Deux semaines après le Forum de Bangui, votre journal a rencontré l’ancien ministre d’État et président du PNCN( Parti National pour un Centrafrique nouveau) Cyriaque Gonda, qui est également candidat à la prochaine présidentielle.Sans tabou, ce grand orateur de la langue Molière a accepté de répondre à toutes nos questions, voire celles qui concernent le pétrole et les mines dont les politiciens de ce pays évit
interview de monsieur Gonda
Bonjour M.Gonda, le Forum de Bangui a été boycotté par le médiateur Sassou, président du Congo, par Ali Bongo, président du Gabon et président en exercice de la CEMAC et par les présidents, de la Guinée équatoriale et du Tchad. Les pays voisins comme les deux Soudan et le Congo Démocratique et presque toutes les institutions internationales africaines étaient absents de ce rendez-vous de la dernière chance. La diplomatie centrafricaine n’est-elle pas en panne ?
On ne peut pas dire cela parce qu’à ce niveau ce n’est plus la diplomatie qui fait le travail. C’est directement la cheffe de l’État qui dans le cadre de la CEEAC dont l’organe suprême est la conférence des chefs d’État, devrait prendre des contacts. C’était à Catherine Samba panza de prendre des contacts appropriés avec ses homologues. Mais à ce que je sache, les contacts ont été pris et les gens ne se sont pas rendus disponibles
Ce n’était pas un boycott alors ?
Non, je pense que c’est plutôt la lassitude. Ils sont lassés. On devrait organiser le Forum le 27 ensuite on a repoussé au 4. Écoutez le calendrier des chefs d’État n’est pas facile à gérer. C’est à nous de nous organiser, on n’a pas su le faire et donc c’est la lassitude. C’est ainsi que nous avons seulement eu à l’ouverture le président Sassou Nguesso qui a un intérêt prioritaire dans le processus de la pacification en cours de notre pays.
Il était absent à la clôture et n’avait envoyé que son directeur de cabinet, une humiliation pour votre pays ?
Effectivement nous nous sommes posé beaucoup de questions. Comment est-ce que le président Sassou qui est lui-même le médiateur international de notre crise puisse nous envoyer son directeur de cabinet, mais on nous a dit que c’était pour des raisons sérieuses.
DSN serait endeuillé. Le boycott des autres présidents et de toute l’Afrique n’est pas un message destiné seulement à Catherine samba panza mais à tous les centrafricains et tous les politiciens centrafricains qui semblent immatures ?
Oui, je parle de tout le monde, ce n’est pas seulement Mme Samba-panza qui est visée mais si je dois circonscrire la responsabilité primordiale, elle incombe d’abord à la présidente et au gouvernement. Il n’est de secret pour personne que certains chefs d’État ne sont pas contents. Ils sont fâchés de la manière dont la transition fonctionne. Il y a des problèmes au niveau des trois têtes, au niveau de l’implication des partis politiques, de la préparation du Forum et de la nomination. Nous étions d’ailleurs au courant qu’Abdoulaye Bathily n’était pas le choix négocié avec le médiateur alors que çà devrait être le cas dans des situations pareilles. Parce que c’est son adjoint. Vous ne pouvez pas nommé mon adjoint sans que je sois au courant. Bon la situation a été aplanie. Je pense tout simplement qu’il y a des chefs de l’État qui ont leur priorité. Ali Bongo a d’autres priorités. Comme vous le savez son pays est dans une période tumulte. Le président Déby, on le classe dans la situation des gens qui sont lassés par la RCA et qui ne sont pas contents avec le fonctionnement de la transition.
Vous êtes le chef d’Etat d’un pays en crise, tous vos voisins directs vous lâchent, que feriez-vous si vous étiez à la place de CSP ?
Écoutez, je ne ferai pas la même chose que Mme Samba-panza, c’est clair et net. La simple raison est que cette dernière n’est pas une politique. Moi, je suis un homme politique et je crois aux responsabilités qui seront les miennes.
Mais vous ne répondez pas à ma question M. Gonda ?
