Notre école n’a fabriqué que des fonctionnaires au lieu de fabriquer des forgerons et des maçons. Elle n’a pas pu aussi nous débarrasser de notre culture de clan. Nous y sommes restés. L’État lui aussi est toujours resté un clanet la gestion clanique du pouvoir (le gâteau) a servi de flanc àla création de ce conflit armé qu’aucun instrument de mesure au monde ne peut permettre de mesurer sa complexité. On y laisserait toutes nos vies.
Regardez ce pays, une immense terre de 623 982 Km2, on n’y trouve que des petits champs vivriers des pauvres paysans et aucune mise en valeur de cette terre par de grandes plantations à production d’échelles comme si labourer cette terre nous ferait développer des urticaires géantes sous la peau. Notre terre garde à ce jour toute sa forêt et sa savane.
A forte illustration, les candidats aux élections présidentielles 2015, ceux là même qui font exploser leur richesse en distribuant les billets de banque dans les quartiers sont à vrai dire des pauvres à casquette de riche, rien ne justifie l’origine de leur richesse, la richesse, elle se constitue, elle porte en elle son histoire. On dira que leur richesse est sans cause réelle; donc elle n’est pas économique, elle est éphémère. Ils auraient pu investir dans l’agriculture, par manque de vision entrepreneuriale ils ont choisi de se lancer dans la politique pour perpétuer la pauvreté du pays.
Est ce que nous centrafricains, sommes-nous donnés pour être les damnés au monde alors que Dieu nous a logés sur une terre la plus enviée. Nous dormons sur de la richesse avec un ventre creux ; on pourrait nous attribuer une raison génétique d’infériorité à penser, à réfléchir et à agir. Notre propension à la violence, à la négligence, au manque d’instruction, au manque d’initiatives, à un individualisme improductif, à un idéalisme fumeux, à des politiques dépourvues de nos gouvernements témoigne de notre adaptation à la pauvreté.
Notre pays s’est doté d’une culture de pauvreté et ce par la faute de ceux qui ont géré le pays. Puisque la pauvreté crée la dépendance, elle est devenue un moyen politique que nos pouvoirs utilisent pour assujettir les populations. Les populations pauvres sont vulnérables et malléables.
A Bangui tout est politique et tout tourne autour de l’Etat, et le combat autour de l’État est rude. On vient de vivre une facette de ce combat quant à la mise en place du comité d’organisation du Forum de Bangui. La Cheffe de la Transition a été obligée de faire marche en arrière, les uns diront que c’est pour rechercher un consensus, le consensus et pourtant la Présidente le savait ;au fond le combat était plus fort qu’elle. C’est parce que nous profitons tout de l’Etat et que l’État est le lieu de notre enrichissement ce qui explique le pire aspect de notre pauvreté et qui assure sa pérennité.
C’est l’État qui porte la pauvreté du pays et il n’est pas prêt à s’en débarrasser. C’est l’État qui est à l’origine de la fragilité de nos structures socio-politiques. Notre État n’a jamais été éclatant, il a toujours produit des magistratures sans éclat et qui entretiennent la pauvreté, pour preuve le Forum va connaître un report.
Tellement que l’État est intellectuellement pauvre, il ne peut conduire les populations dans une option de progrès économique. On peut conclure que notre État c’est notre pauvreté ou encore notre pauvreté c’est notre État.
On peut aujourd’hui estimer à 24 000 le nombre des travailleurs centrafricains, 22 000 sont des fonctionnaires de l’État et seulement 2 000 sont des salariés du secteur privé. Le reste de la population vit de la débrouillardise et dans les champs. Ce rapport en terme de travail comptabilisable de 22000 pour 2000, soit 1 salarié du privé qui cotise pour 11fonctionnaires, ce rapport suffit à lui seul pour confirmer ce que nous appelons: avoir le don de la pauvreté.
Ce rapport, on peut l’extrapoler au niveau de la famille et la charge est énorme. Impossible dans ces conditions de réaliser un projet quand le peu de revenu apporté par le seul travailleur de la famille est destiné à nourrir toute la famille jusqu’aux oncles et les tantes. La pauvreté, tout le monde en parle ici et tout le monde fait rien pour.
Et pourtant, nous aimons travailler pour l’argent, nous sommes avides du travail mais pas de la même dimension que requiert la richesse. Nous aimons travailler peu et gagner beaucoup. Alors que les gens qui ont réussi ou qui sont devenus riches le doivent à leur travail acharné, ils travaillent beaucoup et gagnent moins.
Aujourd’hui, il faut qu’on commence à penser richesse. Et cette richesse nous l’avons dans la terre et toutes les activités formelles créatrices de revenus.
Il faut nous approprier de notre terre par une agriculture à grande échelle variée et structurée à vocation commerciale et exportative. Déjà les Libanais et les Camerounais pour ne citer que ceux-là se sont lancés dans l’acquisition des riches terres de la LOBAYE
L’avenir de notre pays réside dans l’agriculture et l’Etat doit y penser par des programmes de mise en valeur de notre terre et le reste viendra. L’ascension sociale ne viendra pas par la création des milliers de postes de fonctionnaires ou d’emplois de bureau mais par un rapide succès économique découlant de l’agriculture et d’industries y relatives. Fabriquons nos riches et ils achèteront les diplômes de nos enfants par le travail.
Ce que nous disons, il suffit qu’une poignée d’entre nous se lancent, ils vont entrainer à leur suite beaucoup d’autres en suscitant des vocations dans l’agriculture comme dans les autres activités. Travaillons et pensons richesse, cette pensée qui est à la base de la formation de l’épargne et donc du capital.
L’ardeur au travail et la foi à la réussite ont été notées dans plusieurs études comme étant des variables déterminantes, et il faut par contre limiter l’éventail des emplois qui font perpétuer la pauvreté, notamment les offres d’emplois sociaux des ONG.
Robert ENZA, Entrepreneur politique.