A sa deuxième et troisième journée de l’ouverture, le Forum national de Bangui suit son résolument son chemin pour allumer la flamme de l’espoir au peuple centrafricain épris de paix et de justice. La deuxième journée des travaux de ce grand rendez-vous historique inter-centrafricain est consacrée principalement aux recommandations, témoignages et échanges sur les attentes dudit forum. Alors que la troisième journée est consacrée aux travaux par ateliers pour aborder les quatre thématiques du forum.
Co-présidée par Abdoulaye Bassolé et l’archévêque de Bangui monseigneur Dieudonné Nzapalayinga, la deuxième journée du forum de réconciliation s’est ouverte mardi 05 mai. Des échanges interactifs allaient prendre l’allure de débats houleux souvent organisés au parlement. Pas comme un cadre dédié aux polémiques et joutes verbales de toute sorte mais une tribune ouverte à la réflexion sereine et aux propositions constructives destinées à sortir définitivement la RCA des à répétition, les échanges, les témoignages et recommandations ont enrichi la séance plénière que dirige les membres du Présidium.
Le temps était émotionnel mais surtout édifiant avec les témoignages et expériences des rescapés du génocide rwanda de 1994 délivrés en plénière pour édifier les Centrafricains afin d’éviter le pire. La délégation venue
du Rwanda pour participer à ce forum a démontré devant environ 600 participants les processus de réconciliation et développement économique et social que les Rwandais ont entamés pour emprunter le chemin du développement après le génocide.
Durant la troisième journée, 6 mai 2015, le Présidium du Forum a décentralisé les travaux du forum dans des différents centres permettant aux entités de travailler en atelier sur les quatre thématiques du forum. Le palais de la CEMAC, l’amphithéâtre du ministère des affaires étrangères, l’hôtel Azumit et le Complexe sportif 20.000 ont servi de centres pour ces travaux en atelier. Il y a en tout quatre thématiques que les participants aux forum se sont départagés pour discuter.
Thématique Paix et Sécurité
Il est ressorti de cette thématique que les violences intercommunautaires des deux dernières années en Centrafrique ont ébranlé les quelques relents de paix et de sécurité dans le pays, provoquant ainsi une détérioration du tissu social ainsi qu’une méfiance entre communauté. Le rétablissement d’un environnement global de paix et de sécurité est par conséquent important en vue de permettre à l’Etat de retrouver la plénitude de ses fonctions régaliennes de protection de citoyen afin de poser les bases d’un développement économique et social.
Plusieurs causes et facteurs internes et externes ont contribué à la dégradation de la paix et sécurité en Centrafrique. Ces facteurs s’articulent autour de la mauvaise gouvernance et du non-respect des principes démocratiques, l’absence de la liberté d’expression et la prolifération des armes légères, en passant par la non application des décisions prises et la faiblesse du pouvoir central. Ces causes et facteurs sont également liés à l’enclavement géographique de la République centrafricaine obligée de relever des défis dus à la multiplicité et la porosité de ses frontières avec pour conséquences des infiltrations incontrôlées, l’affluence des réfugiés et bien d’autres conséquences.
Alors six (6) axes stratégique ont été proposés par la
commission comme facteurs potentiels susceptibles de ramener la paix en Centrafrique. Il s’agit de la nécessité d’une paix globale et définitive dans le pays ; la nécessité d’un désarmement global des groupes armés (DDR) et de la population civile y compris avant les élections ; la nécessité d’une réforme de garantir à la population centrafricaine une sécurité physique et humaine; la nécessité d’une réconciliation et d’un apaisement des cœurs et des esprits et de résouder le tissu social ; et il s’agit alors de la nécessité de mettre les femmes au centre du combat pour la paix et la réconciliation.
Thématique Justice et Réconciliation
Sur la question de la Justice et Reconciliation en République centrafricaine, les centrafricains ont exprimé un engouement durant les échanges pour que cette thématique soit résolument traitée comme il se doit. Car cela constitue des instruments privilégiés de sortie de crise. La justice et réconciliation ont été au coeur des préoccupations du peuple centrafricain lors des consultations populaires à la base.
Concernant la justice, les conclusions des consultations populaires à la base ont insisté sur la restructuration de la justice et la réparation des préjudices subis par les victimes. La lecture plus attentive des recommandations populaires va dans le sens des attentes que le peuple appelé à se prononcer au forum national de Bangui pourra retenir des choix éclairés en fonction des options stratégiques. Sur ce point rentes (30) recommandations ont été mentionnées.
Thématique gouvernance
En 2008-2010, la question de la gouvernance en Centrafrique a été inscrite dans le document de stratégie de réduction de la pauvreté. L’application de ce programme constituait un tournant pour le pays afin de faire le saut qualitatif tant attendu caractérisé pour l’essentiel par un Etat de droit respectueux de la légalité; une séparation des pouvoirs; et une transparence dans la gestion des affaires publiques. Mais malheureusement, cette étape a connu de grandes difficultés à cause des multiples conflits militaro-politiques que le pays a vécus. L’analyse du programme met en exergue des forces et des
faiblesses.
Sur cette thématique, il y des recommandations ressorties. Faciliter la tenue des consultations référendaires et électorales inclusives, consensuelles de sortie de crise dans les meilleurs délais et assoir une culture de gouvernance électorale durable en République centrafricaine. Engager la restauration de l’autorité de l’Etat en vue de l’émergence d’une République centrafricaine forte, digne, crédible et respectable. Assurer la protection de la citoyenneté centrafricaine, garantir le libre et l’équitable exercice des droits y relatifs ainsi que la promotion des devoirs citoyens. Affirmer les principes de laïcité et de séparation entre les ordres séculiers et religieux, renforcer la séparation et l’équilibre des pouvoirs institutionnels.
Thématique développement économique et social
Cette thématique du développement économique et social est le quatrième axe de réflexion et de discussion ciblé pour alimenter les travaux du forum. Car le développement expose les fondements d’une dynamique de refondation qui définit la nouvelle configuration architecturale dans laquelle s’intègre la nouvelle vision du développement national de RCA sortie du conflit. Et l’analyse de la crise dans le pays montre que la RCA demeure dans une extrême fragilité.
Les dernières crises politico-militaires déclenchés depuis décembre 2012 jusqu’en 2013 ont détruit les infrastructures économiques et sociales de la République centrafricaine. Les pillages des unités économiques, la précarité alimentaire, naturelles et le gel de financement des projets de développement ont contribué à fragiliser le pays. l’exploitation anarchique des ressources
Bangui, Eric NGABA Pour CNC