Voilà un programme qui peut relancer l’économie et l’emploi et fournir des revenus à l’État. Il rentre dans la vieille culture du programme d’ajustement structurel (P A S) des années 80-90.
Tout comme la télécommunication qui est passée à la privatisation en renforçant le secteur privé avec 4 opérateurs privés, cette privatisation a créé de la concurrence qui a permis de faire chuter les prix de communication et créer des centaines d’emplois. Et ART (Agence de Régularisation de la Télécommunication) la structure de régulation et du contrôle de la télécommunication, au titre de sa responsabilité de gestion du patrimoine de l’État, perçoit des redevances mensuelles très importantes qui devraient renflouer les caisses de l’État. Il faut le dire au passage, que lors de cette privatisation, les « autorités » de l’époque ont empoché des milliards de FCFA en prix de cession. Cet argent aurait pu être investi dans le développement du secteur et autres infrastructures.
La gestion de la SODECA et de l’ÉNERCA est des plus désastreuses. Elle est caractérisée par de nombreuses difficultés. Même pour l’établissement des comptes annuels de la société, ces deux sociétés sont en retard de plusieurs années, vous pouvez y imaginer. Ce retard traduit immanquablement des difficultés énormes de tout ordre que ces sociétés ne peuvent surmonter. Déficits chroniques, lourdes dettes chroniques, créances irrécouvrables chroniques, coûts salariaux des plus élevés, baisse de revenus et des activités, du personnel immense avec un pléthore de cadres et moins d’ouvriers; on dirait ceci, les Chefs sapeurs pompiers sont nombreux que les sapeurs pompiers qui éteignent le feu.
Ajouter à toute cette armure, les fraudes, les vols, les détournements, les incompétences internes, les impondérations organisationnelles et managériales, les ponctions financières à des fins personnelles et clientélistes parce que leurs dirigeants sont obligés de verser des sinécures à ceux qui les ont nommé à la tête de ces sociétés. Ces entreprises n’investissent plus et crèvent le budget de l’État. Pour les redresser au moins, la solution ne viendra que d’un professionnel extérieur à qualité de manager et organisateur.
Pour sortir ces sociétés, l’État n’a pas de choix et aussi dans la crise qui prévaut l’État doit se mettre au régime pour être efficace. Pour mieux être, un État modeste. Il faut dire que la privatisation n’arrête pas cependant le rôle entrepreneur de l’État dans un pays comme le nôtre où l’État a un rôle magistral à jouer dans la vie économique du pays.
Des voix vont se lever pour dénoncer la liquidation de ces sociétés stratégiques méprisant les intérêts nationaux. Mais Il y a des voies pour garantir tous les intérêts nationaux, éviter le choc social surtout la crainte des salariés pour leur emploi et puis de faire de telle sorte que la privatisation aboutisse à la performance de ces deux sociétés.
En effet, il existe des limites réelles à l’action des pouvoirs publics sur ces sociétés. Les Dirigeants souvent nommés par népotisme ou par intérêt politique dorment sur leurs lauriers et ne font aucun effort pour rendre ces sociétés rentables parce qu’ils sont ignorants de la notion du profit, généralement nécessaire pour renouveler et augmenter les investissements, poursuivre la mission du service public et régler le problème du chômage si cher à l’État. Elles subissent des pertes qui occasionnent des déficits et le recours à l’endettement devient récurrent pour faire face aux déséquilibres.
Et c’est l’État qui se porte garant de leur endettement. Ces sociétés pourtant soumises à OHADA et au nouveau code du travail centrafricain devraient être gérées en toute rigueur de rentabilité.
Pour lever toutes ces contraintes et chercher l’efficacité, la privatisation est la voie avantageuse. Les avantages économiques que comporte la privatisation sont importants entre autres: l’amélioration des finances de l’État, l’augmentation de la performance de ces sociétés, le renforcement du secteur privé à la vie économique et l’appropriation du management par les nationaux.
Pour ce faire, un cadre institutionnel pourra être mis en place pour partager les responsabilités des différentes parties.
Dans le cas de l’ÉNERCA, l’État peut garder la définition de la stratégie de la production de l’énergie et le contrôle technique, et céder aux privés le transport, la distribution et la commercialisation.
Dans le cas de la SODECA, l’État propriétaire du patrimoine, sera exemple chargé de la politique de développement du secteur eau, l’extension et renouvellement des ouvrages, le contrôle technique, la fixation du prix et, céder aux privés la distribution et la commercialisation.
La Côte D’Ivoire a réussi dans ces transactions, on peut s’en inspirer.
Robert ENZA, Entrepreneur politique.