A la place de Mme Samba-panza, je n’aurai qu’une seule chose à faire : La diplomatie de proximité qui m’amènera à parler à mes paires, les rassurer et à me battre pour vite organiser les élections et ramener le pays à l’ordre constitutionnel. C’est la seule chose que je vais faire. Je ne vais pas gérer le pays comme si j’avais un programme du gouvernement, comme si j’avais un projet de société que je voulais appliquer sur un mandat renouvelable de cinq ans. Je vais gérer la contingence politico-sécuritaire pour faire avancer mon pays.
Mais il faut des moyens pour mettre en application toutes ces recommandations ?
Le gouvernement n’a pas besoin d’attendre les moyens pour mettre en place un organe de contrôle des douanes, la politique de l’emploi, non. Le peuple s’est exprimé. Quand le peuple s’est exprimé, il ne s’est pas exprimé à un gouvernement de transition. Il s’est exprimé aux gouvernants. Voilà mettez nous une politique de l’emploi, une politique de l’éducation, une politique sanitaire ; utilisez votre génie de façon à assurer un minimum de bien-être. C’est à la classe politique, au gouvernement de maintenant et particulièrement à tous ceux qui viendraient prendre les rênes de notre pays que le peuple s’est exprimé. Donc aujourd’hui le gouvernement devrait utiliser son génie avec Mme la cheffe de l’État de façon à sortir ce qui est essentiel à savoir : les questions sécuritaires, le rétablissement des Forces Armées Centrafricaines, le désarmement immédiat des mouvements armés, leur cantonnement, leur insertion et le rapatriement des mercenaires qui sont déjà identifiés. Le redéploiement de l’État et de l’administration dans les provinces et pour terminer mettre le cap sur les élections afin de revenir à l’ordre constitutionnel.
A propos du rétablissement des FACA, vous êtes bien conscient qu’il faut des moyens roulants, financiers et matériels, n’est-ce pas là un rêve utopique ?
Vous le concéder très confidentiellement en même temps non confidentiellement qu’il y’ a beaucoup d’armes. Tenez plus de 2000 armes ont été récupérées par les forces de la Misca( MINUSCA) et la Sangaris durant le premier désarmement. Ces armes ont disparu alors qu’elles devraient être remises aux FACA et aux éléments des forces de défense de façon à assurer la sécurité du territoire. Vous savez je le dis parce que je n’ai pas quitté ce territoire d’un iota. J’ai traversé toutes les zones de conflit depuis le 24 mars, date d’entrée des Séléka. Il y avait trois ou quatre ou cinq conteneurs d’armes à Bossembélé. Où sont-ils passés ? Je me suis déplacé avec la presse pour aller regarder le 29 mars, cinq jours après l’arrivée de la Séléka. Donc aujourd’hui on ne peut pas dire qu’on n’a pas les moyens. C’est nous qui ne sommes pas vigilants pour, si vous voulez arriver non seulement à préserver le minimum qu’on a en terme d’armements, mais aussi à aller vers une diplomatie agressive. L’embargo a été imposé parce qu’on avait un régime de facto, une rébellion maintenant on a un régime de jurés c’est-à-dire un régime légitime accepté avec une coopération de toute la sous-région avec une médiation internationale sous l’égide de l’Union africaine. On n’a aucune raison de garder un embargo qui n’est qu’un embargo qui va seulement aggraver la situation. C’est un embargo de façade et moi en tant qu’homme politique centrafricain, je ne suis pas d’accord. La présidente, le premier ministre et le ministre des affaires étrangères doivent faire des pieds de grue, ils doivent demander au conseil de sécurité que nous voulons nos forces de défense et de sécurité. Ce sont les FACA que nous voulons. Vous me voyez moi chef d’État sans mes forces armées ? L’armée c’est une composante de l’État.
Monsieur le président à qui imputez-vous la disparition de ces armes ?
On a récupéré beaucoup d’armes. Je vous assure. J’ai eu la chance d’aller à M’Poko regarder les conteneurs. Ils n’existent plus à l’heure où je vous parle.
