1 – Monsieur le Président, vous avez créé USD-COMODES, une nouvelle formation politique ayant vu le jour en pleine crise centrafricaine. Pourquoi USD-COMODES et quels en sont ses objectifs ?
Robert ENZA : USD-COMODES (union des sociaux démocrates pour le contrat moral du développement économique social) a vu jour dans la crise, mais il a été conçu depuis des années comme un projet de gestion d’un Etat. USD-COMODES considère l’Etat comme une entreprise nationale, sa gestion se doit d’être confiée à des Dirigeants qui ont une vision de développement d’entreprise et avec obligation de produire des informations sur sa gestion aux citoyens qui en sont les actionnaires sociaux.
USD-COMODES n’est en aucun cas un projet opportuniste ni une envie abusive de pouvoir né de la crise mais une grande pensée, une psychologie d’agir visant à modifier et à transformer un système de gestion vieux de 50 ans qui a eu l’outrecuidance de ne pas construire aux centrafricains un Etat au sens du terme.
Créer un Etat-politique où la règle de droit est présente au niveau de toutes les instances de l’Etat, elle ne laisse aucune place à l’arbitraire, régente tout car elle est le critère permanent de distinguer ce qui est bien de ce qui est mal et ne tolère pas les interprétations divergentes.
La RCA n’a jamais existée. Est-il, nous avons vécu sur un territoire inachevé appelé Centrafrique. Notre territoire est l’Oubangui-Chari : USD-COMODES soulève ici la dialectique d’un retour à l’origine.
Et en la vision, il revient de se poser cette question : qui sommes-nous et où allons-nous ? C’est à cette question que USD-COMODES veut apporter une réponse efficace et durable.
Nous sommes un pays en faillite, un pays dans un désastre économique et financier, un pays dans un désastre politique et social. Et nous promettons de sortir notre pays de ce marasme.
Cette question est l’expression de la volonté de contrôler que de subir le futur. Il s’agit non seulement de prévoir le changement, mais surtout de le promouvoir, de le créer.
Cette question entraine inévitablement un objectif : éliminer tout ce qui a conduit notre pays à la catastrophe, déconstruire les antagonismes et inimitiés nocifs créés par cette crise et bâtir un nouvel Etat sur une base politique saine de vivre ensemble: la démocratie, l’économie et le droit.
2 – La population centrafricaine dont la majorité est jeune aspire à une nouvelle classe politique pour diriger la nouvelle république aux termes des futures consultations populaires en 2015 dont USD-COMODES sera certes l’un des candidats. Quelles bases d’espoir la jeunesse centrafricaine peut attendre de vous puisque cette jeunesse a été plusieurs fois victime de l’injustice sociale, de la démagogie, du clanisme, du népotisme et du tribalisme, j’en passe ?…
Robert ENZA : Nous sommes conscients que les femmes et les jeunes qui forment plus de 80% de notre population active sont en chômage ou encore ne sont pas valablement occupés. Ils ont été mal éduqués et mal formés. Ils sont les victimes des 40 ans de gestion à vide que le pays a connu. Cette situation est très préoccupante.
USD-COMODES est porteur de projet de développement axé sur l’entreprenariat formel et l’agriculture. Et comme le dit un adage chinois : quand tu donnes un poisson à un homme tu l’occupes pour la journée et si tu lui apprends à pêcher tu l’occupes pour toute sa vie. Aussi USD-COMODES promet d’offrir un environnement économique et social dans lequel le citoyen pourra avoir la possibilité de trouver du travail, la sécurité, une vie famille et une vie satisfaisante. Voilà ce qui est important dans la vie de l’homme. USD-COMODES fait de la discrimination interne un crime.
3 – Est-ce que la naissance de USD-COMODES a impacté sur la classe politique centrafricaine et les couches sociales ?
Robert ENZA : A ce que nous savons, aucun parti qu’il soit traditionnel ou nouveau, n’a d’impact sur les couches sociales qui vivent encore leurs souffrances. Les couches sociales ont à priori des idées arrêtées à savoir, voir du nouveau, intègre et soucieux du mieux être commun. Elles en parlent et attendent de voir les produits politiques et leurs leaders étalés sur le marché.
Par contre les partis traditionnels et les vieux croutons déclarés candidats ont peur de l’émergence des nouveaux partis comme USD-COMODES dont le leader sort de l’entreprise privée, un habitué du jeu de la concurrence et de l’objectivité, un autre concept, une autre façon de voir et de faire la politique et unique en son genre.
4 – Quelle est la démarche de USD-COMODES pour qu’il devienne un parti implanté sur toute l’étendue du territoire national ?
