Ils sont une trentaine, les membres de l’Ong Femme Homme Action Plus (FHAP), femmes et hommes, venus de toute la capitale Bangui et ses environs, à recevoir mardi 28 avril 2015, leurs parchemins à la Coordination nationale de l’Ong sise 200 Villas. Tatiana Viviane Ozojiri, Coordonnatrice de FHAP a personnellement remis les attestations aux participants en présence de Mme Germaine Mbolibipa, Présidente nationale de l’Ong.
« Nous sommes partis du constat que les femmes sont faiblement instruites dans notre pays par rapport aux hommes, la plupart d’entre elles sont analphabètes, pour organiser ces séances de formations. » a affirmé la Coordonnatrice Tatiana Viviane qui explique qu’ « au regard de certaines statistiques, je peux m’amuser à dire que sur cent femmes centrafricaines, péniblement quarante peuvent être instruites. Et, à mon avis, la cause fondamentale n’est pas forcément le manque d’inscription à l’école, mais plutôt la déperdition scolaire, car il y a des filles qui abandonnent l’école à très bas âge. Etant une Ong de promotion de la femme et du genre, nous avons initié des formations en alphabétisation pour donner à ces femmes, une chance de se rattraper, ne fut-ce que pour savoir lire une note et savoir calculer. »
Pour mémoire, l’Ong FHAP est une Ong nationale qui a vu jour le 4 décembre 2011 dans la Sous-préfecture de Zémio dans le Haut Mbomou. La Coordination nationale est présidée aujourd’hui par Mme Madame Ozojiri Tatiana. Elle œuvre aux côtés des femmes et enfants victimes de la LRA (Armée de résistance du Seigneur de l’Ougandais Joseph Kony). Mais suite à la crise sécuritaire que le pays a connue avec son corolaire de victimes, l’Ong aujourd’hui est implantée à Bangui, Zémio, Mboki, Raffaï, Obo, Bozoum, Bambari, puis avant d’arriver à Bangassou. Alors que la Coordination nationale projette de l’implanter à Paoua, Koui, Bossemptélé, Bocaranga, puis Damara, Mbaïki et certaines régions de l’Ombella Mpoko, parce que ces régions sont également touchées dans ce conflit.
A l’occasion de la remise des attestations aux heureux récipiendaires de la formation, la Coordonnatrice a indiqué que cette formation s’inscrit dans une perspective bien définie : « Nous voulons à la longue faire de ces femmes, des opératrices économiques, c’est-à-dire de les encourager dans le business, mais elles ne pourront pas mieux générer leurs entreprises, si elles ne savent ni lire, ni faire des petits calculs. Nous croyons que l’autonomisation de la femme centrafricaine passe nécessairement par là. Elles ne doivent pas continuer à demander le voisin de lire leurs courriers pour elles, elles ne doivent pas non plus continuer à demander à leurs fils d’écrire une lettre pour elles. »
Les bénéficiaires de cette formation ont eu du mal à cacher leur satisfaction. Ngouyombo Gladys a été l’une des participants : « Je suis très heureuse de recevoir, en fin de cette formation, une attestation de succès qui récompense mon sacrifice en temps et en énergie pour venir tous les jours ici. C’est une grande joie aussi, parce que j’ai appris beaucoup de choses en un mois seulement, les petites notions élémentaires de l’école primaire que nous avons tout oubliées nous ont été rappelées par les formateurs, et j’en suis fière. » Sur la même lancée, Carine Mégali ajoute « J’étais parmi les premières personnes qui ont demandé avec insistance cette formation, parce qu’on traite aujourd’hui la femme centrafricaine d’analphabète et cela me choque beaucoup. Je veux, qu’à partir de moi-même, cet aperçu puisse changer. C’est pour cela que je remercie l’Ong FHAP qui a bien voulu nous former en alphabétisation, afin de nous permettre de nous exprimer correctement et de comprendre ce que disent les gens, que ce soit en Sango (langue locale) que ce soit en français. Et après un mois de formation, je puis vous dire que je suis en mesure de demander quelque chose en français ou de répondre à une question en français. »
Bangui, Fred KROCK Pour CNC