La mesure expire dans 48 heures et le mouvement rebelle annonce, par la même occasion, la suspension de sa participation au gouvernement de transition
La milice à majorité chrétienne Anti-Balaka a décidé la suspension de sa participation au Gouvernement de transition centrafricaine en sommant ses deux ministres de démissionner dans un délai de 72 heures, a déclaré la milice dans un communiqué rendu public ce lundi, 6 octobre. «Devant la gravité d’une telle situation, la Coordination nationale des opérations du groupe d’auto-défense et de résistance populaire donne 72 heures aux ministres Anti-Balaka de se retirer immédiatement du Gouvernement» précise le communiqué, suite à une réunion extraordinaire tenue dimanche soir. «Passé ce délai, le ministre qui se réclamerait d’une quelconque solidarité gouvernementale, ou de devoir de service, sera considéré non seulement comme l’ennemi du peuple, mais traité comme tel» a poursuivi la coordination des Anti-Balaka.
Selon le communiqué, cette décision a été motivée par «les violations répétées des accords de Brazzaville par le gouvernement ; faisant état de nombreuses tueries, des séquestrations et arrestations arbitraires opérées par les soldats Français, Burundais, Camerounais, Congolais et Rwandais, dans les rangs des présumés Anti-Balaka» selon le communiqué qui cite différents rapports émanant, notamment, d’ONG des droits de l’homme. En outre, «les traitements infligés aux leaders Anti-balaka arrêtés par Sangaris le mois dernier et détenu à la prison centrale de Ngaragba» à Bangui justifierait également cette décision extrême. «Il ressort de ses mêmes sources, que des traitements inhumains, des empoisonnements aux substances toxiques ont été pratiqués par les soldats Français et Burundais aux Anti-Balaka, actuellement détenus à la maison d’arrêt de Bangui sur instruction des autorités de la transition et des autorités Françaises» poursuit le communiqué.
Aucune réaction n’a été enregistrée auprès du Gouvernement centrafricain, de Sangaris ni de la MINUSCA (force onusienne), jusqu’à 14H00 GMT, ce lundi. Le groupe d’auto-défense à dominante chrétienne est représenté, au sein du gouvernement de Mahamat Kamoun, par deux ministres à savoir; Romaric Vomitiadé, ministre du tourisme, des Arts et de la culture de l’artisanat et Robert Namseneï de l’Environnement, de l’écologie et du développement durable, ainsi que du capitaine Joachim Kokaké, conseiller à la Primature. «Nous suspendons notre participation à la gestion de la transition. Les deux ministres ainsi que moi-même ici à la Primature, devons cesser nos activités. Nous demandons aussi la démission du Chef de l’Etat. Toutefois, nous confions cette affaire à la sagesse du Médiateur international dans la crise centrafricaine, le Président Dénis Sassou Nguesso du Congo,» a déclaré Joachim Kokaté à Anadolu. La réaction de deux ministres n’a pu être directement obtenue jusqu’à 14H00 GMT.
Le coordinateur général des anti-balaka Edouard Patrice Ngaïssona a également sommé, lundi matin, dans un point de presse la présidente de transition, Catherine Samba Panza de démissionner, en invoquant son "échec" à ramener la stabilité en Centrafrique. «Les autorités de la transition n’ont pas l’intention de ramener la paix malgré le concours des patriotes Anti-balaka qu’ils balaient toujours d’un revers de la main. C’est pourquoi, nous donnons 48 heures à la Présidente pour démissionner» a déclaré Ngaïssona.