L’obtention d’un accord est un art qui ne se fonde sur aucune règle établie. « Tu vas signer au nom de toutes les mamans centrafricaines », intime la ministre de la défense au représentant d’un groupe armé. Le jeune homme, Souleymane Daouda, rechigne, comme les autres délégués de l’ex-Séléka, la rébellion qui avait tenu les rênes du pouvoir à Bangui entre mars 2013 et janvier 2014. Le ton de Marie-Noëlle Koyara se fait alors plus sévère. « Je suis ta maman, il faut signer », insiste Mme la ministre. Dans la petite salle 207 de l’Assemblée nationale où sont réunis, ce dimanche 10 mai, les représentants d’une dizaine de groupes armés et les diplomates les plus influents dans le pays, le milicien grondé comme un écolier s’exécute. Assis autour de la table, les autres récalcitrants font de même. Les diplomates sont soulagés. « Historique », le mot est lâché sans réserve.
L’enjeu de cette signature est l’engagement des groupes armés dans un processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) de leurs combattants. Depuis plus de dix ans, tous les processus du même genre qui ont été menés en RCA se sont soldés par des échecs. Cette nouvelle promesse de paix sera-t-elle la bonne ? Epuisée par plus de deux ans de guerre civile qui a pris progressivement le masque d’un conflit interconfessionnel, opposant chrétiens et musulmans, l’immense majorité des Centrafricains l’espère de ses vœux. Mais bon nombre de chefs de guerre issus des différentes factions de l’ex-Séléka ou des anti-Balaka, les deux coalitions...