Une nouvelle tentative de réconciliation nationale pour ramener la paix en Centrafrique en proie aux violences de milices rivales s’ouvre lundi à Brazzaville mais ses chance d’aboutir paraissent minces.
Le président congolais Denis Sassou Nguesso, médiateur des pays de la région pour la crise centrafricaine, doit donner le coup d’envoi de ce "Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique" à 10h00 (09h00 GMT) au Palais des congrès.
Selon le groupe de contact international sur la Centrafrique (une trentaine de pays ou organisations internationales) à l’origine de cette rencontre, la réunion doit durer trois jours et s’achever mercredi par un engagement à cesser "toutes les violences" et la signature d’un "accord de cessation des hostilités, du désarmement des groupes armés et d’un nouveau cadre politique de la transition".
Pourrait alors suivre, dans quelques semaines, et si les armes se taisent pour de bon, un dialogue inter-centrafricain dans le pays et dans les camps de réfugiés, avant un éventuel forum national de réconciliation et de reconstruction en octobre à Bangui.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion Séléka, la Centrafrique est plongée dans le chaos.Les violences intercommunautaires quasi-quotidiennes ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Les ex-rebelles Séléka, majoritairement musulmans, et les milices anti-balaka (majoritairement chrétiennes) s’affrontent dans un cycle meurtrier et sanglant d’attaques et de représailles dont les civils sont les premières victimes.
- Divisions -
A Brazzaville, les autorités congolaises attendent près de 170 représentants centrafricains : membres du gouvernement et du parlement de transition, des groupes armés, des partis politiques et de la société civile.
Mais à moins de deux heures de l’ouverture de la rencontre, la liste exacte des participants n’était toujours pas connue.
Du côté de la Séléka et des anti-balaka, les divisions internes ont compliqué le choix d’un interlocuteur assez représentatif et influent pour engager un processus de paix solide.
La classe politique et la "société civile", elles, se sont divisées sur l’opportunité d’aller à Brazzaville, certains réclamant que la réunion se tienne à Bangui.
Cette question de la représentativité et le peu de temps prévu pour la rencontre risquent "de peser sur sa réussite et sur la mise en oeuvre des décisions qui y seront prises", estime Thierry Vircoulon, directeur du programme Afrique centrale du cercle de réflexion International Crisis Group.
Plusieurs partis politiques et chefs religieux centrafricains - toutes confessions confondues - ont déjà annoncé leur refus de se rendre à Brazzaville, jugeant plus opportun d’organiser le forum dans leur pays.
L’interventionnisme des pays de la région pour tenter de régler la crise est mal vécu, qu’il s’agisse du Gabon ou du Tchad, qui ont abrité des sommets n’ayant rien arrangé, ou encore du Congo.
Arrivée dimanche à Brazzaville, la présidente de transition de la Centrafrique, Catherine Samba Panza, qui jusqu’ici a été cantonnée dans un rôle de figurante, a estimé que le Forum était une "étape importante [...] pour qu’ensemble on décide de la cessation des hostilités et des violences".
En dépit du déploiement d’une force africaine (Misca) et française (opération Sangaris), la Centrafrique, ancienne colonie française riche en uranium et en diamants reste livrée aux violences et aux pillages et traverse une grave crise humanitaire.