Plus que jamais, les Centrafricains ont besoin d’être humbles pour retrouver la force de l’amour », a déclaré l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga. Le président de la Conférence épiscopale centrafricaine était en visite à Rome, vendredi 15 mai, avec les autres évêques de son pays.
« Nous avons eu des conflits mais maintenant est venu le temps de s’asseoir, de se regarder les yeux dans les yeux afin que chacun prenne ses responsabilités et de s’offrir réciproquement la réconciliation et la réparation des torts subis. Il n’est pas possible de vivre dans l’amertume, la haine et la rancœur », affirme-t-il dans un entretien accordé à l’agence missionnaire Fides. L’archevêque encourage les Centrafricains à tout mettre en œuvre pour « guérir ».
Pays fragilisé
« Pour ce faire, il faut être humbles et avoir le courage de dire :’j’ai fait du mal à d’autres personnes’», poursuit-il. Il décrit un pays profondément fragilisé, après plusieurs mois de guerre civile. « Nous avons encore des Centrafricains à l’intérieur de notre pays et dans les États voisins qui dorment dans les rues ou dans les églises et des Centrafricains qui vivent encore dans la peur parce que différents groupes ont conservé leurs armes. »
Comme il en a l’habitude depuis plusieurs mois, il réfute également toute interprétation qui tendrait à faire de la guerre civile qui a secoué le pays une guerre de religion. « L’imam Layana a été mon hôte pendant cinq mois, insiste-t-il. Nous avons partagé la même table et la même vision de l’état des choses. Nous avons défendu la même cause, celle de défendre l’homme centrafricain, et nous avons aidé ceux qui étaient en difficulté. »
Infiltrations djihadistes
Enfin, il n’écarte pas la possibilité de « l’infiltration en Centrafrique du djihadisme ». Raison de plus, selon l’archevêque de Bangui, pour défendre l’unité à tout prix. « Si nous ne sommes pas unis dans notre pays, d’autres problèmes tels que le djihadisme prendront pied près de nous pour détruire et déstabiliser les valeurs de notre peuple. »
La Centrafrique s’est retrouvée en plein chaos après le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par Michel Djotodia, à la tête d’une rébellion à dominante musulmane, la Séléka.
900 000 déplacés
Les exactions commises par la Séléka dès son arrivée au pouvoir contre les populations majoritairement chrétiennes ont ensuite débouché sur la création de milices d’autodéfense, les anti-balaka, qui s’en sont alors pris aux civils musulmans, plongeant le pays dans une grave crise, sans précédent.
Des violences contre les civils qui ont entraîné l’opération Sangaris des forces françaises en décembre 2013, toujours présentes dans le pays ainsi que la force onusienne Minusca.
Plus de la moitié des 4,6 millions de Centrafricains vit dans une extrême pauvreté et près de 900 000 personnes ont été déplacées dans le pays depuis décembre 2013.
L. B. S. (avec Fides)