La session plénière qui a débuté le samedi 9 mai a permis aux différentes entités, regroupées en commissions thématiques, d’exposer leurs recommandations. Les plus importantes portent sur la justice, la restructuration de l’armée, la signature d’un nouvel accord de paix et l’échéance électorale.
Le forum de Bangui a mis autour d’une même table des frères ennemis centrafricains d’hier. Après les séquences de témoignages et des discussions portant sur le fond de la crise dans ce pays, les participants à la grand-messe ont déposé ce week-end leurs avis pour sortir la Centrafrique du chaos.
Les débats en commissions thématiques ont été particulièrement houleux. Au sujet de la tenue prochaine des échéances électorales, l’incertitude plane encore sur le respect des délais. Pourtant, à l’ouverture du forum, le message de la communauté internationale était clair : « En même temps que le peuple centrafricain, tous nos partenaires requièrent que les élections aient lieu dans les délais prévus afin que la transition ne déborde plus de l’ultime terme qui lui a été prescrit », avait recommandé le médiateur congolais, Denis Sassou-N’Guesso.
Le président de l’Autorité nationale des élections (ANE) a présenté, le jeudi 7 mai, le rapport de son administration sur l’état des préparatifs des futures élections. « Les élections ne pourront pas avoir lieu dans les nouveaux délais fixés. Elles ne pourront pas avoir lieu avant la fin de la transition prévue pour août. Un quart seulement du budget total des élections est actuellement réuni », a expliqué le Dieudonné Kombo Yaya.
S’agissant de la Défense et de la Sécurité, les points de vue sont presque unanimes : « Le Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des ex-combattants, la création d’une armée casernée dans les frontières, une armée apolitique et représentative ». Si le pays s’est retrouvé dans cette ornière, admettent les délégués, c’est parce que le secteur de Défense et de Sécurité s’est effondré depuis quelques décennies.
Ce lundi 11 mai, les délégués au forum vont présenter leurs propositions. Gouvernance, justice et social, tels sont les axes. La crise que traverse le pays a entraîné le déclin de l’État centrafricain même si à l’intérieur du pays, l’autorité des chefs traditionnels a permis de maintenir un certain équilibre sociocommunautaire. « Quand les structures étatiques ont disparu, j’ai assumé les fonctions de préfet, sous-préfet, de juge, tout et tout. Et c’est à travers notre sultanat qu’on a pu ramener la paix et la sécurité à Ndélé et activer même la cohésion sociale. Si je n’étais pas là, la pagaille allait s’installer et on ne allait plus respecter personne parce qu’il n’y a pas d’autorité dans la localité », a témoigné le sultan de Ndélé (nord-est), Senoussi Ibrahim.
Quant au sultan de Vakaga, dans l’extrême nord de la Centrafrique (environ 1200 km de Bangui), Ahmad Moustapha Am-Gabo, il réclame la prise en compte des ressortissants de sa région : « Nous sommes prêts à rester en Centrafrique, à condition qu’ils nous donnent, tout comme dans les autres préfectures, les routes, des écoles, des hôpitaux… »
Le forum de réconciliation entre fils et fille de la RCA, qui prend fin ce lundi, a été un évènement riche et émouvant. Les échanges entre protagonistes ont été quelque fois énergiques, reconnaît Joseph Bindoumi de la ligue des droits de l’homme, mais « tout le monde a fait montre de patriotisme ». « Des participants ont accepté la cessation de toutes les violences, d’autres encore ont demandé des garanties avant le désarmement.
En tout état de cause, malgré la colère et les mésententes, tout le monde est en train de progresser vers l’acceptation de la paix », a confié Joseph Bindoumi, cité par le réseau des journalistes pour les droits de l’homme.
Fiacre Kombo