L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a réclamé vendredi une "enquête impartiale" sur la manière dont ont été traitées par l'ONU les accusations de viols d'enfants portées contre des soldats français en Centrafrique.
Cette enquête, a-t-elle expliqué, devrait se concentrer sur la rapidité avec laquelle les accusations ont été transmises aux autorités compétentes et avec laquelle celles-ci ont réagi, ainsi que sur la nécessaire protection de l'anonymat des victimes et des témoins.
"Cette enquête impartiale doit être menée rapidement", a affirmé à la presse Mme Power. "Il faut que tous les individus, à la fois dans les Etats membres eux-mêmes et à l'intérieur de l'administration de l'ONU, qui ont été impliqués dans le traitement de ces graves accusations, se fassent connaître et révèlent tout ce qu'ils savent".
Cette enquête devra porter "sur la rapidité et sur la question de la protection des victimes et des témoins", a-t-elle précisé.
Elle a qualifié les accusations, contenues dans un rapport de l'ONU, de "très crédibles et très troublantes" et a demandé que les pays concernés "agissent avec énergie pour déterminer les faits et punir tous les responsables".
Outre la France, le rapport de l'ONU met en cause des soldats tchadiens et de Guinée équatoriale, selon une ONG qui a eu accès au document.
Interrogé sur ces propos, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a estimé que le plus urgent était de "s'assurer que justice soit rendue pour les victimes de ces viols présumés". "Il faudra à un moment ou un autre examiner comment cette affaire a été traitée", a-t-il ajouté.
Les autorités françaises ont ouvert une enquête fin juillet 2014, après avoir été saisies du rapport de l'ONU transmis à la mi-juillet par un fonctionnaire du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Anders Kompass.
Ce dernier est sous le coup d'une enquête interne pour avoir fait fuiter le rapport sans en expurger les éléments permettant d'identifier victimes et témoins.
Selon une source judiciaire française, 14 soldats français sont mis en cause dans cette affaire, dont "très peu" ont été identifiés.
Cette enquête, menée par le Parquet de Paris, est restée secrète jusqu'à ce qu'un article du quotidien britannique The Guardian révèle l'affaire la semaine dernière.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein a estimé vendredi que la France avait tardé à ouvrir son enquête.
Les viols dénoncés dans le rapport de l'ONU auraient eu lieu entre décembre 2013 et juin 2014, alors que la France menait en RCA l'opération militaire Sangaris et que l'ONU n'avait pas encore déployé dans le pays les Casques bleus de la Minusca.