Dans le but de promouvoir le développement du tourisme, des arts et de la culture en République centrafricaine, madame Mauricette Psimhis, chef de ce département a accordé une interview à Diaspora Magazine le 15 mai 2015 à son cabinet afin de présenter son programme.
Diaspora magazine : Vous venez d’être nommée ministre du Tourisme. Quelles sont vos premières impressions ?
Mauricette Psimhis : Ce ministère est un grand département avec trois secteurs : celui du Tourisme, des Arts et de la Culture et enfin celui de l’Artisanat. Ce sont des domaines assez spécifiques qui sous tendent un peu l’économie de la RCA, notamment l’artisanat avec 4% du PIB. Donc, c’est quand même des secteurs importants. Cependant avec les crises que notre pays a connues ces derniers temps, le tourisme qui est une activité qui a besoin de sécurité a connu un frein du fait des crises militaro-politiques.
Quelles sont, aujourd’hui, les difficultés que rencontre votre département ?
C’est d’abord les difficultés que connait le pays. Sur le plan sécuritaire pour avoir des touristes, il faut avoir un pays calme. Un pays qui attire. A ce niveau là, tant que la situation ne se sera pas calmée, on ne peut pas faire des projets d’envergure. Donc, aujourd’hui avec le gouvernement de la transition dirigé par le Premier ministre Mahamat Kamoun sous l’impulsion de son excellence madame la présidente Catherine Samba Panza, nous mettons en œuvre l’architecture de ce que sera notre département après la transition.
Donc, on met en place le cadre légal, on élabore les grandes lignes d’activités pour sortir les projets qui seront des projets types et des projets prioritaires afin de relancer les différents domaines du tourisme, des arts et de la culture ainsi que de l’artisanat sachant que la culture est transversale. Elle entre en ligne de compte dans la refondation de notre pays parce que la culture est une activité qui permet aux Centrafricains de renouer avec leur identité.
La plupart des sites touristiques ne fonctionnent plus. Des braconniers étrangers ont envahi notre territoire. Des dispositions sont-elles prises pour arrêter cette hémorragie ?
Oui. C’est surtout des dispositions sécuritaires. Depuis quelques temps les forces internationales présentes en République centrafricaine on été déployées sur tout le territoire. C’est déjà une première phase pour sécuriser le pays et les différents sites. Mais il n’y a pas que les sites. La première des choses, c’est d’abord de libérer les zones, rétablir l’autorité de l’Etat. Une fois que l’autorité de l’Etat est rétablie, on peut maintenant commencer à envisager de sécuriser les sites touristiques et bien sûr, toutes les activités qui tournent autour du tourisme.
En quoi le Forum national de Bangui qui vient de s’achever peut-il être bénéfique au département que vous dirigez ?
Le Forum national de Bangui qui vient de s’achever, à mon sens, est porteur pour le département que nous avons parce que la crise ou la série des crises que nous avons connues trouvent sa source dans les difficultés et également dans le manque d’identité culturelle que les Centrafricains ressentent aujourd’hui. Donc, ce Forum était nécessaire pour que les Centrafricains se retrouvent pour parler et débattre des sujets qui leur sont chers et surtout qu’ils puissent essayer ensemble de refonder la nation en commençant d’abord par la culture et par l’identité du Centrafricain.
Le village artisanal que vous avez présenté au forum a créé une grande sensation. Peut –on envisager la pérennisation et l’extension de cette expérience au niveau des parcs nationaux ?
Effectivement, nous avons pris l’initiative de créer ce village culturel et nous avons été appuyée dans nos démarches par la présidente de la République parce qu’il fallait des endroits où les Centrafricains puissent se retrouver. Où ils puissent sentir qu’ils sont Centrafricains. Et pour cela, nous avons demandé à tous les artisans, les artistes et tous les compteurs de venir s’exprimer. Donc, beaucoup d’activités ont eu lieu : des danses traditionnelles, des dégustations des mets de nos 16 préfectures qui se sont retrouvés. C’est ce qui a créé cet engouement parce qu’à travers ce village, les Centrafricains ont vu quelle était leur culture et leurs racines. Je pense que l’engouement vient de là. Pour l’instant nous avons prévu une semaine. Cette semaine là s’était passée avec beaucoup de plaisirs pour les populations centrafricaines et pour nous également, parce que nous nous attendions à quelque chose mais pas ce succès et nous allons voir si nous pouvons la renouveler sur Bangui et ensuite quand le pays sera sécurisé, nous essayerons de l’étendre aux différentes provinces. Parce que l’artisanal qui est la culture de l’Ombella M’Poko n’est pas celle de la Vakaga, celle de la Lobaye ou celle de la Haute Kotto. Ça serait bien que l’on puisse amener une caravane culturelle dans les différentes régions pour enrichir notre manifestation déjà au niveau de la RCA et pour enfin l’exporter au niveau de l’étranger, pourquoi pas !
Les relations entre les départements des Eaux et Forêts et le vôtre sont-elles au beau fixe ?
Oui. Nous travaillons en bonne intelligence surtout que nos domaines se chevauchent. Nous avons des sites comme celui de Bayanga qui se trouvent dans les fiefs des Eaux et Forêts et en général nous travaillons avec les services des Eaux et Forêts parce que nos domaines sont différents mais en rapport dans la mesure où ce sont des réserves d’animaux. Il faut développer l’activité de des Eaux et Forêts en bonne intelligence avec la faune et la flore. Donc, nous avons de très bonnes relations bien sûr.
Votre ministère n’est pas très connu du grand public. Avez-vous un plan de vulgarisation ?
Nous sommes en train de faire un plan d’action du ministère. Alors le ministère tel qu’il est aujourd’hui date de 2014. Celui de la Jeunesse et des Sports avait à l’époque la Culture et l’Artisanat qui étaient au Commerce. Donc, c’est une première fois d’avoir un grand ministère de ce type. Nous sommes en train de faire un plan d’action sectoriel, nous allons remonter dans un plan unique pour notre département et toujours sous le couvert du SRP qui est un espace créé dans le cadre de la transition. Nous avons un premier cadre réglementaire et nous essayons de faire une sorte de programme d’action générale. Dans ce cadre, nous avons prévu un plan de communication pour vulgariser tout ce qui concerne les activités des artisans et des artistes parce que qui dit artiste dit communication et également pour communiquer sur ce que nous faisons au niveau du touristique. Parce que si on veut avoir des touristes, il faut qu’ils sachent ce qui se fait en RCA. C’est donc nécessaire de communiquer là-dessus.
Votre dernier mot.
Je vous remercie d’avoir pensé à venir dans notre département pour nous poser cette série de questions. Je pense que nous sommes un département
qui a beaucoup de choses à faire et à dire et nous avons notre rôle dans la refondation de la RCA. A mon avis, la culture est vectrice de paix et de cohésion sociale. Et je pense que nous avons un grand rôle à jouer.
Herve Serefio