La coordination des anti-balaka, milices centrafricaines à dominante chrétienne, ont demandé à leurs représentants de quitter le gouvernement et réclament la démission de la présidente de transition Catherine Samba Panza, a déclaré lundi l'un de leurs chefs à l'AFP.
"La coordination du mouvement anti-balaka estime que les autorités de transition n'inspirent plus confiance et demande aux personnalités représentant les anti-balaka au gouvernement et au cabinet du Premier ministre de démissionner", a indiqué le coordonnateur national des anti-balaka, Patrice Edouard Ngaissona, au lendemain d'une assemblée générale à Bangui.
"Nous pensons que Mme Catherine Samba Panza n'est plus à la hauteur des attentes du peuple centrafricain. Le mouvement anti-balaka lui donne 48 heures pour quitter ses fonctions", a-t-il ajouté, sans préciser ce qu'il se passerait au-delà de cet ultimatum.
Le gouvernement d'ouverture formé fin août en Centrafrique intègre des représentants de la société civile, des partis politiques, mais aussi des groupes armés, dont deux ministres proches des anti-balaka, qui détiennent les portefeuilles du Tourisme et de l'Environnement.
"Depuis plusieurs mois nous avons prôné la paix, mais les autorités de la transition n'ont pas la vocation d'aller rapidement a la fin de la transition", selon Patrice Edouard Ngaissona.
Autre motif d'inquiétude, selon le chef des anti-balaka: "Le détournement du don angolais" ainsi que "la demande de la présidente au gouvernement du Tchad pour que des troupes tchadiennes viennent assurer sa sécurité" personnelle.
"Nous pensons que tout cela n'est pas de nature a favoriser la paix", a-t-il conclu.
La présidente de la transition centrafricaine, Mme Samba Panza, a nié la semaine dernière avoir détourné de l'argent, après des révélations du magazine Jeune Afrique du 29 septembre, évoquant la gestion "pour le moins opaque" d'un don de 10 millions de dollars en liquide accordé par l'Angola.
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2014, la présidente de transition peine à rétablir l'autorité de l'Etat et à pacifier le pays, plongé dans une crise humanitaire sans précédent.
La crise en cours en Centrafrique est née du renversement en mars 2013 du régime de François Bozizé par la rébellion Séléka, à dominante musulmane dans un pays majoritairement chrétien. S'en est suivi un cycle infernal de représailles et de contre-représailles entre combattants Séléka et miliciens anti-balaka.
Ces groupes armés ont commis d'innombrables exactions contre la population, faisant plusieurs milliers de morts et des dizaines de milliers de déplacés.