Des trois acteurs qui interviennent dans la résolution de la crise centrafricaine, il y a un fond unique qui les unit et les rend vulnérables vis-à-vis des moyens qu’ils emploient pour arrêter l’hémorragie. Un lot dans lequel se trouvent logés les acteurs politiques centrafricains notamment la cheffe de l’État, son premier ministre de prédilection et le président du parlement de transition qui allie légitimité et illégitimité; un second lot met en présence tous les acteurs externes que ce soit humanitaires ou politiques et un dernier espace, un véritable panier de crabes, réunissant les différents groupes armés.
A vrai dire, à force de contempler et de méditer les balivernes des Anti-Balaka tant à Bangui que dans le reste de la RCA, nous nous inventons dans notre imaginaire un Centrafrique possiblement sans ceux-là. La RCA pouvait mieux s’en sortir sans les Anti-Balaka et peut-être s’en sortirait mieux malgré les affres de Michel Djotodia et sa bande. Deux raisons expliquent cet état de chose, un véritable revirement dans l’approche et la conceptualisation du phénomène Anti-Balaka.
D’une part, sans même que les prétendus libérateurs du peuple ont commencé à faire le bruit de leur botte, des Centrafricains déjà courageux ont commencé à protester contre ce que l’histoire appelle la tragédie de la gouvernance de Michel Djotodia. L’occupation du tarmac de l’aéroport Bangui M’Poko par la population des contrées environnantes n’en est pas un exemple de moindre portée Au plan international, la machine humanitaire et même politique commençait déjà à s’activer au point que l’espace de vie du patron de la séléka ne se résumait qu’à la RCA et aux Etats de la sous-région qui ont pris fait et cause dans sa fourberie. Entre temps son premier ministre jouait presque tous les rôles même ceux dévolus au président d’un État, fut-il président d’une transition. Savait-il ça aussi?
D’autre part, il semble que l’homme blanc représente pour la séléka un être aux puissances surnaturelles. Même dans le maquis, il semble que cela était érigé en principe : « le Blanc, attention il mène une guerre scientifico-militaire. Attention à vous… ».
La prétention de la démonstration n’est pas de prouver coute que coute une population centrafricaine sans l’avènement des Anti-Balaka. En réalité, il va s’agir de comprendre objectivement le sens d’un principe dénué des conditions de sa définition. Évidemment, une règle de la logique proclame qu’une vérité n’est vérité que lorsqu’elle reste dans l’état de sa définition. Or, l’affirmation de l’héroisme des Anti-Balaka a cessé d’avoir effet depuis que ces derniers ne maitrisent plus État et « République Bananière », vol et acquisition normal d’un bien, revendication et réclamation etc.
En chassant l’anarchie, caractéristique première du régime séléka, une anarchie de second degré s’est installée avec cette fois, plus de rudesse et d’intensité.
Et par la force des choses et la magie de la théorie de la cohésion sociale et de la réconciliation, concepts inventés pour faire manger les plus érudits des organisations, des sociétés et des Etats, les deux ennemis redeviennent maintenant des amis. Un vrai accident puisque dans la profondeur, rien ne pouvait lier Séléka et Anti-Balaka. Une nouvelle cible est trouvée : la population.
Entre temps Samba-Panza et son pouvoir font de leur mieux pour donner sens à une gouvernance qui ne se distingue pas tant des autres gouvernements centrafricains.
Pourvu que les choses changent!
Mister