Le Forum de Bangui débutera dans six jours dans la capitale de la RCA même si à ce jour on observe pas encore des affiches sur les panneaux publicitaires ou des banderoles dans la ville. Rappelons qu’en juillet dernier au Congo, les autorités brazzavilloises avaient pris le soin de communiquer avec sa population plusieurs jours avant la tenue du forum centrafricain.
Les centrafricains du moins la majorité des acteurs qui se succèdent au pouvoir depuis deux décennies à la tête de la RCA ne semblent pas avoir été touchés par les remous sociaux répétitifs qui frappent leur pays. Alors que le gouvernement n’a pas pu appliquer les accords de juillet 2014 dans leur intégralité, les mêmes acteurs qui se sont partagés un peu plus d’un million de Fcfa grâce à leur participation au Forum centrafricain de Brazzaville, s’apprête à se partager une rondelette somme de 1.500.000.000 de Fcfa.
Selon des sources dignes, la communauté internationale a mis à la disposition des autorités centrafricaines la somme de 1milliard cinq cent millions de Fcfa pour le financement du forum de Bangui. L’on commence à comprendre pourquoi il y a une guéguerre entre les ministres, les proches de la présidente et du premier ministre d’une part, et d’autre part entre les conseillers nationaux et les jeunes loups aux dents pointues qui, d’après nos sources ne sont pas en politique pour des convictions, mais plutôt pour se servir.
Alors qu’ils se livrent des batailles féroces pour figurer au forum et empocher les pers-diems destinés aux participants, un bon nombre de leurs compatriotes végètent encore dans la nature. A Kaga- Bandoro, Zongo, Yaloké, Grimari, Bambari, Ndassima, les centrafricains de toutes confessions sont encore sous les abris de fortune.
Rien qu’à proximité de Bangui, sur le site des déplacés de Bangui M’Poko, on peine à aider la majorité des habitants du 3è et du 5è arrondissement qui y ont élu domicile pour fuir les violences. D’après nos informations, on a proposé à chaque famille de réfugiés la somme de 90.000Fcfa un peu moins de 150€ et une grande bâche pour leur permettre de retourner chez eux. Parmi les réfugiés on retrouve le plus souvent des familles de 6 à 10 personnes.
En plus ces gens ne sont partis qu’avec l’essentiel de leurs bagages au moment de leur fuite. Notre reporter a rencontré une veuve qui s’est confiée en ces termes: »J’ai dix enfants, huit garçons, deux filles et j’ai huit petits enfants. Je suis une veuve, notre maison a été détruite, nous habitions au quartier Fondo dans le 3è. Cet argent proposé n’est pas assez pour ma famille. Nous vivons comme des animaux, nous dormons sur des nattes par terre ».
Autres éléments à signaler : la majorité des réfugiés ont été victimes de la destruction ou le pillage de leurs maisons.
Et si les participants du forum de Bangui refusaient les pers-diems pour permettre à leurs compatriotes réfugiés sur plusieurs sites de fortune de se reloger ? Après tout ce n’est qu’une question de logique et de solidarité.
Wilfried Maurice SEBIRO