Bangui, Le MFS, (Médecins Sans Frontière) a célébré le 26 avril 2015 le 1er anniversaire de la mort de 19 personnes à Boguila. C’est en toute intimité que cet évènement tragique est commémoré. Une délégation de MSF de Bangui déplacée pour la circonstance, s’est jointe à l’équipe de MSF de Boguila et aux parents des victimes pour se rappeler ce douloureux évènement et montrer combien le MSF reste solitaire de la population de Nana-Bakassa. Cette dernière a vivement souhaité le retour complet de MSF à Boguila.
Lors de cette cérémonie qui se déroule dans l’un des locaux de MSF de Boguila, autorités locales, dirigeants de MSF et représentants des victimes prennent tout à tour la parole. Le Chef de Mission de MSF Hollande, Martin Braaksma rappelle la tragédie du 26 avril 2015 et les conséquences négatives sur le fonctionnement du projet de MSF à Boguila. « En 2014, la guerre est arrivée à Boguila. 19 personnes dont 3 agents de MSF ont trouvé la mort. Aujourd’hui, nous nous réunissons pour commémorer les victimes de cet évènement horrible et pour partager cette tristesse », déclare-t-il en indiquant que « l’évènement a amené MSF à retirer ses travailleurs étrangers et son personnel centrafricain ne venait d’autres lieux que de Boguila. MSF a aussi dû réduire ses activités. Malgré l’insécurité nous continuons à fournir des services de santé à la population ».
Le Directeur des Opérations de MSF Hollande, Marcel Langenbach exprime sa sollicitude avec les personnes disparues à travers un message envoyé depuis Amsterdam. « Nous n’oublierons pas le tort grave fait à la communauté de Boguila et nous n’oublierons pas nos amis et nos collègues. En deuil, nous devons également nous rappeler leur vie, leur travail et leur dévouement à aider les autres », découvre-t-on dans ce message lu par Stefania Poggi, Coordonnatrice du Projet MSF de Boguila.
Du côté des agents de MSF de Boguila, c’est en même temps la déception mais aussi le courage qui sont palpables. Jonas Hendele est Superviseur à l’hôpital de Boguila, «ce jour de commémoration me rappelle le jour le plus dur de ma vie. Je venais de terminer le travail le 26 avril 2015, lorsque des personnes en armes ont fait irruption dans l’enceinte de l’hôpital et ont ouvert le feu sur des gens en réunion. 16 d’entre eux ont renud l’âme sur le champ. Trois autres ont succombé suite à leurs blessures».
La population plaide pour le retour total de MSF à Boguila
Au même moment où la commémoration se fait, les autorités locales et quelques habitants de Boguila ont exprimé le souhait de voir revenir MSF dans leur localité. C’est le cas du Maire de la Sous-préfecture de Boguila, du Sous-préfet, Gilles Xavier Nguembassa et du Secrétaire des familles des victimes.
« En plus des services médicaux rendus à la population, l’intervention de MSF à Boguila a des incidences hautement économiques. À travers la main d’œuvre locale recrutée, le panier de la ménagère reçoit des retombées. Nous prions donc le MSF de rester et de faire revenir tout son staff qui séjournait dans la Sous-préfecture de Boguila avant les évènements de 2014 », souhaite Gilles Xavier Nguembassa.
Quant au Secrétaire familles des victimes, Ngarissona Gédéon, le retour total de MSF équivaudrait à la prise en charge des parents des victimes du drame du 26 avril 2014. « Nous souhaitons que MSF revienne afin de permettre aux proches des victimes de continuer à vivre. Il y en a qui n’ont pas pu venir à cette cérémonie de commémoration, parce qu’ils ont des difficultés. En restant, MSF pourra nous permettre de préparer l’avenir de nos enfants et celui de notre localité », trouve-t-il.
La préoccupation ne laisse pas indifférent MSF. Dans le discours de son Chef de Mission et de celui du Directeur des Opérations, il est fait mention de la question, « A Boguila et dans les alentours, nous ne pouvons malheureusement pas reprendre le niveau d’activités que nous avions avant l’attaque. Grâce aux efforts de nos collègues dans ce projet, les activités –quoi que de base-continuent à Boguila ».
La visite de la plaque construite au logos de MSF avec les noms et fonctions des victimes du 26 avril 2014, exposée sur le mur de l’hôpital met fin à la cérémonie.
Le 26 avril 2014, des chefs de villages et de quartiers se sont retrouvés avec des agents de MSF en réunion dans les locaux de MSF. Un groupe armé a investi les lieux et a tué 19 personnes dont trois agents de MSF. Le lieu du drame est resté inoccupé et infréquentable jusqu’au jour de la commémoration de l’évènement. Un rite traditionnel est fait le 26 avril 2015 pour sa réutilisation./
Naim-Kaélin ZAMANE