Le forum de Bangui face au syndrome de la malhonnêteté politico-intellectuelle

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Publié le mercredi 6 mai 2015 | Centrafrique Libre

© Autre presse par DR
Centrafrique: le Forum de Bangui en dix questions

Le désastre économique qui caractérise notre pays la République Centrafricaine, auquel se superposent naturellement toutes les misères sociales et humaines qui en découlent donne la mesure des réalités du Centrafrique dans lequel nous vivons. Écrasés par le fardeau de la nécessité, anémiés par la misère et rongés par des crises militaro-politiques à répétition, les centrafricains se donnent rendez-vous pour se regarder dans le miroir de leur vérité au cours d’une rencontre dénommée « Forum de Bangui ».

Nous, centrafricains, devraient en principe réfléchir sur ces questions fondamentales : Qu’avons fait de notre indépendance ? Comment la Centrafrique en est-elle arrivée là ? Et enfin quelles stratégies faut-il mettre en place pour sortir de cette ornière ? Mais sans renter dans les détails d’une longue et scabreuse histoire politique, il faut rappeler que les pays riches et donateurs en ont assez des crises militaro-politiques qui ont émaillés l’histoire de notre pays.

Le forum de Bangui devrait être considéré comme une rencontre de la dernière chance. Une dernière occasion permettant de bâtir un véritable État-nation capable de se prendre en charge. Cependant il faut admettre que les centrafricains sont devenus les parias de la communauté international à cause d’un système politique inefficace et corrompu.

Un système politique incapable de résoudre les problèmes de morale, de corruption, de mauvaise gouvernance, d’anti-patriotisme qui bloquent le développement de notre pays. Une classe politique qui perd son temps dans les querelles d’un autre âge.

Une classe politique qui vit dans l’illusion selon laquelle la RCA est très importante pour la France et que, quoi qu’il puisse arriver, elle ne pourra jamais se passer de nous. Nous sommes victimes des intelligences machiavéliques qui se sont confortablement assises sur des biens mal acquis et qui tirent souvent sur des ficelles sataniques pour abreuver le sang du peuple.

Le vrai problème réside dans le fait que ceux qui ont participé et qui participent actuellement à la gestion politique de ce pays, souffrent d’un traumatisme collectif agissant sur leur comportement, leurs aptitudes politico-intellectuelles qui les empêchent de reconnaître leurs limites et incapacités à gouverner.

L’honnêteté intellectuelle exige une démission pure et simple de tous ceux qui ont contribué à la descente aux enfers de notre cher et beau pays, notamment ceux qui se sont souillés dans les eaux sales de la corruption, du vol, de la mauvaise gouvernance, de la tricherie et de la violence politique.

Il serait souhaitable qu’ils partent comme Michel DJOTODJA qui a été traité d’incapable par HOLLANDE ou de suivre les traces de Lionel Jospin qui a quitté la scène politique lorsqu’il s’est rendu compte qu’il était incapable de convaincre les Français.

La nomination de jean Jacques DEMAFOUTH à la tête du présidium du forum de Bangui, suivi d’une contestation nationale témoigne que le peuple œuvre pour une révolution des cœurs et des intelligences, en d’autres termes pour la refondation de notre nation.

Mieux vaut avoir l’honnêteté intellectuelle, de faire son mea-culpa, se retirer en toute dignité et laisser la place à la nouvelle génération que de subir une honte nationale ou un affront qui pourra perturber notre repos éternel.

La pauvreté de la RCA n’est qu’une conséquence logique de la façon dont nos dirigeants et nos hommes politiques se considèrent eux-mêmes et regardent le monde.

Si le forum de Bangui ne prend pas toutes les mesures pour exclure les individus vicieux sur la liste des candidats aux élections présidentielles, le pire est encore devant nous.

L’heure de la vérité a sonné ! Elle a sonné pour que « L’homme prudent soit attentif à ses pas » ; elle a sonné pour que nous puissions mettre fin à une longue et difficile période de gouvernance approximative.

Elle a sonné pour que nos élites s’engagent résolument et s’impliquent dans l’élaboration d’une stratégie de refondation de notre pays. Mais à l’allure où vont les choses et en considérant la manière avec laquelle les participants à ce forum ont été choisis nous nous interrogeons de savoir s’il y sortira quelque chose de spécial. S’agit-il d’un rendez-vous pour partager le gâteau Centrafricain ? Wait and see !

Patrick Donatien MBOLIGBE ISSAPA