Championne du monde toutes catégories des tables rondes inutiles et grande spécialiste des pourparlers de paix sans lendemain, la Centrafrique devrait bientôt ajouter à son piteux palmarès un autre trophée de table ronde. Nous osons espérer que cette fois-ci ce sera enfin le trophée de la victoire. Mais ne soyons pas dupes, le Forum tant attendu a du plomb dans l’aile. Au lieu d’être un forum de la réconciliation nationale, la future plate-forme de paix serait plutôt une table ronde des autorités de la transition. Juste un conseil de ministre en format élargi qui se tiendra en public et à l’assemblée nationale.
Nombreux sont les débatteurs de la vie politique centrafricaine, qui disent sans rechigner, que le forum est d’ores et déjà totalement verrouillé par le pouvoir de Bangui. Ils argumentent leur analyse par l’influence très visible qu’exercent les autorités de la transition sur la concertation de paix. Organisée, conduite et maîtrisée par les autorités de la transition sans véritable concertation et consensus, la rencontre de paix est programmée pour un échec certain dès lors qu’elle est taillée sur mesure à l’avance par ses organisateurs.
Non seulement les participants sont choisis au faciès, aussi l’organisation du forum fait également l’objet de plusieurs contestations. Des formations politiques, associatives et militaro-politiques réclament à cor et à cri depuis quelques jours plus de place pour leur participation aux assises de la paix. Pour certains, les organisateurs du forum confondent vitesse et précipitation. Ils pensent que c’est l’anarchie totale jusque dans le chronogramme journalier des assises. Certains membres des Commissions techniques bruissent déjà sur le dysfonctionnement et l’inefficacité qui règnent au sein du Comité d’Organisation de la concertation. D’autres crient ouvertement que l’on ne serait pas à l’abri d’incidents diplomatiques le jour « J », compte tenu de l’amateurisme dans l’organisation. En outre,la prévarication, les théâtres d’ombres et les agitations stériles, qui constituent la face cachée du pouvoir de Bangui, risquent d’empiéter sur les résultats attendus de la concertation.
Amateurisme, incompétence, exclusion, impréparation, inefficacité, dysfonctionnement, cafouillage, sont aux avant-postes. En fin de compte, toutes les pièces du puzzle sont rassemblées pour que le forum se transforme en eau de boudin. Tout porte à croire que l’exécutif de la transition voudrait que le pays renoue plus tard avec le cycle de la violence. Qu’on se le dise, l’échec programmé du forum taillé sur mesure de Samba-Panza est prévisible.
Ainsi, il serait souhaitable que le peuple impose un renouvellement de l’élite au sortir de cette boiteuse concertation de la paix. Il est grand temps que cette génération de la danse du ventre s’efface de l’échiquier politique pour que le peuple aspire enfin à un développement radieux. Cela passerait nécessairement par un appui inconditionnel de la communauté internationale sur la nouvelle génération consciente qui pourrait proposer de nouvelles offres politiques adaptées à la situation de leur pays. A travers les mots, obligeons les racailles politiques à l’origine de tous nos maux, de rendre leur tablier.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE