« Que Catherine Samba-Panza s’en aille aujourd’hui même et que reviennent Bozizé et Djotodia. Nous voici ensemble Séléka et Antibalaka ici présent, nous voulons plus que tout la démission de Samba-Panza pour que la paix revienne dans notre pays », telles sont les phrases qui courent les lèvres de manifestants issus des principaux groupes armés centrafricains rencontrés ce matin 11 mai 2015 devant le parlement transitoire centrafricain.
Devant un lourd dispositif de blindés et de fourgons onusiens déployés au Palais du parlement transitoire pour le bon déroulement des cérémonies de clôture du forum de Bangui ce lundi, plusieurs centaines de jeunes Banguissois aux allures embrigadées, sachets de petits whisky, bouteilles de bières locales et armes blanches en main, auto identifiés comme Antibalaka et combattants de l’ex-Séléka, deux principaux groupes armés rivaux, ont manifestés comme un seul homme devant le siège du Conseil National de Transition (CNT) pour exiger le départ de la présidente Catherine Samba-Panza, le retour des anciens Chefs d’Etat François Bozizé et Michel Djotodia, absents au récent dialogue national, et aussi la libération de tous leurs frères d’armes arrêtés par les forces de l’ordre pour leurs probables rôles dans la montée de l’insécurité dans certaines parties du pays.
« Antibalaka et Séléka solidaires, c’est quand même un signal fort ! » a reconnu un policier congolais portant le casque et le brassard des nations unies après perception d’un antibalaka tendant un bâton de cigarette à un ex-séléka.
Un manifestant a accepté de nous répondre mais sous l’anonymat. « Catherine Samba-Panza n’a pas de culture de paix, elle a mis en prison plusieurs de nos frères sous de faux prétextes, elle a aussi exclu Bozizé et Djotodia du forum dont-ils devraient être les principaux acteurs. Pour ces raisons nous ne voulons pas d’elle, qu’une autre personne poursuive la présidence de la transition à sa place. Nous empêcherons Samba-Panza de sortir de cette salle, et les invités avec elle, soit nous allons réduire tout en flamme soit elle démission », a-t-il justifié leur descente dans la rue.
Sur de nombreux morceaux de cartons brandis par les jeunes manifestants l’on pouvait lire : « Retour de nos deux chefs d’Etat pour la paix » ou « Démission Samba-Panza » ou encore « Départ de Samba-Panza et Gouvernement, retour de Bozizé et Djotodia ».
Les manifestations devant le siège du CNT ont duré plus de six heures, boquant ainsi la circulation sur l’Avenue de l’Indépendance. D’autres manifestants ont érigé, un peu plus loin, des barrières sur certaines artères de la capitale particulièrement sur l’Avenue des Martyrs, menant à l’Aéroport International de Bangui.
Aux environs de 16 heures 30 minutes les manœuvres de balayages de la Minusca ont tourné à des brefs échanges de tirs d'armes légères et lourdes entre les forces mandatées par l’Onu pour la sécurisation de la Centrafrique et les bandes armées manifestantes, aucun bilan humain et matériel signalé.
Approximativement 15 minutes après, la Minusca a très vite dégagé la circulation devant l’hémicycle du CNT et remis de l'ordre, laissant libre voie aux invités et autres assistants à la clôture du forum de Bangui de quitter précipitament les lieux dans des cortèges armés.
Les autorités de Bangui ne se sont encore prononcées sur cet incident. Beaucoup estime que la nuit pourrait être très agitée à Bangui, certaines forces de l'ordre pensent le contraire
Johnny Yannick Nalimo