A quarante et huit heures de l’ouverture du Forum de Brazzaville, un fait qu’on ne peut qualifier de « divers » puisqu’il s’agit de mort d’homme, vient rappeler la triste réalité que vivent quotidiennement les Centrafricains et que certains veulent feindre d’ignorer. Il s’agit de l’assassinat au Pk 60 route de Boali d’un chauffeur de camion camerounais distancé du convoi sécurisé, par des bandits qui se disent anti-balakas. Interrogé au téléphone par Radio Ndéké Luka à propos de ce crime, un des porte-paroles des anti-balakas dénommé Emotion Brice Namsio se contente simplement de dire qu’il ne reconnaît pas comme anti-balakas les auteurs de cet homicide et que l’heure n’était plus à la vengeance. Les chauffeurs camerounais menacent d’entrer en grève et de ne plus convoyer les marchandises de la RCA de Douala à Bangui.
Les banguissois savent par ailleurs qu’il ne se passe pas de jour sans que des individus se présentant comme des anti-balakas n’arrachent de force moyennant usage de kalachnikov ou grenade, des véhicules à leurs malheureux propriétaires pour les conduire à leur base ou chez Edouard Ngaissona à Boy-Rabe avec qui il faut ensuite longuement parlementer pour avoir quelque chance de récupérer ledit véhicule moyennant évidemment gros bakchich.
Depuis sa prise de fonction, le patron de la MISCA, le général congolais Jean Marie Michel Mokoko n’a de cesse de qualifier les anti-balakas de « malfaiteurs », de « malfrats », « d’ennemis de la paix » , que la MISCA leur fera la guerre etc…que leur « coordonnateur national » Patrice Edouard Ngaissona, est un « fugitif », et voilà que du jour au lendemain, les mêmes anti-balakas sont brusquement devenus des interlocuteurs crédibles et respectables avec lesquels on peut et veut discuter pour les contraindre à aller à Brazzaville signer un accord de cessez-le-feu avec Séléka. Comment peut-on prendre au sérieux les responsables de la MISCA, donc de l’Union Africaine !
Faut-il rappeler tout en lui rendant hommage, que durant tout le temps qu’il a commandé l’opération Sangaris avant de passer dernièrement le relais au général Eric Bellot des minières, le général Francisco Soriano a toujours refusé le principe de leur cantonnement que les anti-balakas n’ont eu de cesse de réclamer, estimant avec raison qu’ils n’étaient que de vulgaires voyous et ne méritaient pas d’être pris au sérieux car ils ne représentaient rien du tout à ses yeux.
Ce n’est un secret pour personne que l’écrasante majorité des Centrafricains, sauf ceux qui ont des intérêts particuliers et des raisons personnelles pour s’y rendre, ne veulent pas du forum de Brazzaville. On est curieux de savoir comment a été présenté la situation actuelle de la RCA et qu’est ce qui a exactement été dit au président Denis Sassou Nguesso et aux autres chefs d’état de l’Afrique centrale à Malabo pour qu’ils acceptent le principe d’abriter à Brazzaville ce forum initialement présenté comme celui de la réconciliation des Centrafricains avant d’être qualifié seulement de première étape au véritable dialogue qui lui, doit se tenir à Bangui, lorsque l’initiative du forum de Brazzaville a immédiatement déclenché un tollé et une levée de boucliers chez les forces vives centrafricaines.
Abandonner la mission de désarmement pour laquelle le Conseil de sécurité des Nations Unies a initialement donné formellement mandat à la MISCA et à Sangaris pour juste se contenter de la signature d’un cessez-le-feu entre les principaux belligérants que sont Séléka et les anti-balakas, document dont tout le monde sait qu’il ne sera pas respecté à peine signé, est une grave dérobade de la communauté internationale que les Centrafricains qui en ont assez des tueries et crimes de guerre des uns et des autres, ne peuvent accepter.
La Rédaction