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Centrafrique : le salut du peuple ne viendra que par le peuple
Publié le dimanche 12 octobre 2014  |  Centrafrique Libre
Patrouille
© AFP par PACOME PABAMDJI
Patrouille des soldats des Nations Unies MINUSCA suite aux violences
Mercredi 8 octobre 2014. Bangui
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Chères autorités, juste avant le débarquement des casques bleus à Bangui avant leur déploiement progressif dans nos provinces, une crise politique s’est installée au sommet de l’Etat, s’ajoutant ainsi au chaos sécuritaire et humanitaire qui frappe notre pays depuis l’avènement de la seleka sur nos terres et de son corolaire, les antibalakas.

La trahison

Au début du mois d’aout, à la recherche d’un nouveau premier ministre de transition sans oublier le pilotage à vue qui s’avère être votre méthode de travail, le pays était resté paralysé pendant des semaines. D’ailleurs depuis la nomination de ce gouvernement, la situation n’a point évolué. Je n’ose plus vous poser une ribambelle de questions sur votre feuille de route, mes onze interrogations du 30 septembre 2014 à votre égard demeurant sans suite, je préfère vous en épargner cette fois-ci.

Ceci étant, par vos approches approximatives non suffisamment réfléchies à l’avance, vous avez trahi le PEUPLE en essayant de soudoyer les milices avec des dollars venus d’ailleurs. Car vous ne cessez de vanter les mérites d’avoir usé de ces fonds pour convaincre les uns et les autres à se rendre au Forum de Brazzaville. Vous êtes sans ignorer que ce genre de stratégie n’aboutit jamais à des résultats probants, et ce, dans n’importe quel pays. La posture adéquate aurait été de perdre 100 vies one shot et recouvrer la paix une bonne fois que d’en perdre 10 par jour pendant 600 jours sans aucun résultat final. La PAIX ne s’achète jamais, elle s’arrache par la GUERRE mais il s’agit-là d’une guerre positive pour délivrer un PEUPLE à l’agonie. Aussi, nous savons tous qu’on ne négocie pas avec un terroriste. Le fait d’octroyer des fonds à une rébellion permet juste de renforcer ses positions et rien d’autre ! Au lieu de faire pression sur ces bannis de guerre venus des trois frontières qui ont infecté notre pays, vous avez opté délibérément de traiter avec le diable en le tirant par la queue.

L’indifférence totale des autorités face aux violences

À ce jour, nous sommes inlassablement au point de départ, plongés dans un coma profond depuis le 24 mars 2013, à croire que le sablier s’est positionné à l’horizontal figé sur l’espace temporel des exactions pour le pauvre CENTRAFRICAIN. Déjà 96 heures que la Capitale, Bangui, vit l’enfer et pleure ses enfants dans un mutisme inouï de l’Exécutif devenu par la même occasion aphone, aveugle et étourdi sous l’effet des dollars empoisonnés. Aussi, le comportement de la MINUSCA n’est pas exempt de tout reproche, ses hommes engagés sur notre territoire sous mandat des Nations Unies (RES.2149) ont assisté impuissamment aux massacres du PEUPLE sans bouger le petit doigt, pourtant leur mission est bien claire, la protection de la population civile en fait évidemment partie.

Chères autorités, il est de votre devoir, en tant que Responsables d’une part et par sens de PATRIOTISME (s’il est toujours présent en vous) d’autre part, d’exiger des casques bleus présents sur le territoire centrafricain l’application stricte des termes du cahier des charges défini par les Nations Unies. Hélas, eu égard de votre bilan plat, vous relayez de facto LE BIEN ETRE DU PEUPLE en arrière plan privilégiant votre propre personne et vos proches. Pendant ce temps, la classe politique, à défaut de constituer une union sacrée, un cartel fort, préfère admirer son nombril tout en exhibant une apathie et une adynamie flagrantes.

Les différentes missions de l’ONU sur le terrain, quel bénéfice escompté ?

Chers COMPATRIOTES, il n’y a plus de doute nous sommes délaissés de toute part et abandonnés à notre propre sort. Tout porte à croire que la MINUSCA a comme postulat de base « risque zéro » d’où son désaffection face aux évènements de KM5 et de Gobogo. Ayant à l’esprit qu’elle est présente chez nous pas pour nos beaux yeux mais plutôt pour la beauté de notre sous-sol, et cette mission sera longue, le temps d’extraire au maximum les matières premières. Regardons juste au tour de nous :

- FINUL présente au Liban depuis mars 1978,
- MINUSRO au Sahara occidental depuis avril 1991,
- MONUSCO au Congo Démocratique depuis juillet 1999 (requalifiée en 2010), forte de 25000 hommes ! et le conflit perdure. Pourquoi ?
- MINUL au Libéria depuis septembre 2003,
- ONUCI en Côte d’Ivoire depuis avril 2004,
- MINUAD au Darfour depuis juillet 2007,
- MANURSS au Soudan du Sud depuis juillet 2010,
- MINUSMA au Mali depuis mars 2013

Les autorités actuelles refusant d’agir positivement pour leur PEUPLE, s’inscrivent naturellement dans la lignée du plan machiavélique initié par la coalition seleka déchue le 9 janvier 2014.

Le silence des hommes politiques inquiète le peuple.

Quant à nos hommes politiques, leur silence pesant s’apparente à une complicité sans faille, ils attendent avec impatience les élections générales pour pérenniser les vieilles pratiques de leur prédécesseur en toute impunité.

Pour nos militaires FACA, toujours démunis de leur outil de travail, l’embargo qui pèse sur eux est une idée saugrenue dont les effets néfastes sont palpables aujourd’hui. Un pays complètement sans défense, vulnérable à tout point de vue. Nous ne pouvons éradiquer cette crise sans l’appui de nos FACA qui doivent être réarmés, restructurés. Oui, j’insiste !

Chers compatriotes d’ici et d’ailleurs, que vous soyez deux ou trois unissez-vous, acceptez-vous avec vos défauts et vos qualités, organisez-vous efficacement pour combattre le mal qui gangrène notre pays, qui tue le PEUPLE à petit feu, pour qu’in fine nous ne cédions plus la place aux égoïstes assoiffés de pouvoir qui dirigent ce PAYS.

LE SALUT DU PEUPLE NE VIENDRA QUE PAR LE PEUPLE !

Fait à Paris, le 11 octobre 2014

Maxime Nana
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