Le gouvernement ne doit-il pas rendre un compte à la nation sur la position de ces armes ?
La base de M’Poko est contrôlée par la MINUSCA et la Sangaris.
Pensez-vous que le gouvernement est au courant ?
Il est totalement au courant parce que ces armes ont commencé à être ramassées par le ministre intérimaire de la défense de l’époque, le pasteur Binoua qui le cumulait ce poste avec son ministère la sécurité publique. Cela a même continué jusqu’à un passé récent. Les armes qui ont été saisies sont uniques puisque c’est des AK. Des kalachnikovs qui ne sont pas utilisés par les autres forces. Si je vous dit que le gouvernement est au courant, c’est parce que dans les rapports établis par le ministère de la défense de notre pays au cours des réunions de sécurité, il a été mentionné l’existence de ce conteneur qui aujourd’hui est presque vide.
Qu’adviendra la situation de votre pays si le gouvernement n’arrivait pas à obtenir le retour des FACA dans un bref délai comme le souhaite les centrafricains?
Un État sans armée n’est pas un État. Un État sans nation n’est pas un État. La composante prioritaire qui permet à un État de pouvoir préserver ses frontières, ce sont les forces de défense et de sécurité. La condition sine qua non qui permet une libre circulation, la protection des individus ou des citoyens et leurs biens, ce sont les forces armées, sans elle on ne peut pas affirmer qu’on a un pays souverain. La demande c’est bénin.
Le gouvernement doit agressivement faire un lobby en utilisant les pays amis, la population, en utilisant les moyens intellectuels et diplomatiques qui existent. Il y’ a des pays qui ont été sous embargo et suite à leur demande on l’a allégé et on leur a donné des armes pour protéger leur république. On va aller aux élections et comment on va aller avec une armée qui n’existe pas.
Monsieur le président, la manifestation du dernier jour du Forum par les jeunes Séléka et Balaka témoigne que ce Forum n’est pas inclusif, ne redoutez-vous pas qu’il y ait une reprise des hostilités ?
Je n’ai pas besoin de le redouter. C’est possible qu’il y ait reprise des hostilités. La seule manière de les éviter, c’est de mettre immédiatement en application les recommandations du forum, rassurer la population qu’on se dirige vers les élections et faire des démarches appropriées auprès de ceux qui n’ont pas été là et qui ne sont pas des moindres. On n’arrête pas la violence avec la violence, on arrête la violence de deux manières : Soit par un processus de pacification qui s’exprime par le dialogue ou un débat ou par la voie judiciaire. Moi je ne pense pas que donner des coups, si vous voulez de ce genre, retirez les passeports, arrêter, traquer, n’amènera pas la paix. Il y a eu des remous à la fin du Forum, j’ai personnellement eu à parler aux Antibalaka et aux séléka puisque j’habite à proximité du camp Béal et de temps en temps je leur rends visite. Je pense tout simplement pour eux que c’est un ras le bol. On n’a pas assez parlé d’eux au Forum, on n’a pas évoqué les questions alimentaires qui font partie de leurs premiers soucis. Ce sont des revendications corporatistes que les gens voulaient exprimer ensuite, ils ont également exprimé leur mécontentement sur le fait qu’on n’ait pas annoncé la libération de certains de leurs leaders à la prison de Ngaragba. Je peux vous concéder, vous assurer que sur cette question de la libération, je leur ai clairement dit que c’est possible mais ce n’est pas dans les revendications qu’on devrait en parler. Il y a des mesures à mettre en œuvre après le forum. C’est dans ce cadre qu’après le dialogue politique de 2008, j’ai libéré les Larmassoum, les Guetel et d’autres chefs rebelles. Conformément à leurs demandes pendant le Forum, ils s’attendaient à ce que cela soit ouvertement dit. Je crois que c’est une question de compréhension des méthodes, de la compréhension du caractère hétéroclite de tous ceux qui étaient là et surtout la présence de la communauté internationale. C’est le problème du gouvernement qui devrait en principe saisir cette question pour en faire un acte de réconciliation en traitant la situation des prisonniers cas par cas. Vous voyez le jeune Namsio, vous vous souvenez des conditions dans lesquelles il a été arrêté, c’est un peu du pipo, si je peux me permettre ce terme.
