Selon la présidence française, l’opération militaire engagée par la France depuis décembre 2013, ne comptera que 800 soldats d'ici le mois d'août prochain contre 1700 hommes actuellement.
« La stabilisation de la situation en Centrafrique motive cette décision qui est aussi justifiée par la montée en puissance de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) », a indiqué un communiqué de la présidence française. D’après les nouveaux dispositifs, les troupes de la Sangaris vont être stationnées à Bangui et constitueront une sorte de force de réaction rapide en cas de difficultés pour les Casques bleus de la Minusca.
Ces derniers mois, les effectifs de la mission onusienne Minusca ont été sensiblement revus à la hausse, puisque le seuil des 12.000 hommes sera atteint d’ici le mois d’août prochain. Cette montée en puissance de la Minusca a conduit l’opération française de la Sangaris à réduire davantage sa présence dans le pays, passant de 2600 à 1700 aujourd'hui.
L’opération Sangaris a joué un rôle important dans le cadre de la sécurisation de la Centrafrique, de la protection des civils, ainsi que le désarmement des groupes armés. Devant la recrudescence des violences inter communautaires dans ce pays de 5 millions d’habitants, la Sangaris a déployé fin 2014 d'importants moyens: d’hélicoptères d’attaques Tigres et de drones d’observation, s’ajoutant aux deux hélicoptères Puma.
Au cœur d’un scandale d’abus sexuels présumés
Le processus de transition en cours depuis janvier 2014, s’achève vers la fin de l’année avec l’organisation des élections générales pour permettre le retour de l’ordre constitutionnel. La communauté internationale par le biais des forces étrangères sur place notamment l’opération française, s’est engagée à accompagner le processus électoral. Ces appuis devraient consister entre autres à la sécurisation des agents électoraux, l’acheminement des matériels électoraux, mais avant cela, au désarmement de toutes les forces négatives qui sévissent à l'intérieur.
Pourtant, une révélation d’un quotidien britannique, The Guardian, vient lever le voile sur la sincérité de l’opération française et la crédibilité de celle-ci. The Guardian a révélé fin avril un rapport d’enquête portant sur des agressions sexuelles commises à l’encontre des enfants de 8 à 12 ans par les soldats français basés sur un site des déplacés à Bangui. Le document des Nations unies, souligne la même source, aurait été transmis en juillet 2014 aux autorités françaises par un membre suédois du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH), Anders Kompass, choqué par l'inertie de sa hiérarchie.
La révélation a suscité des émois au sein de l’opinion, et conduit l’ONU à ouvrir des enquêtes internes visant à faire la lumière sur cette affaire. Anders Kompass, le directeur des opérations de terrain au HCDH, a été suspendu de ses fonctions et est aujourd’hui menacé de licenciement. Plus de 14 soldats français sont concernés par cette affaire. En dehors des déclarations de fermeté prononcées par les responsables onusiens, le ministère français de la Défense, a assuré avoir « pris toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité », et promis des sanctions à l’encontre des coupables.
Le parquet de Bangui qui n’a pas été associé à l’enquête, a décidé d’ouvrir une information judiciaire contre X pour viols d’enfants. D’après des sources proches du parquet à Bangui, outre les soldats tchadiens, équato-guinéens et français, cette information judiciaire viserait plusieurs contingents étrangers présents en Centrafrique.
Fiacre Kombo