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Centrafrique : « L’opportunisme et le clientélisme parfaitement illustrés dans le comité de suivi du Forum» dixit Eddy-Symphorien Kparékouti du PUR
Publié le dimanche 31 mai 2015  |  RJDH-Centrafrique
Eddy-Symphorien
© Autre presse par DR
Eddy-Symphorien Kparékouti, délégué du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR) au forum de Bangui
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Bangui,---Dans une interview accordée ce jour au RJDH, le président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction, Eddy-Symphorien Kparékouti a dénoncé la composition du comité de suivi des recommandations du Forum de Bangui. Le président du PUR a aussi abordé quelques points de l’actualité notamment le processus électoral et la prorogation de la durée de la transition par le sommet de la CEEAC. Nous vous proposons l’intégralité de cette interview.



RJDH : Monsieur le président Bonjour.

Eddy-Symphorien Kparékouti (ESK) : Bonjour Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme.

RJDH : Dans une interview la semaine dernière, vous aviez demandé à ce que le comité de suivi des recommandations du forum de Bangui soit mis en place après la remise du rapport du comité technique d’organisation. Or le lendemain, à l’issue d’une concertation, la cheffe de l’Etat a nommé les membres de ce comité de suivi, comment réagissez-vous à la mise en place de comité aujourd’hui ?

ESK : Les autorités de la transition ont mis la charrue avant les bœufs. L’exigence de la mise en place du comité de suivi après la remise par le comité technique d’organisation du forum du rapport général est imposée par le décret que la cheffe de l’Etat a signé pour créer le comité technique. Nous pensons, qu’il est inconcevable sur le plan des usages politiques de créer une loi qui, le lendemain est allègrement bafouée sans aucune forme de procès. Nous sommes bien loin de la République des valeurs que nous souhaitons pour notre Pays.

À cet égard, le PUR a exigé des autorités la publication du rapport final du FNB avant que ne soit mis en place le comité de suivi des recommandations, comme l’exige la loi. Les autorités n’ont pas voulu respecter cette démarche que nous nous sommes nous-mêmes imposés ; c’est cependant à leur risque et péril.

Nous considérons que les dés sont quelque part pipés et les fondements élémentaires de la démocratie bafoués. Autant vous dire, que ceci est pour nous inacceptable. Nous considérons que les autorités de transition ont violé les procédures du forum National de Bangui en se foutant de la gueule des vrais acteurs politiques du pays.

RJDH : Etes-vous déçu du comportement des autorités de la transition par rapport à cette situation ?

ESK : Difficile d’être satisfait devant de tels agissements. Croyez-moi, nombreux sont ceux des compatriotes épris de paix et ayant une vision d’une République respectueuse des lois qui ont été déçus. C’est désolant à plus d’un titre que nos autorités agissent aussi lamentablement.

RJDH : Dans un communiqué de presse, votre parti le PUR avait appelé à la désignation des personnalités indépendantes, courageuses et imprégnées du processus du dialogue, est ce que vous pensez que la configuration actuelle de ce comité répond aux attentes que vous formuliez à l’époque ?


ESK : L’invective gratuite, la violence ou le procès des personnes ne figurent pas dans les pratiques politiques du PUR. Ce qui compte pour nous, c’est la compétence, le savoir-faire, l’engagement, l’éducation en matière, et bien entendu la transparence si nous parlons du suivi des recommandations du forum de Bangui.

C’est au nom de ces principes que nous avions exigé des autorités, la nomination des personnalités compétentes, indépendantes et imprégnées du processus du dialogue en RCA. Un groupe composé de 25 personnalités a été nommé par la cheffe de l’Etat. Cependant, à voir de plus près, on s’aperçoit rapidement de la présence massive de personnalités proches du régime ; pire, certaines sont même carrément impliquées dans la gestion chaotique de la transition. La pratique de l’opportunisme et du clientélisme est parfaitement illustrée dans la composition du comité de suivi. Au-delà de la déception que suscite une telle composition, c’est une profonde inquiétude qui commence à s’installer dans les rangs de tous ceux qui comptaient sincèrement sur ce forum pour sortir le pays de la crise. Quoiqu’il en soit, nous demeurons vigilants et suivons les choses de près. Nous aviserons en temps utiles.