Justement Namsio croupit à Ngaragba alors que Mahamat Ousmane Mahamat de la Séléka est seulement retenu à la Section Recherches et Investigations pour des crimes avérés depuis trois mois
Voilà, vous l’avez constaté vous-même. D’ailleurs, les magistrats disent tous qu’il faut qu’on assainisse la justice. Arrêter le pédalage, la justice à deux vitesses, une justice qui fait des tris, une justice partiale, une justice de deux poids deux mesures. Je pense qu’il faut faire un grand travail parce que la justice, c’est le dernier rempart de la population. Si le citoyen constate que la justice ne constitue pas le dernier rempart, il va au plus dernier rempart qui est le kalachnikov. Ce sont les armes. C’est ce qu’il faut éviter. Je pense qu’en ce moment, ce serait difficile parce que les magistrats n’ont pas tous les moyens. Les gens doivent faire des efforts en allant vers une justice qui soit véritablement le rempart de la population et à laquelle la population croit. Sinon vous allez toujours revoir ce genre de scène où des magistrats ont été les cibles de la Séléka qui cherchait à les prendre quand elle était au pouvoir ou encore les Balaka qui avaient enlevé un ministre. C’est révélateur.
Le capitaine Ngaïkoisset a été libéré par le président Sassou mais a été de nouveau arrêté à son retour à Bangui
Premièrement sur la libération, je n’ai pas les tenants et les aboutissants. Je pense qu’il a été arrêté circulant là-bas de l’autre côté et donc il a été libéré et est arrivé à Bangui par voie normale. Il n’a pas été si vous voulez, comme on le dit rapatrié menotter. Bon, dès qu’il est arrivé ici, on l’a arrêté. Ma lecture, elle est très simple. Il ne faut pas se mettre systématiquement à arrêter les gens maintenant. On a créé la cour pénale spéciale liée aux rébellions en RCA, qu’on laisse cette cour travailler selon les règles de l’art pour tout ce qui est considéré comme des actes liés aux crimes que nous avons vécus. On ne peut pas amener les gens aujourd’hui à subir si vous voulez un jugement des tribunaux de grande instance, de la cour pénale internationale. Non, on a une cour spéciale. Je pense que c’est mieux de passer par elle. Et aussi les mandats d’arrêt qui ont été distribués à tour de bras ou pêle-mêle par Djotodia et ensuite maintenus par Catherine Samba-panza ne sont pas des mandats qui sont censés ramener la paix dans ce pays.
Il y aurait un mandat international contre Ngaïkoisset qui serait aussi poursuivi par la justice et pourtant le plus grand criminel centrafricain de tous les temps Djotodia n’a jamais été inquiété par les instances judiciaires de son pays.
C’est une justice à deux vitesses. C’est pire qu’une justice de deux poids deux mesures. C’est ce que j’ai toujours dit. Le président Djotodia a quel droit pour lancer un mandat d’arrêt contre les autres. Il y a Ngaïkoisset etc… tout un chapelet de nom que je connais quand le magistrat Séndé était ministre de la justice, j’ai haussé le ton contre cette pratique. Ils ont en pas le droit, ils ne peuvent pas être plus royalistes que le roi avec ce qu’ils ont fait. Donc, je pense qu’il faut laisser la cour pénale spéciale faire son travail. Laissons de côté les mandats d’arrêt lancés par Djotodia contre ceux qu’il est venu chassés sinon on va ré embraser ce pays d’ici deux, trois à quatre ans.
Restons sur le volet judiciaire ou l’ancien ministre d’Etat Karim Meckassoi et le ministre kokatè se sont vus retirer leur passeport alors qu’ils s’apprêtaient à sortir du territoire, est-ce normal ?
