Depuis son éviction forcée de pouvoir à N’Djamena sans passer par la case Bangui, l’ancien putschiste-Président Michel Djotodia cultivait comme un Sakozy tropical un silence qui se voulait calculé, sans doute afin de susciter le “désir par l’absence”.
Et le voilà qui s’exprime samedi dans les éditions du groupe de media de l’Est de la France incluant, “l’Est Républicain”, “L’Alsace”, “DNA”, etc…, dans une interview par téléphone, dit-on obtenue de haute lutte par Sébastien Michaux, journaliste à l’Est Républicain.
DJOTODIA : « J’AI LE DROIT DE REVENIR AU POUVOIR »
Interview courte, mais très significative, avec des mots calculés, ciblés et mesurés.
Exilé au Bénin où l’on pensait qu’il y coulait des jours heureux, l’homme estime qu’il a été « chassé du pouvoir injustement » et même, demande « réparation ».
S’estimant être « le seul à respecter tous les engagements politiques lors de la transition », et tel Madame de Pompadour s’adressant à son amant Louis XV, lors de la défaite française contre les prussiens en 1757 à Rossbach : “Après nous, le déluge !”, il déclare qu’après son départ, seul « le chaos s’est installé ».
Quelques extraits…
« Mon retour se fera, et par des moyens pacifiques, au moment opportun, en accord avec la communauté internationale, afin de favoriser la paix et de rassembler le peuple centrafricain. »
« Je considère que j’ai été mal compris. On m’a fait partir du pouvoir injustement, il devrait y avoir réparation, ce n’est que justice. Il faut reconnaître que j’ai été le seul à respecter tous les engagements politiques de la transition. J’ai posé des actes appréciés de tous. Entre autres j’ai réhabilité des compatriotes lésés par l’ancien régime (militaires, magistrats…). Cela peut se vérifier, je suis centrafricain, et j’ai le droit de revenir au pouvoir. Certains esprits chagrins ont fait campagne contre moi en France et ailleurs. Le résultat de tout ça, c’est qu’ils ont trompé le peuple français. »
« Je n’ai pas échoué. Le bilan que je fais de mon court mandat est globalement positif. Si on m’avait laissé le temps, j’aurais pu réussir à ramener la paix et la concorde nationale à travers le pays. Au moment où je vous parle, si on organisait un référendum d’autodétermination dans le nord-est du pays le « oui » à la partition l’emporterait. Donc pour la paix, j’ai démissionné, pour la paix, je demande pardon aux Centrafricains et les invite à m’accorder une seconde chance… »
« Après moi, chacun a pu se rendre compte de la réalité des choses : massacre des populations civiles, pillage des commerces et destruction des propriétés privées (…) Force est de constater qu’après mon départ, un chaos s’est installé. Mon retour au pouvoir pourra faciliter la paix entre les deux communautés, car j’ai la capacité de rassembler le peuple centrafricain. Je l’ai prouvé dans la formation de mon gouvernement et de mon cabinet (…) Beaucoup d’investisseurs me font confiance attendent mon retour pour investir massivement dans le pays. »
Michel Djotodia qui cultive la mémoire sélective a tout simplement zappé dans son show téléphonique de parler du cancer Séléka qu’il dirigeait, et qui, depuis décembre 2012 a plongé la Centrafrique dans des bains de sang quasi quotidien, et dans une crise profonde dont personne n’en voit le bout.
Depuis, n’étant étrangement nullement visé par aucune enquête judiciaire pour crimes contre l’humanité, l’homme se sent pousser des ailes, et ose réclamer ce qui manifestement doit être son dû : LE POUVOIR !