Le processus du Désarmement – démobilisation – réinsertion – rapatriement des ex-combattants (DDRR) des groupes armés actifs sur le territoire centrafricain n’est pas encore effectif. Aussi, à peine signé le 10 mai dernier, l’Accord de désarmement a été contesté par les Anti-balaka ainsi que par l’une des factions dissidentes de la Séléka, notamment le Front populaire pour la reconstruction de Centrafrique (FPRC). Autant d’indices de menaces sécuritaires qui pèsent sur les échéances électorales devant sanctionner la fin de la transition avant la fin de l’année 2015.
Face à cette situation, la Minusca se veut rassurante à plus d’un titre. « Je voudrais rassurer la population centrafricaine de la sécurisation des prochaines élections. Nous ne pouvons pas vous le cacher, il a été créé une cellule au sein de la Minusca qui s’occupe uniquement de la sécurisation des élections. Tout sera mis en œuvre par cette structure pour que les conditions de sécurité ne puissent pas être évoquées pour justifier la non-tenue des élections. En attendant, je dois vous dire, en même temps, que la sécurité n’est pas seulement la présence des militaires, mais c’est un état psychologique de la population, c’est également la cohésion sociale comme les populations de la ville de Bambari ont démontré, mardi dernier, en s’embrassant, musulmans et chrétiens. » a annoncé, le mercredi 20 mai 2015, Hamadoun Touré, Porte-parole de la Minusca, au cours de la conférence de presse animée au siège de la Minusca à Bangui.
Adolph Manirakiza, Porte-parole de la force militaire de la Minusca ajoute que « La cartographie sécuritaire est plus que jamais rassurante. Par rapport à la situation précédente, je puis vous confirmer aujourd’hui qu’on est dans la bonne position. Dans tout le secteur Nord-est du pays, jusqu’à Birao, il y a de nouveaux déploiements qui sont en cours pour assurer la sécurisation des zones encore non couvertes. Par contre, dans les régions du Centre-ouest la Minusca a déjà des positions statiques et les quelques zones qui ne sont pas encore occupées, le seront dans très bientôt. » Quant au Colonel Frank Gnapié, Porte-parole de la police de la Minusca, il a fait savoir que jusque-là, la composante police de la force onusienne n’est présente qu’à Bangui et à Bria. Mais, compte tenu des élections qui s’annoncent à grand pas, des dispositions sont en train d’être prises pour la sécurisation de ces élections.
Hamadoun Touré a, en outre, affirmé le soutien de la Minusca à la viabilisation des infrastructures pénitentiaires. « Dans le même ordre de l’extension de l’autorité de l’État en matière judiciaire et pénitentiaire, la Minusca travaille à matérialiser son projet de réhabilitation d’une site de détention provisoire à Bria. A Bossembélé, une mission d’évaluation des travaux de réhabilitation du Tribunal de Grande Instance a été effectuée et une évaluation de la maison d’arrêt de la ville a été faite. Une étude de faisabilité d’un projet de réhabilitation de cet établissement est actuellement en cours. » a-t-il affirmé avant d’annoncer que « Dans le cadre de la mise sur pied de la Cours Pénale Spéciale, une équipe d’experts en charge d’évaluer le coût opérationnel de cette structure est à pied d’œuvre à Bangui depuis une semaine. Sa mission est de préparer un budget en vue d’aider à la levée de fonds pour rendre cette Cour fonctionnelle. »
Rappelons que mardi 19 mai dernier, 56 membres de l’Autorité nationale des élections (ANE) de la ville de Bangui ont prêté serment au Tribunal de Grande instance de Bangui, en vue du lancement prochain du processus d’organisation des élections en Centrafrique. A l’occasion, le procureur de la République, Ghislain Grézenguet dans son réquisitoire a rappelé les grandes responsabilités qui pèsent sur eux, entre autres, de superviser des élections incontestables, d’être impartial afin de permettre au pays d’avoir des nouvelles autorités démocratiquement élues.
Deux faits marquants : d’abord, quinze femmes figurent au nombre des 56 membres de l’ANE ayant prêté serment mardi ; ensuite aucun représentent du 3ème arrondissement de Bangui ne figure sur la liste en raison de la mésentente qui persiste encore dans cet arrondissement entre les entités qui doivent désigner leur représentant. La communauté musulmane notamment estime être sous représentée.
Bangui, Fred KROCK Pour CNC