Moi je pense que retirer les passeports des gens n’est pas une solution. Je me suis vu retirer mon passeport sous le régime du président Bozizé dont j’étais pourtant l’un des ténors, mais qu’est-ce que cela donné ? L’image d’un pays autocrate, un pays arriéré, un pays sauvage et barbare. On ne retire pas les passeports des gens tout simplement parce qu’ils on a des soupçons sur eux. Je m’insurge contre cette façon qu’on aille retirer les passeports aux hautes autorités sans qu’il y ait des preuves. Je pense qu’il faut plutôt appeler les gens, les convoquer, les écouter normalement et mettre en marche la machine judiciaire en préservant la présomption d’innocence à ces citoyens. Mais d’emblée retirer le passeport, c’est-à-dire attaquer directement l’un des droits des individus d’aller et de venir sans pour autant avoir des éléments après on leur ramènera ces documents, cela veut dire qu’on est resté incorrigible.
D’après le journal Jeune Afrique, le ministre de la sécurité samedi Karnou a signé un contrat avec un petit fils de Valéry Giscard d’Estaing, représentant d’une entreprise spécialisée dans la fabrication des matériels d’écoute. Ce contrat de 20 millions d’euros, 13 milliards de Fcfa court sur trois ans alors qu’on s’achemine vers la fin de la transition. D’après les détracteurs du pouvoir en place, CSP ne veut pas quitter sa place actuelle, votre impression s’il vous plait ?
C’est vraiment bouleversant, très bouleversant ce que j’ai écouté concernant cette histoire de table d’écoute. Je pense parfois, je me demande réellement si on sait exactement là où on veut y aller. Moi par exemple je sais là où je veux y aller. C’est bouleversant on a pas besoin de tout çà pour l’instant. Comme certains le disent, c’est placé sous les sceaux de la rumeur. Je me suis permis, de donner la liberté de passer un coup de fil au ministre de l’intérieur qui est un jeune frère que j’ai eu à encadrer un certain moment, pour lui demander des explications et donner mon point de vue de manière solennelle. Je pense qu’il faut savoir distinguer les choses. Aujourd’hui on est en période de transition, je rebondis pour vous rassurer. Je vous rassure que Madame Samba panza veut rester au pouvoir, elle ne restera pas. Là je peux vous le garantir comme un leader dont la voix porte. Le malheur que mon peuple a vécu fait que madame Samba Panza ne peut pas se hasarder à aller contre sa volonté. Parce que les jeunes centrafricains ont aujourd’hui la capacité de réaliser la fronde ou une révolution comme on a vu au Burkina ou partout ailleurs.
Vous confirmez que CSP ne veut pas partir ?
Non, je ne le confirme pas. Comme vous dites que les détracteurs de CSP affirment qu’elle ne veut pas quitter le pouvoir, moi je n’en suis pas un. Je pousse pour que la transition réussisse.
Mme Samba panza a toujours crié haut et fort qu’elle ne veut pas conserver le pouvoir
Oui Samba panza va partir et puis je la crois. Je la crois puisque les conditions objectives ne peuvent pas lui permettre de rester ou de s’éterniser au pouvoir. Elle s’appuierait sur quel document pour se maintenir, sur quelle charte ?
Vous faisiez partie de la commission gouvernance du Forum qui a imposé le maintien des autorités de la transition même si on ne manque pas de signaler que cette position divise
Non, on a parlé du maintien des institutions si vous vous rappelez bien, tous les rapports lus par Mme Léa Doumta qui répertorient les points de consensus, n’ont jamais dit qu’il fallait maintenir Samba-Panza, Nguendet et le premier ministre kamoun. On leur a juste demandé de faire une demande de rallonge exceptionnelle conformément à la charte de façon à ce que la transition finisse avec les élections. Mais je dois vous préciser que quand les gens disent première transition, deuxième transition, troisième transition, moi qui ai vécu au pays pendant la crise, il n’y a pas eu de première, de, deuxième et il n’y aura pas de troisième transition. Je m’explique : il y a seulement une transition qui a été par le coup d’arrêt porté à la démocratie par l’arrivée au pouvoir de la Séléka. Et cette transition continue avec une seule charte, elle change seulement des acteurs, c’est tout.
