Le gouvernement de transition a dénoncé ce mardi les manifestations qui ont éclaté hier devant le siège du Conseil national de transition (CNT, le parlement provisoire) à la clôture du Forum national de Bangui. Le ministre de la Sécurité publique, Nicaise Samedi Karmou, qualifie les auteurs de ces actes de groupe de jeunes manipulés par des individus connus par les services de police et de gendarmerie. « Ces personnes sont connues. Les dispositions sont prises par mon département, elles seront interpellées afin de rendre compte. Je tiens à rappeler qu'après le Forum de Bangui, il y aura zéro tolérance », a rassuré Nicaise Samedi Karnou.
« Je tiens ici à informer le peuple centrafricain qu'il y a un groupuscule d'individus qui avait une autre vision de déstabilisation des institutions de la République. Ne l'ayant pas obtenu au Forum national de Bangui, (…) ces individus ont opté pour une manipulation d'une frange des jeunes. Ils ont acheté les drogues, les ont distribués pour pouvoir semer dans leur tête un comportement déshonorant au moment où, l'ensemble de la communauté internationale s'est engagé d'aider le peuple centrafricain, enfin avec la ferme volonté des groupes armés des ex-Séléka, des ex-Antibalaka qui, aujourd'hui, sont acceptés comme partie intégrante dans l'accord de DDR pour servir la nation », a expliqué le membre du gouvernement de transition.
Le ministre Karnou appelle par ailleurs la population de la capitale au calme et à la vigilance. Il affirme que les auteurs de cet acte sont décelés par son département. « La police, la gendarmerie, avec les forces internationales, sont à pied d’œuvre pour pouvoir assurer leur sécurité. Je leur demande de contribuer efficacement, d'accepter nos éléments de police, de gendarmerie et les forces internationales, de les appuyer afin que nous puissions leur donner la chance de vivre en paix », a averti le ministre.
Accusé d’être l'instigateur des troubles d'hier, le lieutenant Yvon Konaté des Antibalaka, qui n'a pas voulu se prononcer sur la question, dit ne pas se reconnaitre dans les accusations.
De son côté, l’UFDR Fondamentale du général Abdelkader Kalil, justifie les manifestations d’hier devant le siège du CNT par une expression de frustrations de la part des ex-combattants Séléka. Les manifestants avaient été présentés comme des éléments proches de la branche de l’UFDR Fondamentale que dirige aujourd’hui l'ex-officier Séléka.
Pour Abdelkader Kalil, les autorités de transition n’ont pas reconnu leurs efforts d’intégration dans le processus de la paix en les écartant de la signature de l’accord du DDRR obtenue en marge du Forum de Bangui.
« Au niveau de l'UFDR Fondamentale, nous avons saisi le gouvernement et l'opinion internationale qui nous ont confirmé que nous devons entrer dans le processus DDRR. Or, des individus qui hier, ont roulé l'ex-président Michel Djotodia dans la farine, l'incitant à torturer le peuple centrafricain, ont créé d'autres mouvements pour tromper la vigilance du gouvernement. S'il y a des ennemis de la paix qui veulent tromper le gouvernement, il appartient au gouvernement de prendre ses responsabilités.
En tout cas, cela ne change rien dans nos actions. Je demande aux militants de l'UFDR Fondamentale de garder leur calme », a déclaré Abdelkader Kalil dans une interview exclusive accordée mardi à RNL.
Hier, la clôture du Forum de Bangui a été entachée de crépitements d'armes. Près de 300 manifestants se sont rassemblés devant le CNT pour réclamer la démission de Catherine Samba-Panza et exiger la libération des Séléka et Antibalaka arrêtés.
Des explosions de grenades et des tirs à l'arme automatique ont été entendus. Les Casques bleus de la Minusca ont effectué des tirs de sommation pour disperser les manifestants. Une situation qui a créé la panique, ralentissant du coup la circulation sur l'avenue de l'indépendance, principal artère menant du point zéro au Pk12 à la sortie nord de Bangui.
Mardi matin, la situation semble se rétablir et les véhicules de transports en commun ont commencé à emprunter cet axe.