Milieu de terrain et capitaine des Fauves de Centrafrique, Eloge Enza-Yamissi se prépare pour une nouvelle campagne, celle des éliminatoires de la CAN 2017. Le joueur de Valenciennes se dit déterminé
Eloge, vous vous apprêtez à rejoindre les Fauves de Centrafrique pour préparer la première journée des éliminatoires de la CAN 2017, sur le terrain de l’Angola. Un certain flou entoure ce rassemblement. Ne partez-vous pas dans l’inconnu?
C’est sûr qu’on part dans l’inconnu, au niveau organisation et à tous les autres niveaux. Vu ce qui s’est passé au pays, il faut tout remettre à zéro, tout remettre à plat. On se retrouve comme au Maroc il y a cinq ans, quand tout a commencé. On ne se connaissait pas, et on est devenu une équipe. Ce ne sera pas facile, car pour se qualifier il faut travailler avec un minimum d’organisation et de visibilité, mais nous allons tout donner.
Qui va diriger l’équipe pour ce match ? On parle d’Hervé Loungoundji…
Personnellement, je ne sais pas. Il y a aussi Blaise Kopogo qui a été contacté. Ce sera un des deux Plutôt Blaise Kopogo pour ce match-là. Ce serait positif. Il faut amener une autre manière de voir, une autre vision du football…
Laquelle ?
Nous avons besoin de plus de rigueur et de professionnalisme dans l’abord des matchs. Et d’un soutien des instances : il faut qu’on sente cela. Du boss en haut de la hiérarchie jusqu’aux joueurs de l’équipe, il faut être pros. Nous ne le sommes pas encore assez. Dans l’organisation, on fait toujours les choses au dernier moment. On avait beaucoup avancé, puis les problèmes du pays nous ont fait beaucoup reculer.
Pour la Centrafrique, le football est au milieu d’une contradiction : d’un côté, l’équipe nationale n’est pas un souci prioritaire rapporté à la situation du pays, de l’autre, elle est importante car le football est l’un des principaux ferments d’unité du peuple. Qu’en pensez-vous ?
Vous avez raison de souligner cette contradiction. Les joueurs convoqués savent que le football est l’un des seuls moyens, sinon le seul, de faire avancer les choses dans le bon sens et de combattre les dissensions. Vous savez, dans l’équipe on a toujours eu des joueurs musulmans et des joueurs chrétiens qui jouaient ensemble, et il n’y a jamais eu de problèmes. Moi, j’ai grandi dans le quartier « 5 kilo », chrétiens et musulmans cohabitaient bien, j’ai beaucoup d’amis des deux religions.
Parmi vos adversaires dans votre groupe de qualification, figure la RD Congo, qui sort d’une excellente CAN. Est-ce selon vous le grand favori du groupe ?
Oui. C’est une équipe qui a évolué énormément, dans le bon sens. Si on revient quelques années en arrière, il y a peu d’expatriés qui voulaient bien venir en sélection. A Troyes, j’ai joué avec Fabrice Nsakala. Il ne voulait pas y aller. Maintenant c’est le premier à vouloir y aller ! Tout cela pour dire qu’il y a des joueurs de talent dans tous les pays. Pour faire venir ces joueurs, c’est une question d’organisation et de structuration.
Le sélectionneur des Léopards, Florent Ibenge, a coaché sur trois continents. Est-ce un exemple à suivre pour les Fauves?
Oui. Il nous faut cela. Nous avons Blaise Kopogo, qui était à Libourne avec Furlan et a passé ses diplômes à Clairefontaine. Il peut nous apporter une vision nouvelle. Ce qu’on applique dans le foot et qui fonctionne peut s’appliquer dans toute la société. C’est utile pour un pays qui cherche à ne pas sombrer. Si les expatriés ne reviennent pas aider leur pays, ce sera difficile pour le pays. Car la Centrafrique peut disparaître !
L’équipe va-t-elle être autorisée à jouer chez elle?
La Fédération centrafricaine en a fait la demande. J’espère qu’elle sera acceptée. Depuis que je suis en équipe nationale, je crois que je n’ai jamais perdu à domicile. Jouer à 15h, quand le soleil tape fort, c’est difficile pour les adversaires, qui ne sont pas toujours habitués à ces conditions. Quand y a tout le monde, que l’on joue devant notre public, on peut être une bonne équipe, difficile à battre.
Votre premier adversaire est l’Angola, qui est une sélection en perte de vitesse depuis quelques années. Est-ce le bon moment pour les jouer?
Oui, on peut le penser. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Il nous manque Geoffrey Lembet, notre gardien numéro un, qui va se faire opérer lundi. Franklin Anzité, qui joue au Vietnam, est bloqué par un problème de papiers. Comme Hilaire Momi en Belgique. Et Amos Youga, qui est monté en Ligue 1 avec le Gazelec, souffre d’une entorse. Ceci dit, si on ne s’y prenait pas au dernier moment, on ne serait pas face à ces problèmes…
On en revient au manque de moyens et d’organisation…
Les dirigeants font le maximum qu’ils peuvent faire. Le président de la Fédération, Patrice Ngaissona, sort la plupart du temps l’argent de sa poche. La présidente, si on lui demande de l’argent, elle va dire non. Et on peut la comprendre. C’est pour cela que si on va en sélection, on ne peut pas jouer juste à 50%. On doit faire le maximum pour bien représenter les couleurs et faire plaisir aux gens.