Plusieurs centaines de personnes, dont certaines en tenue militaire, ont érigé mardi des barricades dans la capitale centrafricaine pour protester contre les décisions du Forum de réconciliation de Bangui et demander le départ de la présidente de transition, a constaté un journaliste de l'AFP.
A sa clôture lundi, le forum - réunissant près de 600 délégués devant proposer une sortie de crise au pays - a appelé les autorités à demander une "prorogation à titre exceptionnel de la transition" auprès de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale, et donc le report des élections réclamées par la communauté internationale et censées se tenir avant août 2015.
Les délégués du forum n'ont fixé aucune échéance pour la tenue des scrutins législatifs et présidentiel, mais la présidente de la transition Catherine Samba Panza a prévenu que "ces élections devraient se tenir au plus tard d'ici la fin de l'année 2015".
Mardi, les manifestants ont incendié des pneus et placé toutes sortes d'objets sur les deux principales avenues du nord de Bangui et sur la route de l'aéroport.
Ils se revendiquaient des milices anti-balaka (majoritairement chrétiennes), mais des responsables du mouvement ont rejeté toute participation à cette manifestation, estimant qu'il s'agissait de jeunes incontrôlés, "manipulés par des personnes invisibles".
Les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants et rétabli la circulation dans l'après-midi.
Le ministre de la Sécurité publique, Nicaise Samedi Karnou, a affirmé qu'il s'agissait d'une entreprise de "déstabilisation des institutions de la République". "Ne l'ayant pas obtenu au Forum national de Bangui", ces "individus" ont "opté pour une manipulation d'une frange des jeunes", a-t-il accusé.
Lundi matin, quelques dizaines de manifestants, s'opposant à la prolongation de la transition, avaient brandi devant le forum des pancartes, demandant la démission de la présidente. Dans l'après-midi, des tirs d'origine indéterminée ont été entendus dans la capitale, provoquant des mouvements de panique dans certains quartiers.
La Centrafrique traverse une crise sans précédent depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par Michel Djotodia, à la tête d'une rébellion à dominante musulmane, la Séléka. Les exactions commises par la Séléka contre les populations majoritairement chrétiennes ont ensuite débouché sur la création de milices d'autodéfense, les anti-balaka, qui s'en sont alors pris aux civils musulmans.
Ces violences ont entraîné l'intervention miliaire de la France, ancienne puissance coloniale, avec son opération Sangaris. Une force onusienne est également déployée dans le pays.