Vous êtes pour le maintien de tous les acteurs alors ?
Si vous me parlez du changement des acteurs, la réponse est oui. S’il y a un prolongement exceptionnel à partir du mois d’août, cela fera trois mois. On n’a pas besoin de changer la présidente, mais le premier ministre si on veut le changer, on peut le faire puisqu’il y en déjà eu trois.
On ne va quand même pas changer de premier ministre tout le temps ?
Je le dis parce que je suis tenant de l’organisation des élections à la fin d’année coûte que coûte.
Et si on n’arrivait pas à atteindre cet objectif ?
Nous allons nous y atteler, ça marchera. Si on prolonge la transition d’août à décembre soit quatre mois, on n’aura pas besoin d’avoir un nouveau premier ministre. Mais ce que je défends c’est un changement profond du gouvernement afin d’avoir des gens robustes qui puissent nous accompagner aux élections. Vous-même, dénoncez les scandales, vous-même, vous constatez la petitesse de certains ministres. Un qui viole et qui s’enfuit de la prison, un autre qui n’est pas à la hauteur…
Vous êtes candidat à la présidentielle, vous faites partie des sommités de la RCA qui ne parlent jamais des richesses de ce pays. Aujourd’hui grâce au forum de Bangui le pétrole qui a fait couler tant d’encre, n’est plus un sujet tabou. Pourquoi étiez-vous aphone sur ce sujet quand vous étiez au gouvernement ?
Non, le pétrole on en a parlé en 2003.
Et pourtant en pleine crise, vos compatriotes ont vu des anciens premiers ministres, des ministres et des leaders des partis politiques défiler sur les plateaux des télévisions en France et dans le monde, mais personne n’a contredit les politiciens français dont François Hollande qui a déclaré que la France intervient en RCA, un pays pauvre parmi les pauvres, un pays où elle vient faire de l’humanitaire, vous n’avez jamais réagi contre ces mensonges
J’ai dit beaucoup de choses, j’ai beaucoup parlé, je vous dis qu’en dit qu’en 2003, on a déjà parlé du pétrole. J’étais rapporteur de la commission n4 (commission économique et sociale) qui parlait du pétrole. C’est à cette période que nous avons su que le président Ange Félix Patassé avait déjà fait huit puits de pétrole. Il lui en restait quatre pour faire couler notre or noir. C’était avec une société qui s’appelle RSM et cette société qui a été rachetée par Greenberg. On en a parlé, on a dit qu’à compter de maintenant, le contrat du président Patassé est un contrat léonais, il fallait aller en procès contre lui et ensuite la France nous a aidés. Elle nous avait recruté maître Verges pour le procès.
Sur la question d’exploitation des ressources du sous-sol puisque les textes n’offraient ni à l’assemblée nationale, ni aux forces vives de la nation la gestion de ce secteur, mais laissait cela strictement au gouvernement qui a fait ce que j’appelle une erreur à travers le ministère des mines. C’était une erreur stratégique et tactique. Il y’ a la France qui a accompagné et qui a crée les conditions de ce procès. Vous savez d’où est parti Bozizé en 2003. Il a fait Paris, N’djamena pour renverser le président Patassé. Et c’est la France qui a accompagné le régime à gagner ce procès contre Greenberg. A partir de ce moment en tant qu’homme politique on ne peut consentir de ce que disent les américains « verset interest ». Il des intérêts précis pour que cette personne suive votre parcours et vous aide.
Bozizé a été chassé parce qu’il a touché au pétrole ?
Lisez sous ma langue, Bozizé est parti de Gonesse en passant par N’Djamena pour chasser le président Patassé qui avait un contrat avec RSM. Maintenant pour retirer ce permis, ce contrat léonais a été accompagné par Me Vergès et toute la panoplie du dispositif des avocats avec l’implication de Patrick Balkany.
La parole est libérée grâce au Forum de Bangui à l’époque vous ne parliez pas comme vous le faites à présent ?