Robert ENZA : USD-COMODES communique sur son projet et c’est ce que fait son Président et tout le staff. Notre parti passe très bien auprès des jeunes et des intellectuels envie de voir une nouvelle classe politique aux idéaux bâtisseurs.
5 – La république centrafricaine a organisé beaucoup de dialogue politique dont les recommandations sont souvent classées ou du moins appliquées en dent de scie et la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, envisage présider une ènième assise politique à Bangui qui pourrait voir la participation de François Bozizé et Michel Djotodia. Quelle lecture faites-vous de ce prochain forum politique avec la participation bien-sûr de USD-COMODES ?
Robert ENZA : Nous avons déjà dit et écrit, le dialogue de la réconciliation doit se tenir sous un gouvernement élu et non celui de la transition sans assise légale. Parce qu’il est question fondamentale ici de faire passer la justice et ça il n’est pas négociable. Nous ne voulons pas d’un pardon puéril sans justice si non, on n’aura rien retenu de cette crise. USD-COMODES condamne l’impunité, un élément du mal gouvernance.
6 – Quelles sont vos analyses par rapport au bilan de l’opération Sangaris et Micopax et vos appréciations relatives à la mission de Minurca qui a débuté officiellement le 15 septembre passé tout en sachant que ce sont les mêmes éléments qui ont changé de béret?
Robert ENZA : En effet, Sangris et Micopax ou Misca, toutes ces forces ont été une force de dissuasion, voire tampon qui a permis d’éviter le pire. Nous en sommes reconnaissants. Mais les casques, nous le répétons, ils ne régleront pas tous nos conflits et tous nos problèmes.
Les centrafricains doivent se mobiliser et peser sur la mission de la Minusca afin qu’elle ne se perde pas en conjecture. La Minusca ne réussira pas si nous ne sommes pas impliqués.
7 – Beaucoup de voix se sont levées pour critiquer la gestion calamiteuse de l’exécutif de transition en commençant par le bilan non restitué d’André Nzapayéké le premier ministre sortant et la nomination de l’actuel Premier ministre Mahamat Kamoun qui a fait couler assez d’encre et salive. Qu’en dites-vous ?
Robert ENZA : Le gouvernement de N’zapayéké était un gouvernement de parents et de clan ethnique, profiteurs. Chacun se connaissait. Il était clair qu’un tel gouvernement ne puisse réussir. Nous avons été de ceux qui ont condamné la reconnaissance honorifique décernée à N’zapayéké à sa sortie pour confirmer son incompétence.
Mahamat Kamoun, lui également est mal parti. Son gouvernement aura beaucoup du mal à rassembler les opinions. Sa nomination reste sur une équation différentielle non résolue sur une ardoise noire.
8 – Quelles sont vos démarches auprès de la population centrafricaine meurtrie ?
Robert ENZA : USD-COMODES agit ni dans le but de faire le bien ou le mal, il agit dans le sens naturel des choses. Il ne vit pas sur des calculs électoraux. Son esprit est libre. Il n’est pas chargé des accessoires du donateur ni de l’acheteur des consciences et des âmes pauvres. USD-COMODES est heureux car il sait ce qu’il fait n’est pas artificiel, il n’a point besoin d’acheter la conscience des gens. Ce qu’il fait coule dans le sens du naturel, il ne force rien. USD-COMODES est heureux des circonstances propices aux vertus, de l’abandon, de l’ardeur aux mérites, séparé de tout orgueil et de la jalousie.
Ceux qui s’évertuent dans le but de faire le bien, et oublier la vraie raison qui les pousse à le faire, souffrent, car leur esprit n’est plus libre, leur esprit est chargé de pensée, de chagrin, ils sont obsédés par la crainte, la peur de tout perdre et de ne pas aboutir à leur but personnel, qu’est le pouvoir, le bonheur. « Ne rien forcer, ne rien vouloir, laisser les choses venir. Le bonheur vient tout seul » a dit un maître tibétien.
Ces candidats, au lieu de fondre dans la vacuité afin de trouver la plénitude, ils se perdent dans l’effort et la volonté. Ils seront surpris des résultats. Car ce peuple a changé et il a grandi, il n’est plus le même hier
9 – Comment voyez-vous aujourd’hui la justice centrafricaine ?
Robert ENZA : Elle est courbée et c’est depuis 40 ans qu’elle est courbée. Et elle ne va pas se redresser maintenant.
10 – Bientôt 2015, il y aura les élections. Quel message fort avez-vous pour le peuple centrafricain ?
Robert ENZA : Au sortir de cette crise, il nous faut un nouveau Etat ; que le sang versé de nos compatriotes pendant cette crise, soit une semence de l’unité et de la paix. Et le vrai choix c’est USD-COMODES, un parti acquis pour la conquête d’un espace économique et libéral.
Je vous remercie.