Il vient de naître dans le paysage politique centrafricain un mouvement politique dénommé le Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de Centrafrique, en abrégé RPRC. Pour en savoir davantage, la Rédaction de l’Agence Centrafrique Presse (ACAP), assistée de la rédaction du journal privé « L’Hirondelle », s’est rapprochée du leader numéro un de ce mouvement, l’ancien ministre d’Etat d’Etat Herbert-Gotran Djono-Ahaba, partisan de la non-partition de la République Centrafricaine, de l’unité et de la paix. Interview exclusive.
Agence Centrafrique Presse (ACAP) : Monsieur le Ministre d’Etat, quelle est la motivation qui justifie la création du Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de Centrafrique (RPRC) dont vous êtes le leader ?
Herbert-Gotran Djono-Ahaba (HGDA) : Je vous remercie. Vous conviendrez avec moi que la crise que notre pays a traversée et continue d’ailleurs de traverser a atteint un seuil sans précédent. L’unité nationale a été mise en péril. Il y avait la partition de faite. La haine et le rejet de l’autre se sont répandus au sein de nos communautés, au détriment du vivre ensemble. Devant de telles menaces, j’ai découvert que faire de la politique doit se rapporter à une vision et à une idéologie axée sur un projet de société crédible, visant à défendre l’intérêt du peuple. C’est dans cet esprit que j’ai décidé, avec certains compatriotes, de lancer sur l’échiquier politique le « Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de Centrafrique ».
Le slogan de ce mouvement est simple : « Non à la conquête du pouvoir par la force » ; « Non à la confiscation du pouvoir par les armes au détriment du peuple » et « Non à la partition de la République Centrafricaine ».
Notre objectif : la sauvegarde de l’unité nationale qui est une vision qui transparaît clairement dans les différents préambules de la Constitution de notre pays la République Centrafricaine, une et indivisible.
Pour faire passer notre conviction, nous avons entamé la sensibilisation des forces vives de la nation parmi laquelle les jeunes, les leaders politiques, les femmes, etc.
Vous conviendrez avec moi que la paix ne se décrète pas. C’est un comportement. Pour que le vivre ensemble soit possible, il faut que les uns et les autres, quelle que soit leur obédience, se serrent les coudent afin de sauvegarder notre unité nationale. Notre pays est doté d’immenses potentialités naturelles. Il suffit de nous mettre ensemble pour tourner la page sombre de notre histoire et nous orienter résolument vers l’émergence de notre pays.
Pour l’heure, notre bataille commence à porter ses fruits. En témoigne l’accalmie générale dans le pays. A Bambari par exemple, les combattants de l’ex-coalition Séléka qui s’y trouvent, sous le commandement du général Joseph Zoundeiko, ont donné le signal fort. Ils se sont réconciliés avec les anti-balaka, grâce à notre intervention.
ACAP : A priori, vous semblez être en désaccord avec les vôtres. Pendant que vous signez l’accord de DDRR en marge du Forum national de Bangui, le général Joseph Zoundéko, lui, a émis un autre son de cloche...
HGDA : Il s’agit-là d’une incompréhension. Mais en quelques temps, le général Zoundéko a été ramené à la raison. Il s’en est suivi la réconciliation entre les ex-Séléka et les anti-balaka. Et le général Zoundéko est l’un des acteurs de cette volonté.
Au sujet de l’Accord du DDRR, au sortir du Forum national de Bangui, en ma qualité de leader, je devrais ramer dans le sens de la paix. Raison pour laquelle, j’ai fais partie des premières personnalités à parapher le document y relatif, pour l’intérêt national.
ACAP : Est-ce que le RPRC serait de l’aile ‘Goula’ de la Séléka, si oui, est-ce que vous avez la maîtrise de vos effectifs ?
Avec une vision pour la République, Goula ou Rounga, j’ignore en ma qualité de Centrafricain. Je suis au-dessus de la mêlée.
Le RPRC a été créée à Bria dans la Préfecture de la Haute Kotto, du 21 au 23 novembre 2014. Séance tenante, il a été mis en place son bureau politique. Etaient présents à cette assemblée générale les délégués provenant de toute part de la République Centrafricaine. Cet évènement a été pour beaucoup dans l’accalmie que le pays a connue.
S’agissant de la maîtrise des éléments sur le terrain, je ne peux pas le nier. Je les maîtrise. C’est pourquoi, avec ces éléments, nous avons pris part de manière active aux consultations populaires à la base, à la commission préparatoire du Forum ainsi qu’au Forum national de Bangui, du 4 au 11 mai dernier. Je me réjouis des contributions que nous avons apportées à cet évènement national. La cerise sur le gâteau est que je suis membre du comité de suivi.
ACAP : Quelle est votre vision du DDRR, sachant que parmi les-ex-Séléka, il existe un bon nombre de mercenaires ?
HGDA : Dans le signe DDRR, le dernier « R » fait bien allusion au rapatriement, sous entendu des mercenaires. Avec les travaux du pré-DDRR qui sont en train d’être menés, en commun accord entre le gouvernement, la MINUSCA et les groupes armés, les uns et les autres sauront où se mettre.
ACAP : M. Djono, avez-vous une ambition présidentielle avec le RPRC ?
HGDA : Il s’agit-là d’une préoccupation prématurée pour l’instant. La priorité, à l’heure actuelle, est de participer à la pacification du pays et restaurer l’autorité de l’Etat. Lorsque les conditions seront réunies, nous pourrions débattre de cette question, en prélude à des élections crédibles, transparentes et acceptées par tous.
ACAP : La dernière ligne droite du processus de la transition en cours étant les élections, quelles sont, selon vous, les conditions requises pour la réussite de cet exercice ?
HGDA : Il est impérieux que l’Autorité nationale des élections (ANE), les autorités de la transition, le Groupe International de Contact (GIC), la médiation internationale dans le crise centrafricaine ainsi que les organisations sous régionales, CEEAC et CEMAC, harmonisent leur point de vue aux fins de déterminer un calendrier électoral clair et réaliste. Et ce, tout en mobilisant les ressources financières nécessaires à mobiliser, ainsi que le matériel électoral. Cela permettra aux uns et aux autres de se préparer. Nous ne devons pas continuer à tergiverser autour de l’essentiel.
ACAP : Monsieur, Herbert Gotran Djono Ahaba, nous vous remercions.
Jeudi 18 Juin 2015
Alain Patrick MAMADOU/ACAP