Je sais ce qui s’est passé ici et c’est pourquoi me voilà.
Quelles que soient les communautés, communions dans la même ardeur tenons-nous par la main. Il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des centrafricains.
Je prends acte au nom de la Centrafrique et je déclare, qu’à partir d’aujourd’hui qu’il faut ouvrir une voie qui, jusqu’ à présent, était fermée.
Cela signifie qu’il faut donner les moyens de vivre à ceux qui ne les ont pas il faut reconnaître la dignité de ceux qui ne l’ont plus.
Cela veut dire qu’il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient douter d’en avoir une.
Que tous ceux qui croient en la Centrafrique, puissent participer en masse à cet immense élan de reconstruction.
Puissent ils même y participer ceux qui, par désespoir, ont cru devoir mener sur ce sol un combat dont je reconnais, moi, qu’il est courageux…car le courage ne manque pas sur la terre centrafricaine, qu’il est courageux mais qu’il n’en est pas moins cruel et fratricide !
Jamais plus qu’ici et jamais plus que ce jour, je n’ai compris combien c’est beau, combien c’est grand, combien c’est généreux, la Centrafrique !
Car l’immense effort de redressement de refaire l’État, de maintenir l’unité nationale, de reconstituer notre puissance, de rétablir notre rang ;
Par l’aventure odieuse et stupide d’insurgés en Centrafrique, voici l’État bafoué, la Nation défiée, notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle en Afrique compromis.
Par qui ? Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c’était la raison d’être, et d’obéir.
Au nom de la Centrafrique, je demande que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer partout la route à ces hommes-là.
J’interdis à tous les Centrafricains et, d’abord, à tout militaire de n’exécuter aucun de leurs ordres. L’avenir des usurpateurs ne doit être que celui que leur destine la rigueur des lois devant le malheur qui plane sur la patrie et la menace qui pèse sur la République
Devant une telle situation, dont tout donne, hélas ! à penser qu’elle va aller en s’aggravant
A moins que l’univers ne roule vers la catastrophe, seul un accord politique peut rétablir la paix ; il est encore temps d’espérer.
J’ai donc pris la décision de mettre nos affaires en ordre réellement et profondément.
Demain, nous appliquerons tout un ensemble de mesures financières, économiques, sociales, qui établiront la nation sur une base de vérité et de sévérité, la seule qui puisse lui permettre de bâtir sa prospérité.
Je ne cache pas que notre pays va se trouver quelque temps à l’épreuve.
Au point de vue des charges publiques, rien ne saurait être accepté qui aboutisse à l’inflation. Mais, en même temps, tout doit être fait pour poursuivre, et même pour accroître, les investissements qui commandent notre avenir, soit dans le domaine social : logements, écoles, hôpitaux, soit dans le domaine économique : énergie, équipement, communications.
En outre, nous allons entreprendre de transformer la Centrafrique tandis qu’avancera la pacification.
Enfin, nous ne pouvons pas, dans l’état où est Centrafrique, nous dispenser d’une force militaire importante. Toutes ces obligations, jointes aux dépenses normales de l’État, comporteraient, si nous laissions aller les choses, à un déficit trop important. Il n’y a rien d’autre à faire que de développer le secteur minier. C’est ce qui est décidé.
Dans le monde d’aujourd’hui, rien ne vaut que par comparaison. Or, nous sommes actuellement, vis-à-vis de l’extérieur, dans une situation économique diminuée. Empêchés d’importer et d’exporter suffisamment, endettés, privés de crédit, alors que nos produits, sont à hauteur de toutes les concurrences, nous sommes loin d’atteindre au large niveau d’échanges qui développerait notre activité.
Nous réussirons ensemble la grande entreprise nationale de redressement financier et économique. C’est l’étape sur la route qui nous mène vers les sommets C’est le vœu que j’adresse à toutes les Centrafricaines et à tous les Centrafricains.
Elie DOTE