Au Forum de réconciliation de Bangui, en Centrafrique, après trois jours de travaux en groupes thématiques, la plénière doit débattre à partir de ce samedi 9 mai des propositions faites. Parmi ces propositions, celle de réhabiliter et moderniser les chefferies traditionnelles en tant qu’acteurs de la paix et de la réconciliation. Rencontre avec les sultans venus participer au forum.
Quand la crise a démarré et que ce qui restait d’Etat à l’intérieur du pays s’est effondré, certains chefs traditionnels ont fait en sorte que leur zone ne sombre pas dans l’anarchie. Comme le sultan de Ndélé, dans le nord-est du pays, Senoussi Ibrahim : « Quand les structures étatiques ont disparu, j’ai assumé les fonctions du préfet, sous-préfet, du juge, tout et tout. Et c’est à travers notre sultanat qu’on a pu ramener la paix et la sécurité dans la zone à Ndélé, et activer même la cohésion sociale. Si je ne [suis] pas là, c’est la pagaille qui va s’installer et on ne va plus respecter personne parce qu’il n’y a pas d’autorité dans la localité. »
Maintenant que le pays essaie de sortir de cette crise, les chefs traditionnels disent qu’ils peuvent accompagner la reconstruction grâce notamment à la justice traditionnelle, une justice qui peut permettre de faire fonctionner des structures d’arbitrage dans le désert judiciaire de l’intérieur du pays. Maxime-Faustin Mbringa Takama est le sultan de Bangassou, dans la préfecture de Mbomou au Sud, sur le fleuve : « L’appareil judiciaire dans le Mbomou existe, mais il est impuissant parce qu’il est limité en termes de ressources. La justice n’est pas proche des populations. Ce sont les populations voyant cette déficience qui m’ont interpelé pour mettre en place au moins un premier palier de justice locale. Et c’est le sultan qui va faire le transfert des dossiers à l’appareil judiciaire officiel. »
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