée par Maurice Wilfried SEBIRO