RJDH : Que doit faire le comité de manière urgente d’ici là, Monsieur le président.

ESK : S’investir sérieusement et de manière indépendante dans la mise en œuvre effective dans un délai raisonnable des résolutions.

RJDH : Vous avez pris part aux assises du forum de Bangui tenues du 04 au 11 mai dernier, plus de deux semaines après, pensez-vous que ces assises ont été une réussite ? Est-ce qu’elles ont changé quelque chose sur le terrain ? Quel est votre ressenti ?

ESK : Bien que nous avions eu auparavant quelques doutes et appréhensions sur la sincérité et les objectifs de ce forum, nous avons néanmoins décidé d’y participer. C’est un choix souverain qui va dans le sens des pratiques démocratiques. Pour nous, il était important de donner une chance à toute tentative susceptible de donner une nouvelle impulsion à l’unité, à la paix et à la reconstruction de notre Pays attendu aujourd’hui par le peuple centrafricain.

Le PUR fait partie des entités qui croyaient fermement que ce forum était l’occasion pour la RCA de retrouver la paix et l’unité nationale. Je ne vous cache pas le sentiment de malaise que j’ai ressenti dans ce forum. Se sont ajoutées à l’amateurisme sur le plan organisationnel, les tripatouillages en tous genres, les manœuvres dilatoires, les alliances douteuses et contre nature, qui ont prévalu tout au long de ce forum. Devant un tel spectacle, difficile d’être optimiste sur la capacité des organisateurs d’offrir au peuple centrafricain un avenir meilleur.

Au final, nous avons eu l’impression que le Forum de Bangui était déjà préalablement taillé sur mesure aux bénéfices d’un groupe restreint de personnes. C’est à se demander si le principal objectif du forum n’était pas de conditionner les participants à l’extension de la transition et donc au maintien au pouvoir de l’équipe actuelle. A cela s’ajoute, l’omniprésence et l’ingérence active d’intérêts occultes extérieurs…

Quant aux résultats sur le terrain, autant vous dire qu’ils sont franchement inquiétants à plus d’un titre. Peu d’empressement à appliquer les recommandations, opacité dans la gestion du budget de l’état, confiscation abusive de passeports et interdiction de sortie du territoire à certaines personnalités politiques, accusations sans fondement de déstabilisation, main basse sur les postes de souveraineté, la liste n’est pas exhaustive… Chaque jour qui passe ramène son lot de surprises désagréables. Nous sommes en pleine République des copains et des coquins, il y a un vrai problème de gouvernance et d’incompétence qui se pose. Se sentant une nouvelle fois grugé, le peuple gronde et commence à exprimer son profond mécontentement, aussi est-il ridicule de la part du pouvoir de voir des complots et tentatives déstabilisation partout. Comme dit l’adage, « Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a à la rage », c’est le grand classique des dictatures.
Tout ceci dénote d’une véritable dérive autocratique du pouvoir de transition. Nous nous éloignons des standards démocratiques tant espérés. Il est grand temps que cela s’arrête, sous peine d’un retour de flamme fatal.

RJDH : Les yeux sont tournés vers les élections à l’heure actuelle. A quand souhaitez-vous que ces échéances se tiennent ?

ESK : C’est de la compétence l’Autorité Nationale des Elections d’établir un calendrier électoral. Le PUR n’interfèrera pas dans le travail de l’ANE. Mais vu l’urgence, nous pensons que le plus tôt sera le mieux, la transition de plus en plus « élastique » avec les mêmes personnalités politiques, n’est point profitable au pays, bien au contraire.

RJDH : Lors du 16ème sommet de la CEEAC à Ndjamena, les chefs d’Etat et de gouvernement ont validé la prolongation de la transition, comment réagissez-vous ?

ESK : Il est regrettable que le peuple centrafricain soit considéré comme une quantité négligeable. Si la crise ne fait que perdurer, c’est en partie dû à la non-prise en compte des préoccupations de la population centrafricaine dans les décisions majeures qui engagent l’avenir de leur pays. Force est de constater que cela continue de plus belle.

RJDH : Monsieur le président, je vous remercie.

ESK : C’est à moi de vous remercier.

Propos recueillis par Naïm Kaélin Zamane
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