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Confidences : « je me sens trahi…», Gle Abdel Kader Kalil
Publié le vendredi 5 juin 2015  |  Kangbi-Ndara
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« J’apprends que Michel et Bozizé mangent ensemble des cuisses de poulet et de la salade à Nairobi, c’est quoi ce délire… Ils se passent encore des choses inquiétantes au-delà de nos frontières, mais nos ambassadeurs et consuls ne rendent pas service à notre pays…», mots de déception du général du maquis Abdel -Kader Kalil, ex chef de guerre de l’UFDR de Michel Djotodia. Ce bref entretien avec l’une des grandes emblématiques de l’ex rébellion de la Séléka au pouvoir en 2013 regorge de petites étincelles édifiantes.

Lundi 02 juin 2015 non loin du Palais de la Renaissance à Bangui, dans une probable résidence de l’ancien Chef d’état François Bozizé, une villa inachevée mais habitée. C’est en ces lieux que je rencontre le général Abdel Kader Kalil. « Ici vous êtes chez moi ». Il accepte de répondre à mes questions, mais après mon débriefing, il exige que nous ayons d’abord un échange hors micro.…

Ma montre indique 17 heures 22 minutes, des chauves-souris, plus gros que des pigeons, donnent du spectacle dans un ciel gagné par le crépuscule et l’imposante hauteur des Collines Bas-Oubangui. Assis dans une chaise en plastique, à moins d’un mètre de mon interlocuteur, d’un visage serein, l’ancien chef de guerre de l’ex-Séléka retrousse la manche gauche de son boubou, je perçois une balle réfugiée dans son avant-bras. Vestige des combats opposant l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) à l’Armée de la Résistance du Seigneur (LRA) du chef rebelle ougandais Joseph Kony, en 2009. « Je me promène avec depuis 6 ans, je n’ai pas les moyens de me payer une opération », me confie-t-il.

La majeure partie de cette confidence est censurée par la rédaction : « Beaucoup de personnes ne savent pas grand-chose des troubles que notre pays traverse depuis 2013 et c’est bien dommage que ce forum n’a rien fourni dans ce sens… Certains racontent qu’après la fuite de Bozizé, le pouvoir devrait être remis à Demafouth, Ziguélé, Ndoutingaï où je ne sais qui. Ce n’est pas vrai. Attention ! Michel tuerait quiconque aborderait cette question… Il est vrai qu’après le départ précipité de Bozizé, il y avait des intentions cachées au sein même de la Séléka. Deby et Sassou s’attendaient à la déclaration de Noureddine à la radio, mais Dieu a agi autrement… Ils se passent encore des choses inquiétantes au-delà de nos frontières, mais nos ambassadeurs et consuls ne rendent pas service à leur pays…

Les choses se sont gâtées avec la Séléka, beaucoup d’entre nous sont morts, mais je suis là… De ma position actuelle, je me sens trahi. J’apprends que Michel et Bozizé mangent des poulets et de la salade ensemble à Nairobi, c’est quoi ce délire ? Tous deux doivent répondre de leurs actes. Je me sens également trahi par ceux -là qui étaient hier avec Michel, qui nous priaient pour les postes et, ils gambadent aujourd’hui dans des voitures de commandement. Si cette transition échoue, c’est à cause d’eux… Ils ont foiré le forum de Bangui pour protéger leurs intérêts. Je pense que mon frère le ministre d’État Djono Abba doit se ressaisir…

Les responsables militaires qui ont signé ces accords étaient-ils ceux qui sont mandatés réellement par leurs bases ? Ont-ils signé par complaisance ou par nécessité ? Je sais que beaucoup ont signé par coercition. Un ambassadeur a chuchoté des mots dans les oreilles de Dhaffan avant qu’il ne signe. Comment peut-on admettre une telle légèreté ? J’ai appris qu’ils veulent épargner l’UFDR fondamentale du processus DDR R, ils veulent l’enterrer dans un trou qu’ils ont creusé à cet effet. Ce n’est pas une bonne hypothèse, voilà la raison de mon communiqué du samedi dernier. S’ils ne considèrent pas le fond de mon message, un jour ils me donneront raison…

J’ai beaucoup appris au maquis, j’ai aussi appris au pouvoir et j’apprends encore après le pouvoir. Somme de tout, je n’ai qu’un enfant, j’ai perdu la majeure partie de ma vie pour une cause perdue. Je vous le dis ce soir monsieur le journaliste, je n’ai plus ma part dans les rébellions, qu’elles soient armées ou civiles. Même si on me propose 1 milliard de Fcfa par jour je refuserai. Si la justice de mon pays me reproche des faits, je serai le premier à me placer devant la barre. Quand je constaterai du progrès en matière justice, je ferais de sorte que tous ceux qui ont pillé les Centrafricains sous le règne Djotodia et qui sont encore dans le pays soient appréhendés, je les connais nommément.

Ce, en quoi je prends plaisir actuellement, c’est de vendre tout ce que j’ai amassé pendant notre court instant de gloire afin d’aider mes compatriotes qui subissent inutilement cette crise. Je poursuis toujours des actions en faveur de la réconciliation dans les huit arrondissements de Bangui. Je travaille régulièrement avec les come-zones des anti-balaka pour que les chrétiens se rendent librement au Km5 et que les musulmans le fassent de même à Gobongo, Boy-rabe, Combattant… Je remercie infiniment l’ambassade de France et les médias nationaux libres qui me soutiennent dans ses actions ».

Recueillis par Johnny Yannick Nalimo
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