Au Forum de Bangui, les travaux ont continué jeudi. Les participants se sont penchés sur l’organisation des élections avec un constat : les délais de juin ou juillet vont être impossibles à tenir. Le président de l'Autorité nationale des élections a dû l'admettre.
Le président de l’Autorité nationale des élections (ANE) est venu présenter jeudi matin un rapport sur l’état des préparatifs du scrutin. Un rapport qui a officialisé ce que tout le monde devinait, à savoir que les élections ne pourront pas avoir lieu dans les nouveaux délais fixés. Elles ne pourront pas avoir lieu avant la fin de la transition prévue pour août.
Un quart seulement du budget total des élections est actuellement réuni.
Quand toutes les promesses de contribution auront été acquittées, il manquera encore 48 % du budget. Face à ces problèmes de moyens, les retards s’accumulent. Le matériel permettant l’enregistrement des électeurs arrivera en juin ou juillet. La formation des personnels concernés par le recensement électoral sera en principe terminée fin juin.
Les faits sont donc là même si le président de l’Autorité nationale des élections hésite à prononcer les mots qui fâchent : « Tenir les délais prévus, cela me paraît assez difficile pour ne pas dire impossible », a-t-il finalement concédé du bout des lèvres, pressé par l’assistance.
Réactions mitigées
Des propos qui tranchent avec le volontarisme affiché jusqu'à il y a peu par les autorités de Bangui. Ces aveux du président de l'ANE ont aussitôt suscité de nombreux commentaires au sein de la classe politique centrafricaine. Notamment, car un nouveau retard des élections obligera à prolonger une deuxième fois la transition.
Le mandat de la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza expirera en août, après le délai supplémentaire de six mois qui a été accordé à la transition par la communauté internationale. Doit-t-elle bénéficier d'une nouvelle prolongation ou faut-il mettre en place une nouvelle équipe ?
Pour Crépin Mboli-Goumba, le président du parti Patrie, Catherine Samba-Panza doit céder la place en août prochain : « La transition a été mise en place pour organiser les élections. C’est un constat d’échec, on doit en tirer toutes les conséquences pour que ces erreurs-là ne puissent pas se répéter et trouver un nouvel exécutif pour pouvoir terminer la transition et organiser les élections », affirme-t-il.
Martin Ziguélé, le président du MLPC (Mouvement de libération du peuple centrafricain), estime pour sa part qu'il faut maintenir en poste l'actuelle équipe de transition jusqu'aux élections. « Je pense qu’il faut faire confiance à l’équipe actuelle, qu’elle mène le pays, qu’on lui donne les moyens et qu’elle prenne l’engagement de tout faire pour que ces élections-là se tiennent dans les meilleurs délais possibles et de préférence avant la fin de l’année », indique-t-il.
Cyriaque Gonda, le président d'une troisième formation, le PNCN ((Parti national pour un Centrafrique nouveau), est d'accord avec l'objectif d'une élection retardée de quelques mois seulement pour avoir lieu en 2015. « Si on tarde à organiser les élections, on court le risque de voir notre crise s’empirer, estime-t-il. Manque de confiance entre nous, autorité illégitime, une transition qui n’est plus une transition temporaire mais une transition permanente. »
Désiré Kolingba, qui dirige le parti RDC (Rassemblement démocratique centrafricain), estime pour sa part que les Centrafricains doivent maintenant se concerter pour trouver ensemble une nouvelle date, et cette fois-ci la proposer eux-mêmes à la communauté internationale.