Bozizé lui-même en a parlé avant de partir, il avait fait un grand meeting. Un meeting pour dire que c’est pour une question de pétrole qu’on voulait le chasser. J’ai dit à l’époque que c’était des erreurs tactiques et je dis jusqu’à aujourd’hui puisque moi en tant que futur candidat à la présidentielle, j’ai deux choses :
Futur candidat ou déjà candidat ?
Je suis candidat à la présidentielle, merci pour la correction parce que j’ai déclaré ma candidature à la présidentielle le 3 janvier 2015. Je suis candidat à la candidature, je me suis même libéré de toutes mes fonctions au Conseil national de transition. J’ai deux choses : prioriser l’agriculture et l’élevage qui pour moi est la seule chose qui va libérer notre pays, ensuite faire du pétrole et de l’uranium nos ressources naturelles qui sont des ressources d’appoint en ayant en tête que celles-ci sont appelées à finir comme on le voit avec l’Angola. Une révolution agricole et de l’élevage, former, encadrer et mécaniser l’agriculture sur toute l’étendue du territoire. Nous devons aussi former les jeunes entrepreneurs agricoles pour aider à la transformation de nos produits agricoles pour les vendre à l’extérieur et créer à partir de ce moment-là des pôles de développement qui peuvent si vous le voulez absorber notre monde rural qui est de 80%. Le pétrole peut être une ressource d’appoint comme cela se fait au Cameroun.
Vous voyez l’exemple du Cameroun. Aucune puissance, aucun pays ne peut maintenant considérer que ce n’est qu’ à partir du pétrole seul qu’on peut faire développer un pays. Je fais de cette vision la mienne. On doit donner une éducation sérieuse à la jeunesse, on va se consacrer sur la santé parce que le premier médicament c’est le repas donc l’agriculture dont a besoin ce peuple. Voilà ma vision, on se fera respecter par les autres pays et on pourra confier la gestion de notre pétrole à qui on veut.
Il ne faut pas qu’on se concentre sur une seule personne, une seule nation. Je vous dis qu’on est dans un monde qui n’est pas un monde d’enfant de cœur. La France nous a accompagnés un certain moment, je pense que nous devons aussi être intelligents. On ne peut pas se faire accompagner et puis dire après que vous n’avez pas faim écoutez-vous m’avez accompagné mais je donne à ceux-là parce qu’ils me donnent aussi à manger. Il faut une gestion intelligente de l’État.
Pour finir, avez-vous un appel à lancer aux centrafricains ?
Moi, j’ai un seul appel à lancer. Les centrafricains ont démontré qu’ils aiment leur pays, aimer son pays, c’est être patriote, c’est aimer son frère d’abord donc, il faut qu’on cesse, qu’on soit de la diaspora, qu’on soit journaliste ou pas, il faut cesser de jeter l’opprobre sur son pays en insultant les institutions. En ridiculisant les institutions, vous ridiculisez votre pays. C’ est ce que je peux dire, je connais cette situation pour l’avoir vécu.
Mais il y a aussi des gens optimistes ?
On est dans une situation de rupture. Il y a une nouvelle génération qui monte ; celle dont je fais partie et nous sommes décidés à changer ce pays vaille que vaille.
Mais vous avez été déjà aux affaires ?
J’y ai été mais j’appartiens toujours à une génération. Aujourd’hui vous avez des jeunes comme Karnou d’une trentaine d’année, ils ne sont pas de la génération de Mme Samba-Panza de Mabingui ou de Gbezeria Bria. Ils arrivent à un moment où ils seront avec leur génération, ils auront la responsabilité de leur mission pour la servir ou la trahir. Moi, j’ai identifié la mienne. J’appartiens à une génération d’après 1960, j’ai une mission : sortir mon pays de la misère et je vais avec la sérénité que le peuple me connait assez pour me faire confiance.
Vous y aller pour gagner ?
Oui, j’y vais pour gagner. Je sais que j’ai et les compétences et l’expérience et je suis très près de mon peuple, c’est pour cela que je suis le candidat du peuple. Donc je vais pour gagner et gérer le pays avec tous mes frères de la nouvelle génération pour qu’on laisse une terre digne à la génération qui vient.